30 mai 2009
Les tests portent sur des bébés, principales victimes d'une épidémie qui fait de un à trois millions de morts par an.
Un essai international à grande échelle avec un candidat vaccin contre le paludisme a démarré, mardi 26 mai à Bagamoyo (Tanzanie). Il évaluera chez 16 000 enfants et nourrissons l'efficacité du vaccin expérimental " RTS, S ", mis au point par le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK) Biologicals, avec lequel des résultats encourageants ont été obtenus (Le Monde du 10 décembre 2008).
Financé par l'Initiative pour un vaccin contre le paludisme (en anglais " MVI "), l'essai est dirigé en Tanzanie par le docteur Salim Abdulla, du Centre de recherche et de formation Bagamoyo de l'Institut de santé d'Ifakara. Au total, onze sites participeront à cet essai international. Outre la Tanzanie, l'essai démarrera dans les mois à venir au Burkina Faso, Gabon, Ghana, Kenya, Malawi et Mozambique. Le suivi des enfants participants durera deux ans.
Le paludisme tue entre un et trois millions de personnes chaque année dans le monde. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu'un enfant en meurt toutes les 30 secondes, principalement en Afrique. Des progrès ont été accomplis dans la lutte contre la maladie et sa transmission, grâce aux nouvelles combinaisons de médicaments à base d'artémisinine, aux moustiquaires imprégnées d'insecticide et aux pulvérisations intradomiciliaires d'insecticide. Cependant, l'absence d'un vaccin se fait lourdement sentir.
Parmi les candidats vaccins expérimentés, le RTS, S est à la fois le plus avancé dans les étapes de validation et le plus soutenu financièrement, puisque MVI, lancée par l'organisation humanitaire américaine PATH, bénéficie depuis l'origine du soutien de la Fondation Bill et Melinda Gates.
" Nous espérons confirmer le niveau d'efficacité constaté dans les précédents essais, qui était de 53 % sur les formes cliniques chez les enfants âgés de 5 à 17 mois, ainsi que la diminution du nombre de cas de paludisme sévère et l'impact général du vaccin sur la santé et le nombre d'hospitalisations ", déclare le docteur Christian Loucq, directeur de MVI.
Le RTS, S représente plus de vingt ans de recherche et développement pour GSK Biologicals, implanté en Belgique où le vaccin est fabriqué. " Je ressens beaucoup d'excitation et d'humilité en pensant que ce vaccin pourrait sauver des centaines de milliers de vie. Il est le seul qui se soit révélé efficace chez des enfants et il cible une étape très précoce dans le cycle du parasite responsable du paludisme. Ce serait le premier vaccin humain contre un parasite ", confie Joe Cohen, l'un des " pères " du candidat vaccin chez GSK Biologicals.
Les promoteurs de l'essai insistent sur le fait qu'il sera conduit en accord avec les règles de bonnes pratiques édictées internationalement et que les parents des enfants participants auront accordé leur consentement éclairé. " Nous espérons disposer de premiers résultats après douze à dix-huit mois de suivi. Nous soumettrons alors le produit à l'Agence européenne du médicament pour avis scientifique puis, si l'avis est favorable, à l'OMS pour la procédure de préqualification. Si l'OMS donne son feu vert, alors, le vaccin pourra être acheté par l'Unicef et être financé par la Global Alliance for Vaccines Initiative - GAVI, " Initiative Alliance mondiale pour les vaccins - ", précise le docteur Loucq.
Paul Benkimoun
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