30/06/2009

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Le Fonds Danone pour la Nature lance un projet au Sénégal

Engagé depuis 10 ans avec l'UICN dans le cadre de la Convention Ramsar sur la protection des zones humides, Danone a lancé en octobre dernier un nouveau fonds pour soutenir des projets combinant la gestion des ressources en eau et la captation du CO2 dans les zones humides. Le premier est mis en œuvre actuellement au Sénégal.

Capitaliser sur le rôle des écosystèmes humides, en particulier des mangroves, dans la séquestration du carbone : c’est l’objectif que poursuivent Danone, l’UICN et les experts de la Convention Ramsar. Les actions de restauration de ces zones humides et de capture du CO2 devraient en effet permettre au groupe d’atteindre ses objectifs de réduction – diviser par 2 ses émissions de CO2 entre 2000 et 2011-. Représentant 6% des surfaces émergées, les zones humides fixent 25% du carbone de la planète, d’où l’idée de créer un système similaire à celui du « Mécanisme de développement propre » instauré par le protocole de Kyoto, permettant aux entreprises de compenser leurs émissions.
Si Danone n’appartient pas à un secteur d’activité soumis à Kyoto et aux quotas de C02, le groupe veut néanmoins explorer une voie lui permettant d’atteindre la neutralité carbone pour ses marques d’eau et de produits laitiers. Par le biais de la réduction à la source de ses émissions, avec un objectif de moins 30% en 2012, et par la compensation des 70% restants (soit 200 000 tonnes de Co2) via son Fonds pour la Nature, qui développe le projet de restauration d’une zone humide au Sénégal, avec pour objectif de faire reconnaître à terme la « valeur carbone » des zones humides. « Il ne s’agit pas de finance carbone ni de spéculation financière sur ce marché, tient à préciser Bernard Giraud. Les experts de l’UICN et de Ramsar vont déterminer une méthodologie et un standard pour évaluer le carbone séquestré par les mangroves que nous restaurons. Aucun calcul n’a été fait jusqu’ici, c’est un projet qui innove et qui apporte aussi des retombées positives pour la population locale ».

Doté de 4 millions d’euros pour commencer, le Fonds va également permettre de faire évaluer par un expert de l’UICN les services économiques et sociaux rendus par les mangroves en matière d’alimentation, de santé, de pêche et de cultures. L’ONG apporte son expertise dans plusieurs domaines (écologie, juridique, sociétal…) pour assurer la mise en œuvre du projet. Actuellement, 400 villages de la région de la Casamance et du delta du Saloum participent, avec l'Oceanium, une association locale, à la replantation des mangroves, soit 25 millions de palétuviers sur 5000 hectares… Pour les experts de la convention Ramsar, il s’agit là d’un programme pilote inédit, qui devrait ensuite être élargi à la protection d’autres zones humides.
La Convention, signée en 1971, couvre aujourd’hui 1700 sites choisis pour leur importance notamment à travers la production halieutique et agricole. Marécages, deltas, mangroves, prairies d’altitude et tourbières jouent non seulement un rôle considérable dans les changements climatiques mais apportent également des services écologiques en fournissant 25% des ressources alimentaires, en purifiant les eaux et en jouant un rôle de protection contre les catastrophes naturelles qui touchent les zones cotières. Pour enrayer la disparition de ces écosystèmes fragiles, la Convention de Ramsar demande aux Etats signataires de conserver les zones humides se trouvant sur leur territoire, et plus spécialement, celles figurant sur la "Liste des zones humides d'importance internationale".

Véronique Smée
Mis en ligne le : 30/06/2009
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29/06/2009

Le monde en récession néglige la crise alimentaire


30 juin 2009
Le G8, du 8 au 10juillet, doit aborder la question agricole Les promesses de relance des investissements n'ont pas été tenues Un an après les "émeutes de la faim", les prix ont baissé mais les marchés restent vulnérables à la spéculation









Au sommet du G8 de L'Aquila, du 8 au 10juillet en Italie, la sécurité alimentaire sera une nouvelle fois au menu. Mais le sujet sera-t-il enfin pris au sérieux?

"De sommet en sommet, on assiste à de grandes déclarations sur la faim, et on lance des promesses de don. Mais il n'y a ni suivi ni sanctions", déplore Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation.

Il y a un an, du 3 au 6juin 2008, une "conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale" s'était tenue au siège de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome, réunissant quarante-deux chefs d'Etat et de gouvernement. 22milliards de dollars d'aides avaient été promis. La déclaration finale jugeait"urgent" d'aider les pays en développement et en transition à investir davantage et à développer leur production agricole et alimentaire. Mais seulement 2,5milliards de dollars (1,8milliard d'euros) ont effectivement été versés aujourd'hui.

Une partie des promesses étaient certes échelonnées sur cinq ans, d'autres sans précisions. Mais beaucoup d'engagements sont restés en suspens, la crise financière prenant le dessus. Il aurait pourtant suffi de moins d'un centième des sommes consacrées aux plans de relance et de sauvetage bancaire...

" Ce qui est important aujourd'hui, c'est de réaliser que le temps des paroles est désormais révolu ", a dit Jacques Diouf, directeur général de la FAO, début juin à propos de la crise alimentaire au Forum mondial des céréales à Saint-Pétersbourg. Ses mots sont le signe que très peu de décisions concrètes ont été prises pour relancer l'agriculture des pays pauvres ou mieux réguler les marchés.

Les prix agricoles se sont repliés à la suite de bonnes récoltes et les " émeutes de la faim " se sont éloignées. Mais la crise économique frappe encore plus durement. Le chiffre de 1milliard de personnes souffrant de la faim devrait être dépassé cette année, selon la FAO.

En dépit des bonnes intentions affichées, l'agriculture peine à redevenir une priorité. La part de l'aide publique au développement qui lui est consacrée a été divisée par plus de cinq en vingt-cinq ans, passant de 18,1% en 1979 à 3,5% en 2004, rappelaient des coalitions italiennes d'ONG et le CCFD Terre solidaire en avril, à l'occasion de la réunion des ministres de l'agriculture du G8. Ces organisations appelaient à retrouver le niveau d'il y a trente ans.

La question agricole dépend de trois agences de l'ONU - Programme alimentaire mondial (PAM), FAO et Fonds international pour le développement agricole -, ainsi que de l'Organisation mondiale du commerce, ce qui ne facilite pas son pilotage.

De plus, les Etats peinent à dépasser leurs intérêts divergents. En pleine crise, en 2008, ils n'avaient pu s'entendre sur des questions-clés comme les biocarburants, ou les subventions agricoles du Nord qui déstructurent les agricultures familiales du Sud. Depuis, le débat n'a pas avancé. Tout juste y a-t-il eu consensus sur les erreurs du passé, avec la dénonciation de la dépendance croissante des pays en développement envers les marchés agricoles mondiaux.

A la suite des politiques structurelles dictées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international dans les années1980 et 1990, les pays en développement ont délaissé les productions vivrières pour la culture et l'exportation de coton, de café ou d'autres produits tropicaux, et ont subi de plein fouet, vingt ans après, la flambée des cours des produits alimentaires. Tout le monde s'accorde donc sur la nécessité de soutenir l'agriculture paysanne... sans s'en donner pourtant les moyens.

D'autres sujets majeurs continuent à faire débat, tels que la libéralisation des échanges ou la régulation des marchés. Sur ce point, la crise financière a donné l'espoir que la réflexion s'engagerait. Le sujet devrait être évoqué à L'Aquila. Mais rien ne dit qu'il avancera réellement. "Des scénarios sont proposés, la volonté politique doit suivre désormais", martèle M.De Schutter.

MIEUX RéGULER LES MARCHéS

Une proposition faite par l'institut de recherche International Food Policy Research Institute (IFPRI) à New York, avec l'économiste en chef de la Banque mondiale Justin Lin, évoque ainsi trois lignes de défense face à une flambée des prix alimentaires comme celle de 2008: d'une part, une réserve alimentaire d'urgence, indépendante, pourrait être créée et confiée au PAM.

Ensuite, un système international de stocks publics de céréales, sous les auspices de l'ONU, pourrait être mis en place afin d'alimenter le marché en cas de déséquilibre.

Enfin, les pays participants s'engageraient aussi sur la constitution d'une réserve financière permettant d'intervenir sur les marchés dérivés agricoles en cas de flambée des prix due à la spéculation.

Les auteurs de ces propositions soulignent qu'elles complèteraient les autres réformes nécessaires des marchés agricoles: éviter les interdictions d'exportations auxquelles ont eu recours certains pays en 2008, mieux réguler les marchés physiques et les marchés dérivés. Mais beaucoup reste à faire: un rapport d'enquête bipartisan du Sénat américain publié mercredi 24juin et intitulé "Spéculation excessive sur le marché" du blé recommande de mieux cadrer les activités des fonds investissant sur les indices de matières premières.

Mais au final, très peu de réformes et d'actions ont déjà été engagées, alors qu'il est urgent d'agir. "Ce que nous avons vécu en 2008 doit être pris comme une alarme", rappelle Abdolreza Abbassian, économiste à la FAO. Début juin, l'agence a annoncé que si "les disponibilités alimentaires mondiales apparaissent moins vulnérables aux chocs qu'elles ne l'étaient l'an dernier", il subsiste "des dangers potentiels".

Aussi, s'il faut se réjouir d'une production mondiale record qui permet aux stocks de se reconstituer, il faut noter qu'elle vient des pays riches et non des pays en développement importateurs, car ils n'ont pas eu les moyens d'investir dans des engrais ou de remettre des terres en culture.

MANQUE DE MOYENS

Les pays pauvres, et notamment africains, manquent de moyens pour mettre en place des politiques agricoles, ou tout simplement pour que les agriculteurs puissent participer au marché. Faute de silos, ils ne peuvent stocker leur production pour vendre au meilleur prix et, faute de routes ou de voies ferrées, ils ne peuvent acheminer leur production vers les lieux de vente. Le problème est connu, mais l'investissement pour les résoudre n'est pas financé.

Pourtant, la crise a bien fonctionné comme une alarme dans certains pays riches en capital, mais pauvres en terre et en eau - comme les Etats du Golfe - ou dont la population est nombreuse - comme l'Inde, la Chine et la Corée du Sud. En témoigne le phénomène d'accaparement des terres à l'étranger qui prend de l'ampleur. Ces Etats souhaitent en effet garantir par ce biais leurs approvisionnements en riz, en maïs ou en huile de palme.

La situation des pays pauvres a de quoi inquiéter. Les Objectifs du millénaire - la réduction de moitié d'ici 2015 du nombre de personnes souffrant de sous-alimentation - avaient été réaffirmés au sommet de Rome en juin2008. Désormais, M.Diouf estime qu'ils ne sont "plus réalistes". "Un monde affamé est un monde dangereux", prévient Josette Sheeran, la directrice du PAM. La prise de conscience ne suffit plus.

Sur les 22 milliards de dollars promis il y a un an pour relancer l'agriculture dans les pays pauvres, seuls 2,5 milliards ont été versés

Les Etats peinent à s'accorder sur les solutions concrètes

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26/06/2009

25/06/2009

La " guerre du pétrole " prend de l'ampleur au Nigeria

Abuja, Port-Harcourt (Nigeria) Envoyé spécial

26 juin 2009

REPORTAGE

Dites " Akpo ", et les hommes de Total afficheront un sourire de satisfaction mêlée de fierté. A 150 kilomètres des côtes du Nigeria, ils ont ancré leur barge lourde de 110 000 tonnes à vide et longue de 300 mètres. A l'automne, quand la production aura atteint son plateau, elle pompera et traitera chaque jour 175 000 barils de pétrole et 15 millions de mètres cubes de gaz. Une vedette de la marine nigériane, affrétée par la compagnie française, patrouille autour de la barge. Même loin des côtes, elle reste à la portée des vedettes rapides du Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND), une organisation qui couvre activités politiques et trafics. En juin 2008, il avait lancé un de ses speedboats jusqu'à la plate-forme de Bonga, de l'anglo-néerlandais Shell, à plus de 100 kilomètres des côtes...

La production reste malgré tout plus sûre dans l'offshore profond - la " nouvelle frontière " pétrolière du Nigeria - qu'à proximité des côtes ou dans le delta, où le MEND a déclaré la " guerre du pétrole " aux majors étrangères et aux autorités d'Abuja, pourtant ouvertes au dialogue. Les installations à terre de plusieurs majors ont été attaquées ces derniers jours dans les Etats de Bayelsa et du Delta ; un nouveau raid destructeur a été revendiqué jeudi 25 juin. L'italien ENI et Shell ont déclaré l'" état de force majeure ", qui leur permet de suspendre des livraisons de brut sans encourir de pénalités. Les troubles ont fait plonger la production de 2,6 millions de barils par jour en 2006 à environ 1,7 million, alors que le Nigeria pourrait produire plus de 3 millions de barils.

La sécurité ne cesse de se dégrader. Depuis 2007, Total interdit à ses salariés de venir à Port-Harcourt avec leur famille. Le " village Total " est un camp retranché au milieu des banlieues misérables de Port-Harcourt. Et les salariés du groupe peuvent désormais refuser l'expatriation dans ce pays sans encourir de sanctions. " On ne peut pas mettre notre personnel en danger, et au Nigeria, on est limite ", reconnaît son directeur général, Christophe de Margerie.

Le sous-développement nourrit cette violence endémique. Mais l'organisme public créé pour favoriser les projets économiques et sociaux s'est montré jusqu'à présent incapable de les mener à bien. " Face à la dégradation de l'environnement due à l'exploitation pétrolière et à l'incurie des autorités locales corrompues, les populations ont tendance à se tourner vers les pétroliers pour obtenir les fruits de ce qu'ils considèrent comme "leur" pétrole, analyse Philippe Copinschi, enseignant à Sciences Po. Celles-ci se trouvent prises dans une spirale où les revenus qu'elles génèrent - reversés 85 % à l'Etat - déstructurent la vie politique, accélèrent la constitution d'une économie de rente et font naître des frustrations dont elles se retrouvent les premières victimes. " On estime qu'environ 5 % de la production nigériane est volée pour être vendue sur des marchés parallèles en Afrique de l'Ouest.

CORRUPTION GÉNÉRALISÉE

Un sous-développement qui alimente aussi une corruption généralisée. " Elle est en hausse ", déplore un diplomate européen. Il y voit un signe que les potentats locaux, militaires en tête, veulent se remplir les poches avant les élections générales de 2011. Il corrobore le diagnostic des organisations non gouvernementales, qui rappellent volontiers le sort de Nuhu Ribadu : responsable de la commission nigériane sur les crimes financiers, il a été évincé de son poste et a récemment échappé à une tentative d'assassinat.

Avec ses fonds marins regorgeant d'or noir, le Nigeria reste pourtant stratégique pour les pays consommateurs. Les Etats-Unis et l'Europe voient dans l'exploitation du golfe de Guinée un moyen de réduire leur dépendance aux hydrocarbures du Moyen-Orient. Les majors occidentales y sont de plus en plus présentes, comme les compagnies des pays émergents (Chine, Brésil, Russie...).

" Entre notre production et le potentiel d'exploration, c'est sans doute le premier pays du monde pour Total à moyen et long terme ", souligne M. de Margerie. Le groupe continuera d'y investir massivement. Akpo a coûté 6 milliards de dollars (4,3 milliards d'euros), partagés entre Petrobras (Brésil), NNPC et Sapetro (Nigeria) et la Cnooc (Chine). " Le gisement d'Usan, pour un coût un peu supérieur, doit entrer en production début 2012 ", explique Jacques Marraud des Grottes, directeur Afrique de Total. Et les premières huiles du champ d'Egina remonteront en 2014... Le gouvernement nigérian a vu tout l'avantage géo-économique qu'il pouvait en tirer. Le Parlement examine la Petroleum Industry Bill. Objectif : couper les liens entre l'Etat et la compagnie nationale (NNPC) pour lui donner plus d'autonomie. La NNPC pourrait créer avec des partenaires étrangers des " joint-ventures intégrés " capables de faire appel aux marchés des capitaux pour développer de nouveaux gisements.

" Il n'y a aucune raison pour que NNPC ne se développe pas et ne fasse pas des profits. Notre modèle, c'est le brésilien Petrobras ou l'indonésien Pertamina ", explique Odein Ajumogobia, secrétaire d'Etat au pétrole. La réforme risque d'alourdir la fiscalité, s'inquiètent les groupes étrangers, pourtant favorables aux principes du projet de loi. M. Ajumogobia assure que la relation sera " gagnant-gagnant ". Mais que le temps est révolu où Shell et les autres majors " dictaient " leur loi au Nigeria.

Jean-Michel Bezat

© Le Monde

15/06/2009

L'ONU veut contrôler la ruée vers les terres agricoles


16 juin 2009

Bruxelles Correspondant
Le cas de l'Afrique, où les pays riches achètent des millions d'hectares, sera abordé au G8, en juillet


Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation, s'inquiète de l'extension rapide des acquisitions et locations de terres agricoles dans des pays en développement par des Etats riches et des fonds d'investissement. Cette pratique du land grabbing (" accaparement de terre ") s'est accélérée à la faveur de la crise alimentaire de 2008.

M. De Schutter juge que la question doit figurer à l'agenda des discussions agricoles du G8, le sommet des huit pays les plus industrialisés, en juillet. Il avance onze principes liés aux droits de l'homme qui devraient, selon lui, servir de base aux contrats futurs ainsi qu'à une approche multilatérale, afin d'éviter les menaces qui planent sur les populations locales.

Selon les estimations, de 15 à 20 millions d'hectares (ha) - l'équivalent des terres arables françaises - ont fait l'objet de transactions depuis trois ans, essentiellement en Afrique. La Chine aurait acheté 2,8 millions d'ha en République démocratique du Congo pour y développer la plus grande exploitation mondiale d'huile de palme. La Corée du Sud, les Emirats arabes unis et l'Egypte ont acquis, au total, plus de 1,5 million d'ha au Soudan. L'Arabie saoudite aimerait louer un demi-million d'ha en Tanzanie.

Les experts estiment que, d'ici à 2030, il faudra trouver 120 millions d'ha de terres agricoles supplémentaires pour répondre à la demande de produits alimentaires. " Ces investissements peuvent représenter une chance de développement, créer des infrastructures et de l'emploi, permettre à des agriculteurs d'accéder à la technologie et au crédit, note M. De Schutter. Ils peuvent aussi avoir des conséquences très négatives et menacer tant le droit à l'alimentation que les autres droits des populations concernées. " Faute de règles négociées, des cultivateurs sont, et seront, expulsés et privés d'accès aux ressources indispensables à leur survie.

Le paradoxe, relève le représentant spécial, est que parmi les personnes les plus exposées au risque alimentaire se trouvent 500 millions d'hommes et de femmes dont dépend en grande partie l'avenir de la planète : ce sont les ouvriers salariés du secteur agricole. " Leur assurer une protection adéquate constituerait une contribution majeure ", estime-t-il.

M. De Schutter réclame également que les investissements soient couplés à des projets à haute intensité de main-d'oeuvre, ce qui donnerait de l'emploi et des revenus aux groupes locaux. Ils devraient, en outre, se voir réserver une partie des récoltes, à mettre en vente sur les marchés locaux. Le représentant spécial demande encore que les principes du développement durable et d'une approche agro-écologique soient respectés partout.

Seule une approche multilatérale, conclut-il, permettra d'éviter la concurrence entre les pays pauvres désireux d'attirer des capitaux.

Jean-Pierre Stroobants (avec Antoine Le Bozec)
© Le Monde