31/03/2009

La réponse à la crise écologique jugée insuffisante


1er avril 2009
Selon un sondage réalisé dans 17 pays, les opinions publiques attendent davantage des gouvernements





Quatre-vingt-douze pour cent des Français sont inquiets de l'état de la planète. Ils le sont davantage que les Américains (64 %) ou les Britanniques (71 %), mais pas moins que les Japonais (93 %), les Brésiliens (92 %) ou les Russes (90 %), selon une étude internationale réalisée par l'institut TNS Sofres dont Le Monde publie les résultats en avant-première, à l'occasion d'une conférence consacrée au green business (l'économie verte), mardi 31 mars. Cette étude a été menée en ligne, en juin 2008, auprès de 13 000 personnes originaires de dix-sept pays industrialisés ou émergents.

" Si la France fait partie des pays les plus pessimistes - ce qui est une donnée assez constante quel que soit le sujet -, cette enquête montre que l'environnement est une préoccupation partagée par tous. Et que l'inquiétude est réelle, puisque, au total, 78 % des personnes interrogées estiment que l'environnement est en mauvaise santé ", commente Dominique Lévy, directrice associée de l'institut d'opinion.

Les sondés expriment une inquiétude moindre sur la situation de leur propre pays, mais sont néanmoins une majorité - à l'exception des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de Singapour et de l'Australie - à considérer que la situation n'y est pas bonne. " La crise économique a accru le pessimisme, et cet état d'esprit général pèse aussi sur la perception de l'environnement ", précise Dominique Lévy, pour qui l'enquête livrerait des résultats peut-être encore plus négatifs si elle était réalisée aujourd'hui que la crise est là.

Dans les pays développés, le lien entre crise économique et crise écologique est de plus en plus souvent établi. " L'hyperconsommation est non seulement perçue comme le syndrome des dysfonctionnements de notre modèle économique, mais aussi comme une des causes des problèmes environnementaux ", analyse la directrice déléguée de TNS Sofres. Ce lien apparaît clairement dans l'enquête, puisque ce thème du " surdéveloppement ", qui renvoie à la surexploitation des ressources naturelles liée à nos modes de production, est cité en troisième position, après la pollution de l'air, la déforestation et à égalité avec la pollution de l'eau, parmi les grands problèmes à l'origine de la dégradation de la nature.

Les Américains ont la perception la plus aiguë de cette question : outre-Atlantique, plus du quart des personnes interrogées placent le " surdéveloppement " parmi les maux à résoudre en priorité, juste derrière la pollution de l'air. " D'autres enquêtes nous confirment que l'idée qu'il faut consommer moins progresse ", poursuit Dominique Lévy.

Il n'est, dans ces conditions, pas surprenant de constater que les Etats-Unis et la Chine sont pointés d'une manière écrasante comme les deux pays responsables de la crise écologique. " Le premier est le symbole du pays qui consomme trop, le second de celui qui produit mal ", analyse-t-elle.

Les gouvernements donnent l'impression de ne pas prendre la mesure des problèmes : 43 % des sondés jugent qu'" ils sous-estiment les problèmes environnementaux ". 11 % ne le pensent pas et 46 % n'ont pas d'opinion.

" La crise a accentué le décalage entre la façon dont les gouvernements posent les problèmes et la façon dont les opinions les perçoivent. Même si cela n'est pas toujours exprimé clairement, il existe le sentiment que, de cette crise globale, il pourrait sortir quelque chose de positif, à condition que l'argent public qui est injecté dans l'économie mondiale serve à préparer un autre avenir ", constate Dominique Lévy. Or la question écologique semble, au contraire, reléguée au second plan. " L'enquête montre que les opinions, dans le monde entier, sont prêtes à entendre des discours plus volontaristes, car l'inquiétude est forte partout. "

Quant aux entreprises, leurs efforts pour parler " vert " laissent les opinions sceptiques. Personne, sauf au Japon, n'imagine qu'elles puissent être réellement motivées par la protection de la planète. Les Français et les Allemands sont les plus critiques. Les directeurs du développement durable n'ont à l'évidence pas encore réussi à convaincre que l'environnement est, pour eux, autre chose qu'un nouvel argument marketing.

Laurence Caramel

© Le Monde

23/03/2009

Le Forum mondial de l'eau s'achève sur une déception

24 mars 2009

Des habitants du village Abyei, au centre du Soudan, accèdent à l'eau d'un puits financé par l'ONU. JOHANN HATTINGH/AFP

Istanbul (Turquie) Envoyée spéciale





Le 5e Forum mondial de l'eau s'est achevé, dimanche 22 mars, Journée mondiale de l'eau, sur une large déception. La déclaration ministérielle finale, âprement négociée par les 142 délégations présentes à Istanbul, ne tire pas les conséquences de la publication, le 12 mars, du rapport de l'ONU sur les ressources en eau. Il appelait à " agir d'urgence " contre la menace d'une crise mondiale de la ressource, due à l'augmentation des besoins et aux effets du changement climatique. La déclaration apparaît aussi en décalage par rapport aux débats menés depuis l'ouverture du forum, le 9 mars, qui ont attiré 25 000 participants, et ont confirmé le constat de l'ONU.

La déclaration n'est pas un document contraignant : les Etats signataires gardent les mains libres. Mais le texte, élaboré sur la base du consensus, définit une vision commune, et il est censé constituer un document de référence pour les années à venir. " Ce n'est pas un traité international, mais une déclaration politique, commentaient les organisateurs. Elle aurait dû être l'occasion d'affirmer des engagements forts, qui font défaut. " L'absence de reconnaissance d'un " droit humain fondamental à l'accès à l'eau potable et à l'assainissement ", dont sont privés des milliards de personnes dans le monde, a focalisé les critiques. Jusqu'au dernier moment, l'Espagne, la France, la Suisse, les Pays-Bas, plusieurs pays d'Amérique latine ont tenté de le faire inscrire dans la déclaration, au nom des millions de morts causés chaque année par les maladies liées au manque d'accès à une eau saine.

" Ce droit serait la traduction d'une véritable responsabilisation des Etats, et la possibilité pour les communautés privées d'eau de mettre ce sujet en tête de leurs priorités, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui ", affirme Chantal Jouanno, la secrétaire d'Etat française, chargée de l'écologie. " Le droit à l'eau ne changerait pas les choses du jour au lendemain, affirme de son côté Jean Lapègue, de l'organisation non gouvernementale (ONG) Action contre la faim, mais permettrait de faire progresser l'accès à une eau saine et abordable pour tous. Ce n'est pas une contrainte, mais un levier d'action, notamment pour la recherche de financements. "

La principale opposition est venue de la délégation américaine. Ses représentants ont mis en avant l'impossibilité, pour les Etats-Unis, de mettre en oeuvre ce principe, la gestion de l'eau relevant des Etats confédérés. Mais c'est surtout la crainte que ce droit n'ouvre la voie à une obligation, pour les pays riches, de financer l'accès à l'eau dans les pays pauvres, qui a provoqué le blocage.

" Nous ne sommes pas sûrs d'avoir affaire à des diplomates représentant la nouvelle administration américaine... ", notaient certains observateurs, surpris par la contradiction entre cette position et les engagements du président Barack Obama en matière sociale et environnementale. Le Brésil, traditionnellement réticent à tout engagement concernant la gestion de ses abondantes ressources naturelles, et méfiant sur les implications concrètes de cette reconnaissance, y était également défavorable. Malgré tout, une vingtaine de pays, poussés par les délégations latino-américaines et l'Espagne, ont publié une déclaration séparée reconnaissant le droit à l'eau pour tous.

Le débat a aussi porté sur les eaux transfrontalières, objet de tensions récurrentes entre Etats. Certaines délégations africaines ont contesté la référence au respect des " accords existants " de partage des eaux entre pays, par lesquels ils s'estiment lésés et qu'ils souhaitent remettre en cause. Autre point de litige, la reconnaissance du rôle des collectivités locales dans la gestion de l'eau. Bien que ces dernières, proches des usagers, soient souvent considérées comme les plus aptes à gérer l'approvisionnement, la collecte et l'entretien des réseaux d'eau, certains Etats ne sont pas prêts à décentraliser cette compétence.

Ces tensions témoignent du refus de nombreux gouvernements d'accepter la moindre contrainte extérieure, même sans valeur juridique opposable, concernant une ressource stratégique, qui relève de la souveraineté nationale. " L'eau est gérée au niveau local. Il y a une forte réticence à prendre conscience qu'elle doit de plus en plus être considérée comme une ressource partagée et à raisonner de façon collective, commente Henri-Luc Thibault, directeur du Plan bleu, l'organisme du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), chargé d'étudier la Méditerranée. Les esprits ne sont pas encore mûrs. "

Si la portée de la déclaration a été amoindrie depuis le début du processus de discussion intergouvernemental, mené sous l'égide de la Turquie et du Conseil mondial de l'eau, co-organisateurs du Forum, elle marque toutefois une rupture par rapport au texte adopté lors du 4e Forum mondial de l'eau, en 2006 à Mexico, qui se contentait de réaffirmer la nécessité d'atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) - à savoir la réduction de moitié du nombre de personnes sans accès à l'eau et à l'assainissement d'ici à 2015.

En préambule, les Etats affirment pour la première fois " le besoin d'atteindre la sécurité hydrique ", dans un monde qui fait face à des " changements rapides et sans précédents : croissance de la population, migration, urbanisation, changement climatique, désertification, sécheresses, dégradation des sols, changement des modes de vie et des habitudes de consommation ". Ils s'engagent à agir pour " économiser l'eau ", notamment dans le secteur agricole, alors que la politique de progression de l'offre, par la construction de barrages ou les transferts d'eau, a jusqu'à présent été la seule option envisagée dans de nombreux pays.

Ils promettent aussi, et de façon inédite, de préserver les écosystèmes aquatiques et de lutter contre les pollutions. Le renforcement des lois sur l'eau, la réforme de la gestion institutionnelle du secteur, la lutte contre la corruption, et une participation du public aux décisions concernant l'eau font également partie des engagements d'Istanbul.

Gaëlle Dupont

© Le Monde

Les exclus du système, un potentiel de croissance négligé


24 mars 2009
Dossier

SÉVERIN MILLET

Microcrédit, " social business "... Face à la crise, d'autres modèles d'entreprises s'affirment Répondre aux besoins des plus pauvres pour relancer durablement l'activité





Lors du G20 de Londres, le 2 avril, les chefs d'Etat des grandes puissances économiques développées et émergentes de la planète vont essayer de s'entendre pour réformer le système financier et relancer l'économie. Leur agenda ne devrait-il pas aussi réexaminer un modèle économique à bout de souffle ? La sortie de la crise n'impose-t-elle pas de réintégrer dans le circuit les oubliés de l'économie, d'orienter les financements vers la satisfaction de leurs besoins et de s'inspirer d'expériences qui ont émergé ces dernières années : la microfinance, l'entreprise sociale, le commerce équitable, le développement durable, la responsabilité sociale des entreprises... ?

La question se pose avec d'autant plus d'acuité que la crise " menace de devenir une crise humanitaire dans de nombreux pays en développement " si rien n'est fait pour les aider à protéger les plus vulnérables, a prévenu Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, le 12 février. Plus de 200 millions de personnes, selon l'Organisation internationale du travail (OIT), pourraient basculer dans la pauvreté.

" La crise constitue la faillite d'une croissance fondée sur un niveau d'endettement toujours plus élevé dans les pays développés, captant l'épargne des pays émergents ", souligne Benoît Cougnaud, maître de conférences à Sciences Po et à l'Essec. Ainsi, suggère-t-il, les plans de relance en Europe pourraient servir " à réintégrer certaines des franges de notre société actuellement mises en marge du système économique - titulaires des minima sociaux, quartiers dégradés " et à soutenir la croissance " des pays émergents situés à la frange de l'Europe, notamment au Maghreb et à l'Est ", qui fournissent des opportunités d'activité par le rattrapage des niveaux de vie.

Selon la théorie des rendements décroissants de l'économiste David Ricardo, l'argent orienté vers un même secteur - par exemple l'immobilier américain - finit par avoir une rentabilité déclinante. Mieux vaut donc choisir des territoires et des activités sous-investis.

Car les bulles financières nées de la suraccumulation de capitaux finissent par imploser, détruisant massivement de la richesse. M. Cougnaud recommande donc des changements des normes prudentielles bancaires - et une fiscalité pénalisant les rendements excessifs produits par les bulles - afin de réorienter les financements vers l'économie réelle.

La théorie de la " base de la pyramide " élaborée au début des années 2000 par Coimbatore Krishnarao Prahalad, professeur de stratégie d'entreprise à l'université du Michigan, a déjà posé la question de l'opportunité économique de satisfaire la demande des 4 milliards de personnes vivant avec moins de 1,5 dollar par jour. Pour M. Prahalad, le défi est de " vaincre la pauvreté grâce au profit ". " La première version de la "base de la pyramide" a pu être traduite par : nous, grandes entreprises, savons quels sont vos besoins, et nous allons les satisfaire ", par exemple en vendant des crèmes de beauté en emballage individuel, expliquent Bénédicte Faivre-Tavignot et Frédéric Dalsace, responsable et titulaire de la Chaire Social Business - Entreprise et Pauvreté à HEC. Mais le coauteur de la " base de la pyramide ", Stuart Hart, l'a ensuite perfectionnée " dans un sens plus participatif, en créant le "protocole base de la pyramide", qui est une approche à l'écoute des gens et des communautés locales, plus inductive, pour comprendre les besoins des populations ", expliquent-ils.

Pour Laurent de Cherisey, ancien chef d'entreprise, auteur de Recherche volontaire pour changer le monde (Presses de la Renaissance, 2008, 406 pages, 21 euros), " la croissance économique - pour ne pas être fragile, voire factice -, doit procéder de la croissance de l'être humain. Si les marchés occidentaux semblent saturés, deux tiers du monde restent à "conquérir" au bénéfice de la dignité humaine. " Cela implique une nouvelle approche : " L'entreprise ne doit pas se demander à quel prix elle peut vendre son produit, mais à quel prix les plus démunis peuvent l'acheter... ", et mettre en place les financements appropriés, comme des microcrédits, explique-t-il en citant une expérience d'électrification rurale par panneaux solaires au Brésil.

De nouveaux outils comme la microfinance, portée par le Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus - créateur de la Grameen Bank au Bangladesh en 1976 - ont en effet émergé : elle touche aujourd'hui 150 millions de clients dans le monde. Le social business (entreprise sociale) que M. Yunus promeut en même temps - et qu'il a décliné au Bangladesh avec ses filiales Grameen Phone (téléphone mobile), Grameen Energy (électricité) ou en partenariat avec Danone dans la production de yaourts -, est basé sur le principe : " no loss, no dividend " (ni pertes ni dividendes) mais un résultat social pour la collectivité. Créé en 1980 en Inde, le réseau mondial Ashoka compte aussi plus de 2 000 entrepreneurs sociaux dans le monde.

Les esprits changent. Près de 200 grands groupes privés dans le monde sont aussi impliqués dans des social business, selon M. de Cherisey. " Le secteur lucratif peut s'inspirer pour lui-même des innovations sociales et sociétales et adopter de meilleures pratiques, souligne Thierry Sibieude, titulaire de la chaire d'entrepreneuriat social à l'Essec : dans la façon de considérer l'individu, la prise en compte des légitimités de toutes les parties prenantes de l'entreprise, l'ancrage local et territorial très fort de ses entités, la remise en cause de certains écarts de rémunérations qui ne veulent rien dire. " Franck Riboud, PDG de Danone, écrivait le 3 mars dans Le Monde que la conception de l'entreprise ayant " pour seule finalité " de maximiser le profit de l'actionnaire " nous a menés dans l'impasse ".

M. Riboud proposera aux actionnaires de Danone que l'entreprise finance " un fonds de dotation consacré au développement et au renforcement de notre écosystème ", doté de 100 millions d'euros et abondé chaque année par 1 % du bénéfice net, pour soutenir des initiatives près de ses sites.

Le marasme économique rend en effet urgent d'accélérer " la propagation virale des règles du jeu de l'entrepreneuriat social à l'ensemble de l'économie ", juge Arnaud Mourot, directeur général d'Ashoka-France. Il recommande d'en faire une priorité dans l'Hexagone : " Dans tous les pays en développement, mais aussi développés comme les Etats-Unis d'Obama, on mise dessus ! " Et ainsi de revoir les statuts des organisations, qui doivent pouvoir être hybrides - lucratif et non-lucratif -, l'évaluation des impacts des activités des entreprises, le partage des richesses... Maria Nowak, présidente fondatrice de l'Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE), souligne de son côté l'apport récent du statut simplifié d'auto-entrepreneur pour le développement des microentreprises en France : " L'entrepreneuriat populaire est un gisement d'emplois fabuleux parce qu'il repose sur la créativité de tous les acteurs économiques. Il suffit de leur ouvrir accès au crédit et à un accompagnement approprié, pour qu'ils créent leur propre emploi. Si le travail indépendant n'est pas la seule solution, on estime qu'il pourrait résorber 10 % du chômage. "

Les nouvelles pistes de croissance durable commencent à ouvrir une voie alternative et à diffuser leurs bonnes pratiques. En se développant, elles devront cependant éviter de devenir un simple outil de communication des entreprises, d'être récupérées seulement en apparence, voire d'être détournées. Muhammad Yunus a régulièrement mis en garde contre la commercialisation du microcrédit par des organismes peu soucieux de sa mission sociale. Ces nouveaux outils devront aussi être complétés. A côté de la microfinance, la mésofinance commence à se développer pour aider les microentreprises à grandir, avec des financements supplémentaires. Mais il reste beaucoup de chemin à parcourir pour que de tels modèles prennent tout leur poids dans l'économie mondiale.

Adrien de Triconot

© Le Monde

13/03/2009

Les scientifiques ont fait leur travail. Aux politiques maintenant de faire le leur.

On ne pourra pas dire, on ne savait pas !!!


14 mars 2009

Le plus noir des scénarios climatiques se profile

Copenhague Envoyée spéciale





A neuf mois de la conférence de Copenhague, où la communauté internationale s'est fixé un ultime rendez-vous pour s'accorder sur un plan de réduction des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, rien ne garantit qu'un accord sera trouvé. C'est dans l'espoir de conjurer un possible échec que près de 2 000 scientifiques, parmi lesquels les plus éminents climatologues mondiaux, se sont réunis du 10 au 12 mars dans la capitale danoise.

" Imaginez un avion dont la probabilité d'arriver à destination est de 10 %. Monteriez-vous à bord ? Evidemment non... " Stefan Rahmstorf, de l'Institut de recherches de Potsdam sur le climat, aime bien cette métaphore pour expliquer ce qui est en train de se passer : depuis le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), publié en 2007, il est certain, à 90 %, que l'homme est à l'origine de la transformation du climat qui menace les grands équilibres planétaires.

Or tout se passe comme si les gouvernements s'interrogeaient encore sur la possibilité d'embarquer dans cet avion promis à la catastrophe. A Copenhague, la communauté scientifique a voulu démontrer une dernière fois, avant la fin des négociations, que le doute n'était plus permis. " Nous avons accumulé beaucoup de données depuis le dernier rapport du GIEC, en 2007. Nous voulons que les gouvernements décident en connaissance de cause ", a expliqué Katherine Richardson, de l'université de Copenhague, l'une des neuf universités à l'origine de cette initiative.

Les conclusions du GIEC s'appuient sur des données datant au mieux de 2005. Compte tenu de la lourdeur de cette organisation, qui réunit 2 500 chercheurs de 130 pays et dont l'ensemble des publications est soumis au consensus, le prochain rapport ne paraîtra pas avant 2014. Or " les dernières observations confirment que le pire des scénarios du GIEC est en train de se réaliser. Les émissions ont continué d'augmenter fortement et le système climatique évolue d'ores et déjà en dehors des variations naturelles à l'intérieur desquelles nos sociétés et nos économies se sont construites ", a affirmé le comité scientifique de la conférence. Les prévisions du GIEC anticipent une hausse des températures comprises entre 1,1 °C et 6,4 °C à la fin du siècle par rapport à la période préindustrielle.

Stefan Rahmstorf a présenté une étude selon laquelle le niveau des océans pourrait augmenter dans une fourchette de 75 cm à 190 cm d'ici à 2100. Soit bien au-delà des prévisions du GIEC allant de 18 cm à 59 cm. Celles-ci - et le GIEC avait pris soin de le souligner - ne prenaient pas en compte l'évolution des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique. Or leur rôle serait en réalité majeur, au travers de la fonte des glaces mais surtout de leur " écoulement " dans la mer. " Ce phénomène est beaucoup plus massif et beaucoup plus rapide que nous ne le pensions ", confirme Eric Rignot, professeur à l'UC Irvine en Californie.

Lucka Kajfez Bogataj, de l'université de Ljubljana (Slovénie), a épluché l'ensemble des études climatiques parues dernièrement. Elle conclut sans hésiter : " L'impact du réchauffement est plus précoce et plus rapide que prévu. " Entre 1990 et 2006, le monde a connu les treize années les plus chaudes depuis 1880, qui marque le début de l'ère industrielle, cite-t-elle en exemple.

Spécialiste des écosystèmes, Andreas Fischlin, de l'Institut fédéral de technologie de Zurich, va dans ce sens : " Les écosystèmes stockent 25 % des émissions mondiales de carbone. Cette capacité de stockage devrait culminer vers 2050, avant que les écosystèmes fragilisés par le réchauffement ne se mettent à leur tour à relâcher du CO2 dans l'atmosphère aggravant ainsi le phénomène. Ce problème est beaucoup plus important que nous ne le pensions il y a cinq ans. "

Ce que les scientifiques ont baptisé des tipping points, soit des seuils au-delà desquels les conséquences du réchauffement deviennent irréversibles et incontrôlables, pourraient être plus bas. " Nous pensions que la survie des ours polaires serait menacée à partir d'une hausse des températures de 2,8 °C, il est probable que cela soit déjà vrai à partir de 1,5°C ", avance M. Fischlin.

La richesse des hotspots (" points chauds ") de la biodiversité, ces régions qui concentrent quantité d'espèces rares ou endémiques, serait en danger à partir d'un réchauffement de 1,6 °C. " Les nouveaux modèles dont nous disposons nous montrent que beaucoup de seuils de rupture se trouvent dans la bande des 2 °C à 3 °C. Et qu'il faudrait mieux garder une distance de sécurité pour ne pas risquer de s'en approcher ", poursuit le chercheur. Sir Nicholas Stern, auteur du célèbre rapport sur " l'économie du changement climatique ", a indiqué que " le coût de l'inaction sera supérieur à ce qu'il avait présenté en 2006 ".

Présent à Copenhague, le président du GIEC, Rajendra Pachauri, n'est pas sorti de son devoir de réserve mais, à neuf mois de l'échéance, il a jugé " utile que cette conférence rappelle aux politiques qu'il existe une crise plus grave que la crise économique ". James Hansen, le célèbre climatologue de la NASA qui fut l'un des premiers à alerter en 1988 sur les dangers du réchauffement, a été plus direct : " Il faut que l'opinion soit sûre d'une chose. Les scientifiques sont clairs. Il n'existe pas de grosses incertitudes sur le film qui est devant nous. Et les politiques ne peuvent pas s'abriter derrière de prétendues inconnues pour ne pas agir. " En clair, les scientifiques ont fait leur travail. Aux politiques maintenant de faire le leur.

Laurence Caramel

07/03/2009

Compte rendu en images des rencontres dans le cadre du jumelage ROLLO-AUBIERE

Lors de notre voyage au Burkina Faso en décembre 2008 j'ai rencontré pour le compte de la commune d'AUBIERE un certain nombres d'interlocuteurs burkinabés, parties prenantes de notre jumelage AUBIERE - ROLLO.
Dans cette vidéo un compte rendu en images !

La surcharge de travail des femmes africaines entrave le développement économique du continent


8 mars 2009
Une enquête pointe la nécessité de prendre en compte le temps de travail domestique





Un nourrisson noué dans le dos, une bassine de manioc ou un fagot de bois maintenu sur la tête : les femmes africaines déambulent rarement les bras ballants. Si l'intensité de leur travail, aisément perceptible, relève de l'évidence, leur contribution à l'économie passe largement inaperçue. Ainsi, le taux d'activité des femmes africaines (62 %) est supérieur à celui qui prévaut en Europe (49 %). Mais, reléguées dans des activités informelles, voire non marchandes, et assignées aux tâches ménagères, elles ne pèsent guère dans les indicateurs qui reflètent l'état des sociétés et sont censés inspirer les politiques.

Un chercheur de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), Jacques Charmes, a entrepris depuis des années de lever le voile sur la réalité de l'emploi du temps des Africaines, en enquêtant minutieusement sur leurs activités quotidiennes. Afin de leur rendre justice et d'inciter à un partage plus équitable des tâches entre les sexes. Mais aussi pour montrer de quelle façon la surcharge de travail qui pèse sur les femmes compromet le développement économique.

On se doutait que les femmes africaines, comme d'autres, travaillaient davantage que les hommes. Grâce à M. Charmes, directeur du département société et santé de l'IRD, on sait que le fossé est à la fois énorme et variable selon les sociétés.

Ainsi, selon une enquête menée au Bénin, hommes et femmes passent autant de temps dans des activités économiques proprement dites. Mais si l'on tient compte des tâches domestiques, la durée du travail quotidien des Béninoises dépasse de plus de deux heures et demie celui de leurs compagnons. L'inégalité se creuse en particulier parce que les tâches vitales que sont le portage de l'eau et du bois incombent largement aux femmes. En comparaison, les sociétés sud-africaines et malgaches apparaissent moins inégalitaires. Le surcroît de travail des femmes n'y est " que " de 55 minutes. Il s'élève à 38 minutes en France.

Ces lourds déséquilibres ne sont pas seulement choquants, ils ont de lourdes conséquences économiques. Occupées à des activités sans salaire - elles aident aux récoltes que les hommes vendent ensuite -, elles sont en outre accaparées par des tâches domestiques telle la préparation des repas, le soin des enfants, des personnes âgées et des handicapés. " Ce double emploi du temps les empêche de consacrer plus de temps aux activités marchandes, plus productives, analyse Jacques Charmes. Ce qui explique le phénomène dit de "féminisation de la pauvreté". "

Dans les pays riches, l'entrée massive des femmes sur le marché du travail s'est accompagnée de la mécanisation de certaines corvées (électroménager) et de la socialisation d'autres (crèches). Evidemment, il n'en est rien dans les pays africains, où les tâches se cumulent.

A quoi sert-il d'étudier l'emploi du temps des femmes africaines ? " A faire prendre conscience aux hommes du fait que le travail des femmes est au moins aussi important que l'activité marchande dont ils ont le quasi-monopole ", répond le chercheur. S'il pouvait être évalué totalement, le labeur féminin générerait une hausse de 50 % à 100 % du PIB, estime-t-il. Ainsi réévalué, le PIB " permettrait de rendre plus visible la contribution des femmes au bien-être général ". Reflétant mieux la réalité, il expliquerait ce qui relève aujourd'hui du mystère pour l'observateur non averti venu des pays riches : comment des centaines de millions d'Africains parviennent à vivre avec moins de 2 dollars par jour.

Mais, pour l'heure, Jacques Charmes regrette que ses enquêtes, si elles alimentent les beaux tableaux statistiques de l'ONU, aient peu d'impact sur les décideurs politiques, et a fortiori sur la réalité. " Si le rôle clé de la scolarisation des femmes comme levier du développement est admis, peu d'actions portent sur leur emploi du temps, donnée pourtant centrale dans la recherche de l'égalité et de l'autonomisation ", déplore-t-il.

La création de services publics permettant de prendre en charge les activités pesant sur les femmes (garde des enfants, soins aux malades) devrait être la première conséquence logique de cette prise de conscience. De même que la multiplication des points d'eau qui évitent la corvée des seaux. Dans un village malien a été mise en évidence la corrélation entre l'aménagement de bornes-fontaines et la diminution de la mortalité juvénile. Non pas pour des raisons sanitaires - la qualité de l'eau, mal stockée, restait déplorable - mais parce que les femmes ont gagné alors du temps pour prendre soin des bambins.

Philippe Bernard

© Le Monde

Les femmes assurent les 2/3 des heures de travail dans le monde et ne perçoivent qu'un dixième des revenus (ONU)


8 mars 2009

Chiffres





40 milliards d'heures C'est le temps passé au cours d'une année par les femmes d'Afrique subsaharienne pour chercher de l'eau : l'équivalent d'une année entière de travail de la population active française. (Fonds de développement des Nations unies pour la femme, Unifem)

Les femmes assurent les 2/3 des heures de travail dans le monde et ne perçoivent qu'un dixième des revenus (ONU)

70 % des 130 millions d'enfants non scolarisés dans le monde sont des filles. Il n'est donc guère étonnant que 64 % des 867 millions d'adultes qui ne savent pas lire aujourd'hui soient des femmes. (Banque mondiale, Programme des Nations unies pour le développement)

En 2007, 58,5 % des bacheliers français étaient des filles. Elles ne représentent plus que 42 % des élèves dans les classes préparatoires aux grandes écoles, toutes disciplines confondues. (Education nationale)

26 % de filles parmi les élèves en écoles d'ingénieurs en France . Leur salaire d'embauche, à la sortie de l'école, est inférieur de 7,5 % à celui des hommes. (Insee, CNISF)

15 % des directeurs de recherche dans l'Union européenne, toutes disciplines confondues, sont des femmes . Ce taux n'est plus que de 9 % dans les disciplines scientifiques et techniques. (Commission européenne)

21 % C'est l'écart de salaire moyen entre hommes et femmes dans le monde . Cet écart est de 17,4 % dans l'Union européenne, de 27 % en France . Il est de 15 % pour les PDG américains, à secteur et taille de firmes comparables en 2008. (Commission européenne, Observatoire des inégalités, Corporate Library)

Dans les entreprises du CAC 40, les femmes représentent 8,8 % des membres des conseils d'administration (Capitalcom)

60 % de femmes dans le gouvernement finlandais

La Finlande est le seul pays de l'Union européenne qui compte plus de femmes que d'hommes au gouvernement. Le pays européen qui compte le moins de femmes ministres est la Hongrie (6,25 %). La France arrive en cinquième position (41,18 %). Le taux moyen, pour les 27 pays de l'Union s'établit à 25,5 %. (Fondation Robert-Schuman)

18,4 % de femmes parlementaires dans le monde En Union européenne, le taux moyen est de 24 % dans les 27 Parlements nationaux. La Suède est au premier rang (46,70 %), Malte au dernier (8,7 %). La France se classe 24e , (18,54 %). (Unifem, Fondation Robert-Schuman)

© Le Monde

06/03/2009

Clermont et Oyem, ensemble pour un développement durable

La coopération décentralisée qui unit Clermont et Oyem (Gabon) mobilise la Mission des Relations Internationales, en partenariat avec l'ONG Agir pour le Développement, dans la réalisation d'ojectifs du Millénaire pour le Développement de l'ONU. Un ré-équilibrage de biens et de savoir-faire qui réajuste également nos valeurs...
durée:10minutes.


01/03/2009

Un excellent guide pour visiter le Pays Dogon et le Mali

Mon nom est Alassane Dicko.
Je suis un guide diplômé et possède de nombreuses références. Je milite pour l’éco-tourisme et l’équipe avec qui je travaille est malienne (chauffeurs, guides, cuisiniers..). Je vous propose des circuits sur mesure ou à la carte : randonnées, méharées, trekking ou combinés pinasse/randonnée.

Beaucoup de souplesse, l’aventure mais en toute sécurité, le contact avec les habitants, le respect de votre rythme…

Mon bureau est situé à Douentza en plein centre du Mali.

Je parle français et plusieurs langues locales : bambara, dogon, peul, tamashec, songhoï…

Téléphone portable : 00 223 76 24 76 10

Courriel : alassanedicko@yahoo.fr

Site internet : www.Malidecouverte.com

Témoignages :

J’ai utilisé les services de Alassane DICKO à 2 reprises, comme guide, à 4 ans d’intervalle (2004 et 2008) pour une durée totale de près de 4 semaines. Je puis vous dire combien sera votre chance si vous pouvez, comme moi, vous assurer ses services. Avec lui, pas de problèmes pour définir un circuit à la carte et surtout vous serez étonné de constater à quel point il est capable de satisfaire vos désirs même si ceux-ci viennent quelque peu perturber ce qui avait été planifié initialement.
L’expérience d’Alassane, sur une grande partie du MALI, sa grande culture, son contact facile et franc, en font un guide très recherché. C’est un vrai bonheur que de parcourir avec lui et ses collaborateurs (chauffeurs, porteurs, pirogiers…), les circuits touristiques du MALI, souvent en dehors des chemins battus par la grande masse des touristes. Avec lui vous communiquerez facilement avec les habitants que vous croiserez et vous vous lancerez dans des conversations d’une grande profondeur. Vous vous surprendrez à refaire le monde à ses côtés. Nombreux sont sans doute les guides du Pays Dogon qui se révèlent très sympathiques, mais croyez moi, avec Alassane DICKO vous serez séduit et vous ne souhaiterez qu’une chose, revenir au MALI pour poursuivre l’aventure avec lui.
N’hésitez pas à me contacter.

Jacques FONTAINE

J’ai réalisé en décembre 2008 un circuit au Pays Dogon avec Alassane qui nous a fait découvrir de nombreux villages en favorisant le contact avec la population.
Je recommande particulièrement ce guide qui pour moi a été rassurant, toujours présent et proche dans des lieux parfois difficile d’approche comme la falaise de Bandiagara. Alassane est un guide loyal, ouvert au monde, et chaleureux. C’est un vrai Dogon.

Mireille