27/09/2012

Le trafic du bois tropical sape la lutte contre la déforestation


28 septembre 2012

Le marché noir prospère selon Interpol, qui estime qu'il rapporterait entre 30 et 100 milliards de dollars par an


Une carrière de traitement de bois, à Shenyang, dans le nord de la Chine.
REUTERS/SHENG LI

Le bilan des mafias du bois s'est dramatiquement alourdi, jeudi 27 septembre, avec la publication de chiffres estimant les revenus de ce trafic mondialisé entre 30 et 100 milliards de dollars par an (23 à 77 milliards d'euros). Les dernières données publiées en mars par la Banque mondiale évaluaient leur " chiffre d'affaires " à 15 milliards de dollars.
D'où vient un tel écart ? Essentiellement, expliquent Interpol et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) qui présentent ce vaste travail de traque dans le rapport " Carbone vert, marché noir ", des opérations de blanchiment qui avaient été jusqu'alors très peu comptabilisées.
L'ampleur de cette exploitation illégale dont les grands bassins tropicaux sont le théâtre principal, relativise les discours sur la lutte contre la déforestation énoncés tant par les Etats concernés que par les acteurs de l'industrie forestière. Elle " représenterait 50 % à 90 % de l'ensemble des activités forestières " en Amazonie, en Indonésie et dans le bassin du Congo.
A la lecture du rapport rédigé par les deux organisations, il se confirme que le business des bois tropicaux demeure un milieu gangrené par une corruption généralisée d'autant plus prospère que, dans bien des pays, elle permet à des fonctionnaires miséreux d'assurer le pécule de survie que leurs Etats ne peuvent plus leur offrir. " L'exploitation illégale a lieu en majorité dans les régions en conflit, pointe le rapport.Elle ne diminue pas, bien au contraire, car les cartels sont mieux organisés et déplacent leurs activités pour échapper aux services de police ".
Cette criminalité organisée est bien ce qui intéresse les enquêteurs d'Interpol qui sont, depuis quelques mois, montés en première ligne de l'opération de répression dans laquelle se retrouvent des défenseurs de l'environnement et des institutions chargées de lutter contre le grand banditisme. Cette coalition baptisée Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC), est opérationnelle depuis 2011. Elle regroupe, outre Interpol, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, la Banque mondiale, l'Organisation mondiale des douanes et la Cites (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction).
Car derrière ces mafias, il n'y a pas seulement des individus qui ont compris qu'il y avait à gagner sans prendre de gros risques compte tenu de la faiblesse du droit environnemental et de l'impunité dont jouissent les trafiquants dans la plupart des pays. Il existe aussi des mouvements armés qui y ont trouvé, comme dans le trafic d'ivoire, un filon pour financer leur cause. Ces réseaux font preuve d'une ingéniosité croissante.
" Ces cinq dernières années, on est passé d'une exploitation illégale directe à des méthodes plus sophistiquées de recel et de blanchiment ", souligne Interpol qui, exemples à l'appui, recense plus de trente manières " d'abattre illégalement, de blanchir et de commercialiser des grumes ". Parmi lesquelles, " la falsification de permis d'exploitation, le piratage de sites Internet gouvernementaux afin d'obtenir des permis de transport et des quotas plus importants, le blanchiment par l'intermédiaire de la construction de routes, de fermes d'élevage, de plantations de palmiers à huile, le mélange de bois légal et illégal pendant le transport ou dans les scieries "...
Sans oublier les classiques pots-de-vin. Ainsi en Indonésie, le rapport accuse " les plantations de servir souvent de couverture à l'objectif réel qui est l'abattage du bois ". Comme l'extension de routes qui, en passant dans des zones protégées, permettent de " récolter " des essences précieuses.
La destruction des forêts tropicales met en péril la lutte contre le changement climatique. C'est au nom de cette menace qu'Interpol et le PNUE justifient leur mobilisation commune. La déforestation est à l'origine de 15 % environ des émissions de gaz à effet serre, soit autant que le secteur du transport au niveau mondial. Le commerce illégal sape, pour eux, les efforts entrepris pour freiner la déforestation à travers notamment le mécanisme REDD (Réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts), qui prévoit de rémunérer les efforts de conservation sur la base des tonnes de carbone séquestrées.
Cette initiative en discussion depuis des années est souvent présentée comme " l'arme lourde " pour protéger les bassins tropicaux. Des milliards de dollars ont déjà été investis, même si pour l'instant le REDD n'a d'existence que sur un marché carbone forestier volontaire ou sous forme de projets pilotes. Interpol et le PNUE, qui soutiennent cette idée, oublient toutefois de dire que le REDD est déjà la cible de fraudes. Les aventures des " carbon cow-boys " - ces trafiquants d'un nouveau genre qui surfent sur l'appétit de carbone forestier - témoignent d'un système lui aussi loin d'être sécurisé.
Laurence Caramel
© Le Monde

25/09/2012

La " Grande Muraille verte " trace tout doucement son chemin à travers le Sahel


26 septembre 2012




Huit pays ont finalisé leur stratégie nationale. Mais cinq ans après le lancement de l'initiative, les populations attendent des projets concrets


Jusqu'à présent, la Grande Muraille verte a fait couler plus d'encre qu'elle n'a reverdi le Sahel. Lancé en 2007 par les chefs d'Etat africains, ce projet dont la folle ambition est de transformer une bande de terres arides de 7 600 km sur 15 km en rideau végétal pour lutter contre la désertification, demeure à l'état embryonnaire dans les 11 pays du Sahel concernés. Quand il n'est pas, pour des raisons d'instabilité comme au Mali, tout simplement remis à des jours meilleurs. " Il ne s'agit pas simplement de planter des arbres. La Grande Muraille est un projet global de développement ", plaide Nora Berrahmouni, chargée du dossier à l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), pour justifier ce maigre bilan.
La FAO, qui organisait lundi 24 septembre à Rome une réunion pour dresser un état des lieux du projet panafricain, fait partie avec le Fonds mondial pour l'environnement, la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification et l'Union européenne (UE) des quelques institutions à apporter un soutien financier et un appui technique. " Nous soutenons cette initiative car elle s'attaque aux causes profondes - des problèmes de cette région - et peut, à travers des projets transfrontaliers, oeuvrer à la prévention des conflits ", a répété à Rome l'envoyé de l'UE.
Les autres bailleurs continuent de douter. Les précédentes expériences menées sur le continent se sont presque toutes soldées par des échecs. " Nous devons encore donner confiance ", admet Almami Dampha, représentant de la Commission de l'Union africaine. Cette image de mur du Sénégal à Djibouti est mal comprise. Nous sommes engagés dans un vaste programme de restauration des terres dégradées où vivent des dizaines de millions de personnes. " Avec pour échéance 2025. A cette date, les pays du Sahel se sont fixé pour objectif d'avoir inversé la tendance à la dégradation des terres et d'avoir réussi le pari de l'adaptation au changement climatique.
L'argent mobilisé a pour l'instant permis d'élaborer des plans nationaux. Certains, comme le Sénégal et l'Erythrée, l'ont fait sur leurs propres deniers. D'autres, comme le Burkina Faso, le Tchad, l'Ethiopie, la Gambie, le Niger ou Djibouti, se sont appuyés sur des financements internationaux. Cette étape peu visible est jugée essentielle par la FAO qui a veillé à ce que ces stratégies locales soient élaborées à l'intérieur d'un cadre régional commun. " Cela n'a pas été simple. Il fallait être sûr que tout le monde partage les mêmes objectifs, définir des zones prioritaires d'intervention. C'est fait. Maintenant nous pouvons passer aux projets ", explique Nora Berrahmouni, rappelant que le gouvernement sénégalais par exemple est déjà actif sur le terrain.
Les scientifiques se sont aussi mis en ordre de marche. L'Institut de recherche pour le développement (IRD) vient d'achever la compilation de tout le savoir agronomique accumulé depuis cinquante ans. " Il ne s'agit pas d'inventer. Beaucoup d'acquis dorment dans les tiroirs et ils n'ont jamais été utilisés ", rappelle Robin Duponnois, de l'IRD.
Tout ainsi serait prêt sur le papier. Des plans et des projets qui ne demandent qu'à être financés. Les quelques millions d'euros engagés depuis 2007 sont loin d'être à l'échelle des sommes qu'il faudra mobiliser à l'avenir. Le Niger, comme les autres, a fait ses comptes : il lui faudra trouver 454 milliards de francs CFA (692 millions d'euros) pour les cinq prochaines années. Une somme qu'Abdou Maisharon, le responsable local de la Grande Muraille verte, est bien en peine de dire où il va la trouver.
Au Niger, le plan qui englobe les régions recevant moins de 500 mm de pluie par an, couvre 228 collectivités locales sur les 255 du pays. Mais il faut maintenant y aller. " Depuis le temps que nous en parlons, nous avons suscité beaucoup d'espoirs dans la population ", reconnaît M. Maisharon. Adama Doulkom, son homologue burkinabé fait le même constat : " Nous avons voulu construire un processus participatif dans lequel chaque citoyen se sente concerné, mais aujourd'hui la population réclame de l'action. " L'épreuve de vérité a vraiment commencé pour la Grande Muraille verte ".
Laurence Caramel
© Le Monde

06/09/2012

L'huile de palme, nouvel eldorado pour l'Afrique ?


6 septembre 2012



Greenpeace demande la suspension des projets de culture qui se font aux dépens de la forêt et des populations


Parti d'Afrique à la conquête de l'Asie du Sud-Est au siècle dernier, le palmier à huile fait un retour fracassant sur son continent d'origine. Depuis deux ans, les projets d'investissement dans la production d'huile de palme se multiplient dans la zone intertropicale africaine, au point qu'une conférence continentale est organisée à Accra, au Ghana, mercredi 5 et jeudi 6 septembre, pour permettre aux investisseurs, chercheurs et organismes financeurs d'échanger.
Simultanément, mercredi 5, Greenpeace et une autre ONG, Oakland Institute, publient deux rapports dénonçant les conditions dans lesquelles se font ces investissements, critiquant en particulier le projet de la société américaine Herakles. Celle-ci a signé, en 2009, avec le gouvernement camerounais, un contrat de location pour quatre-vingt-dix-neuf ans de 73 000 hectares de terres situés dans le sud-ouest du pays, afin d'y cultiver le palmier et d'y produire de l'huile de palme. " Cette vague soudaine de contrats fonciers et d'investissements (...) risque de conduire à une déforestation à grande échelle, à des modifications climatiques, à des abus sociaux et à la perte d'une partie des terres cultivées par les communautés villageoises ", avertit Greenpeace.
L'ONG Grain a dénombré une trentaine de projets d'investissement dans les plantations de palmiers à huile en Afrique, dont un de 180 000 ha au Congo, porté par une entreprise malaisienne. Le groupe singapourien Olam, a annoncé, en janvier, qu'il comptait investir 250 millions de dollars (200 millions d'euros) dans la production d'huile de palme au Gabon. " Chaque pays veut devenir le premier producteur africain d'huile de palme ", estime Frédéric Amiel, de Greenpeace France.
Cet engouement s'explique par au moins trois facteurs : la disponibilité de terres, l'augmentation de la demande et les perspectives de juteux retours sur investissement. Selon un rapport de la banque japonaise Nomura, cité par le magazine Jeune Afrique, l'Indonésie et la Malaisie, qui assurent 85 % de la production mondiale actuelle d'huile de palme, ne disposeront plus dans dix ans de terres exploitables. " Alors que l'Afrique dispose d'une énorme réserve de terres arables non cultivées ", reconnaît Mouhamadou Niang, de la Banque africaine de développement.
Les grandes entreprises du secteur - asiatiques en majorité - n'ont pas tardé à prospecter de ce côté de la planète. " Nous avons l'expérience pour aider l'Afrique à éradiquer la pauvreté et à assurer sa sécurité alimentaire ", affirme Supramaniam Ramasamy, directeur des plantations chez Olam.
L'huile de palme, dont l'Afrique est importatrice nette, est devenue la première huile végétale consommée dans le monde, avec 39 % d'un marché en pleine progression, loin devant le soja, le colza et le tournesol. Selon la Banque mondiale, " 28 millions de tonnes d'huiles végétales supplémentaires devront être produites chaque année d'ici à 2020 " en raison de la croissance démographique et de la demande alimentaire et ce, sans même tenir compte de l'utilisation des oléagineux pour produire des agrocarburants.
Malgré sa mauvaise image dans certains pays occidentaux, en particulier en France, l'huile de palme est la mieux placée pour répondre à ce défi : malgré la hausse de son cours, elle reste la plus économique des huiles végétales. Et la productivité du palmier à huile lui permet d'utiliser - à production égale - de six à neuf fois moins de terres que les autres oléagineux.
" Le palmier est une usine à huile, qui peut produire jusqu'à six tonnes par hectare et rapporter de 2 000 à 3 000 dollars - 1 600 à 2 400 euros - par hectare et par an, s'enthousiasme Alain Rival, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Aucune culture, à part parfois l'hévéa, ne rapporte autant. "
Il n'est pas besoin d'aller chercher plus loin les raisons de l'engouement pour la culture du palmier à huile, les mêmes qui ont conduit l'Indonésie et la Malaisie à sacrifier pendant des années leurs forêts primaires à la rente qui s'offrait à elles. Mais la déforestation a conduit la Banque mondiale à suspendre ses investissements dans la filière en 2009 et les pays importateurs occidentaux à exiger la mise en place d'une certification.
L'huile de palme peut-elle être une chance pour l'Afrique de faire sortir une partie de sa population de la pauvreté, comme ce fut le cas en Asie du Sud-Est, ou le continent risque-t-il, une fois encore, de voir lui échapper les profits tirés de cette culture ? " L'huile de palme, c'est très bien, mais pas n'importe où et pas n'importe comment ", lance Patrice Levang, agroéconomiste à l'Institut français de recherche pour le développement.
La Banque mondiale a rappelé que le respect d'un certain nombre de critères sociaux et environnementaux était indispensable. En premier lieu, la consultation et l'accord des communautés concernées, le respect des zones forestières à haute valeur de conservation, l'intégration dans ces projets d'agriculture intensive des petits planteurs et producteurs ou encore la sécurisation des droits fonciers.
Autant de critères que les ONG accusent certains investisseurs et certains Etats de ne pas respecter au moment de signer des contrats à l'avantage quasi exclusif des premiers nommés. Patrice Levang estime nécessaire l'instauration de plans nationaux de développement durable du palmier à huile en Afrique. En attendant que ce soit le cas, Greenpeace demande la suspension des " projets agro-industriels prévoyant des concessions de terres à grande échelle ".
Gilles van Kote
© Le Monde

La déforestation entraîne une réduction des pluies, menaçant l'Amazonie de sécheresses répétées


7 septembre 2012
Les précipitations pourraient baisser de 21 % pendant la saison sèche d'ici à 2050, selon une étude 


Les forêts humides ne sont pas seulement des réservoirs de biodiversité et de carbone : elles contribuent aussi largement à alimenter en pluie les régions tropicales. En mêlant des observations satellite à des simulations numériques, des chercheurs britanniques sont parvenus à évaluer cette contribution. Leurs résultats, publiés jeudi 6 septembre dans la revue Nature, prévoient une forte chute des précipitations dans le bassin amazonien si la déforestation s'y poursuit au rythme actuel.
" Pour plus de 60 % des terres tropicales, l'air qui a circulé au-dessus des zones de dense végétation produit au moins deux fois plus de pluies que celui qui a circulé au-dessus de zones clairsemées ", écrivent, en conclusion de leurs travaux, Dominick Spracklen (université de Leeds, Royaume-Uni) et ses coauteurs.
" Ces résultats sont importants, même s'ils ne sont pas inattendus, commente Simon Lewis, chercheur au département de géographie de l'université de Leeds, qui n'a pas participé à l'étude. Les forêts tropicales recyclent l'eau de pluie en la remettant dans l'atmosphère : elles participent au transport de l'humidité sur des centaines de kilomètres. Ces travaux montrent, avec soin, que la déforestation à grande échelle à un endroit peut affecter la végétation très loin de là, en réduisant les précipitations. "
En 2007, une étude publiée dans Geophysical Research Letters avait déjà suggéré qu'une réduction de 40 % de la superficie de la forêt amazonienne pourrait déclencher un basculement irréversible du climat régional vers des conditions arides. Dans la même ligne, mais avec d'autres éléments de preuve, les travaux de M. Spracklen indiquent pour leur part qu'une poursuite de la déforestation de l'Amazonie au rythme actuel conduirait sur ce bassin, à l'horizon 2050, à une baisse moyenne de 12 % des précipitations pendant la saison humide, et de 21 % pendant la saison sèche.
Ce déclin projeté est d'autant plus inquiétant qu'il concerne des régions qui " ont déjà une forte probabilité de connaître des sécheresses accrues d'ici à la fin du siècle si la température globale augmente de 3 ºC ", écrit Luiz Aragao, chercheur à l'université d'Exeter (Royaume-Uni), dans un commentaire publié par Nature.
Les conséquences de cette superposition d'effets " aridifiants " - déforestation et réchauffement - " pourraient être énormes ", poursuit Luiz Aragao. En termes écologiques, mais aussi économiques.
D'abord, ce double effet " aurait un impact sévère sur ce qui resterait de forêt, menant possiblement à des conditions trop sèches pour lui permettre de persister ", détaille Simon Lewis. Une spirale de déclin s'enclencherait alors et, même à penser que la déforestation pourrait cesser complètement, le massif forestier serait condamné à long terme.
Ensuite, une réduction importante des précipitations ne menacerait pas uniquement la forêt elle-même, mais également les activités agricoles du bassin amazonien, qui génèrent aujourd'hui environ 15 milliards de dollars par an (environ 12 milliards d'euros) de revenus selon l'Institut géographique et statistique brésilien. En outre, comme le souligne Luiz Aragao, l'hydroélectricité amazonienne, couvre environ 65 % des besoins électriques du pays. Or l'efficacité des barrages hydroélectriques est liée au débit des fleuves, donc partiellement aux précipitations.
Cependant, les travaux menés par M. Spracklen ne sont pas une étude dite " d'attribution " : ils n'évaluent pas les poids relatifs de la variabilité naturelle du climat, du réchauffement en cours et de la déforestation dans les derniers grands épisodes secs qui ont tout récemment frappé la zone. En 2005, une première grande sécheresse avait été qualifiée de " sécheresse du siècle ", avant d'être détrônée, seulement cinq ans plus tard, par un épisode plus sévère encore.
L'analyse de ces deux phénomènes exceptionnels, conduite par Simon Lewis et publiée en février 2011 dans la revue Science, avait montré qu'en cas de récidive de tels événements la forêt amazonienne pourrait ne plus jouer son rôle d'éponge à dioxyde de carbone (CO2) - elle absorbe et stocke plus d'un milliard de tonnes de CO2 chaque année -, mais qu'elle pourrait, au contraire, devenir émettrice de gaz à effet de serre.
Une dangereuse volte-face, qui perturberait le cycle du carbone mais aussi... les mécanismes économiques internationaux de compensation-carbone fondés sur le rôle de régulateur climatique de la forêt pluviale.
L'étude publiée est en tout cas, estime M. Lewis, " une raison supplémentaire pour utiliser les terres déjà défrichées de manière plus efficace et arrêter de convertir la forêt pluviale en terres agricoles ".
Stéphane Foucart
© Le Monde