10/11/2014

Comment peut-on être aussi aveugle ?

19/12/2013

A Gao, la population dénonce les carences de l'Etat malien


 20 décembre 2013

Gao (Mali) Envoyée spéciale
L'armée française, qui finance des programmes de réhabilitation, jouit d'une bonne popularité


Cela fait trois jours qu'il souffle sur Gao. Un vent de sable qui s'insinue partout, assèche et enveloppe la ville d'une drôle de brume. Pour y échapper, ce matin-là, plusieurs militaires ont enroulé un chèche autour de leur bouche et de leur nez. Comme chaque jour, les soldats de la force française " Serval " patrouillent, en blindé et à pied, dans la ville. Ils appartiennent au 92e régiment d'infanterie de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et sont presque au bout de leur mission de quatre mois. " Le plus délicat, c'est de rester vigilant jusqu'au bout, de ne pas se laisser piéger par l'habitude ", explique le lieutenant Thomas.
Gao, la grande cité du nord du Mali, a été libérée le 26 janvier par les forces françaises et maliennes des groupes islamistes qui l'occupaient. Aujourd'hui, la ville reste sous haute protection. Aux côtés des casques bleus de la Minusma, et de l'armée malienne, 1 400 soldats français (sur 3 000) y sont déployés. Dans les rues, dix mois après le départ des djihadistes, le soulagement est toujours palpable chez ceux qui ont subi la loi d'airain des groupes armés. Maître de la ville à partir d'avril 2012, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) s'y était livré à de nombreuses exactions, avant de se faire chasser, en juillet 2012, par son allié du Mujao, une émanation d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui avait à son tour imposé un ordre islamique implacable. " Ils frappaient les gens et voulaient nous obliger à porter ce truc-là ", raconte Ami Diallo, une marchande de fruits, en montrant un niqab.
Depuis, Gao a retrouvé un semblant de normalité. Les radios recommencent à diffuser de la musique ; l'activité économique reprend, elle aussi, progressivement. Au marché Damien-Boiteux, baptisé en hommage au premier soldat français tué au Mali, les marchandes de poisson, d'igname et d'épices se sont réinstallées.
Pourtant, la situation reste fragile. Les autorités maliennes ne sont qu'en partie revenues. Un gouverneur et un préfet sont présents à Gao, mais toutes les administrations sont loin d'avoir repris leur place. Et si une partie de la population qui avait fui la ville est rentrée, tous les déplacés ne sont pas revenus, notamment des Arabes et des Touareg qui craignaient des représailles. " Ça va mieux, confirme Mme Cissé, professeur de français, mais les gens ne se sentent pas encore totalement tranquilles. "
Déplacements risqués
Gao reste sous la menace d'actions ciblées des djihadistes qui, même s'ils sont affaiblis, conservent une capacité de nuisance. " Ce que l'on craint le plus, c'est l'action d'opportunité, comme ce qui s'est passé à Kidal avec les deux journalistes de RFI ", explique le colonel Christophe Combi, depuis le vaste camp Serval installé près de l'aéroport. Des petits groupes infiltrés dans la ville qui frappent, selon les circonstances, les symboles de l'Etat malien, ses alliés étrangers ou leurs ressortissants, avec l'aide de complicités locales. Depuis la fin de la saison des pluies, les déplacements sont plus faciles, accentuant les risques. A trois reprises, en septembre, octobre et novembre, la ville a été la cible de tirs de roquettes. " Tous tirés de la même zone, à 15-20 km, au nord de Gao ", décrit le colonel Combi. Sécuriser une agglomération est une chose, contrôler les vastes zones alentour quasi désertiques en est une autre.
Face à cet ennemi presque invisible, se rapprocher des populations est un enjeu clé pour les militaires français. " Ici, nous avons financé la rénovation de plusieurs salles ", explique ce jour-là le colonel Combi, au tribunal de Gao. Le bâtiment, à moitié détruit, avait été pillé par les occupants. Les papiers gisent encore dans la cour du bâtiment. Ces travaux permettront sa réouverture en janvier. Outre le palais de justice, Serval a participé à la réfection de l'institut de formation des maîtres et à celle d'un marché. A Radio Hanna, une station locale, c'est un don de matériel qui a été fait : des panneaux solaires et du matériel électrique. Si elles ne représentent pas des sommes colossales, ces actions civilo-militaires visent à renforcer la popularité de Serval et tisser des relations de confiance avec la population, précieuses pour obtenir des renseignements sur les mouvements suspects.
Dans les rues de Gao, la cote de popularité des militaires français reste pour le moment intacte. Pour beaucoup, Serval est synonyme de sécurité. Le mécontentement se tourne vers l'Etat malien. " Avant le conflit, 50 % des jeunes étaient au chômage ici. Aujourd'hui, c'est 90 % ", assure un habitant. En octobre, une manifestation a réuni un millier de personnes. Elles dénonçaient l'absence de l'Etat, l'insécurité, le manque d'emplois, les pénuries d'eau et d'électricité, la corruption, autant de maux qui existaient avant la crise de 2012. A Gao, les habitants espèrent beaucoup plus qu'un retour à la normale.
Charlotte Bozonnet
© Le Monde






33,6 millions d'euros accordés par le FMI
Le Fonds monétaire international a annoncé mercredi 18 décembre avoir accordé un nouveau plan d'aide de 46 millions de dollars (33,6 millions d'euros) au Mali. En échange, Bamako devra mettre en œuvre un certain nombre de réformes. Les perspectives économiques du pays (6,6 % de croissance attendue en 2014) font face à des risques liés à la production agricole et à la dépendance de l'économie vis-à-vis des cours du coton. Surtout, estime le FMI, " tout recul dans la consolidation de la paix pourrait (…) faire dérailler la reprise ".

Des soldats du 92 - sup - e - /sup - régiment d?infanterie de Clermont-Ferrand patrouillent dans une école de Gao, le 17 décembre.
PATRICK ROBERT POUR " LE MONDE "

17/10/2013

Le Fonio, ancêtre des céréales d’Afrique




dimanche 20 janvier 2013 / par Antoine Ganne

Le Fonio, de son nom scientifique Digitaria exilis (fonio blanc) ou Digitaria iburua (fonio noir), est considéré comme la céréale la plus ancienne d’Afrique. Longtemps délaissée, elle est depuis quelques années réintroduite dans la culture africaine en raison de sa croissance rapide et de ses grandes qualités nutritionnelles.

Dans la cosmogonie du peuple Dogon, au Mali, la graine de fonio, appelée põ, constitue le « germe du monde ». En couscous, beignets ou farines, le fonio est l’une des céréales les plus courantes en Afrique de l’Ouest. Elle a des vertus nutritionnelles importantes et, facile à digérer, elle est même recommandée aux diabétiques ! Pourtant sa culture a longtemps été freinée car jusqu’à l’introduction de nouvelles machines, il fallait près de deux heures pour piler deux kilos de graines. A compter du début des années 90, le fonio a connu une véritable démocratisation avec l’invention par Sanoussi Diakité, un enseignant de Dakar, du « décortiqueur ». Cette machine qui coûte environ 1000-1500 € permet d’épargner le long labeur du pilage en augmentant la productivité et le rendement à 75 kg en 2 heures.
Se contentant de sols pauvres, non fumés et adaptée aux pluviométries variables, la culture du Fonio a redémarré avec la mécanisation et le soutien financier de l’Union européenne (UE) pour le développement de la compétitivité de la filière. Cela doit permettre, en plus de l’utilisation sur les marchés locaux, de pouvoir exporter les surplus vers l’Europe ou les Etats-Unis.
La Guinée reste le premier producteur avec 222 000 tonnes, devant le Nigeria, 80 000 tonnes, le Mali, 26 000 tonnes, la Côte d’ivoire 14 000 tonnes et le Burkina Faso 9 500 tonnes. Au total, un peu moins de 500 000 hectares sont exploités.
Une céréale bien adaptée à la cuisine
Le fonio est une denrée de grande qualité au plan culinaire et diététique. Elle est plébiscitée pour ses propriétés gustatives et nutritionnelles exceptionnelles. « Plus riche que les autres graines en calcium, magnésium, zinc et manganèse, il contient également deux fois plus d’acides aminés que les autres céréales » annonce Top Santé. Très digeste, il est en outre parfaitement recommandé pour l’alimentation des enfants, des personnes âgées et pour les personnes souffrant de surpoids.
Le plus souvent consommé sous forme de couscous ou de bouillie épaisse, le fonio peut également être cuisiné en salade, beignets ou même en dessert. Le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) qui lui a même consacré un site conclut par un proverbe populaire qui résume bien son utilité : « Le fonio ne fait jamais honte à la cuisinière ».
- Découvrez quelques recettes à base de Fonio
- Lire aussi : L’Afrique et son haricot magique, le niébé

Alimentation : 842 millions d’affamés et 1,3 milliard de tonnes de nourriture jetées