19/06/2011

Une nouvelle association locale LACIM à AUBIERE dans le Puy de Dôme

Ce nouveau groupe local LACIM sur AUBIERE a pour vocation première de développer des jumelages avec des villages de la commune de ROLLO au BURKINA FASO en renforçant les synergies possibles du fait de la coopération décentralisée institutionnelle entre AUBIERE et ROLLO.
Vous pouvez visiter le blog de LACIM-AUBIERE : http://lacim-aubiere.blogspot.com/
et celui de AUBIERE - ROLLO : http://aubiere-rollo.blogspot.com/

17/06/2011

Une muraille pour verdir le Sahel


18 juin 2011
ECOLOGIE

Widou (région du Ferlo, Sénégal) Envoyée spéciale
Faire pousser des millions d'arbres, du Sénégal à Djibouti, pour lutter contre la désertification, telle est l'ambition d'une initiative panafricaine lancée en 2007. Un défi scientifique, technique et humain

La saison des pluies a commencé dans le reste du pays. Mais à Widou, au coeur du Ferlo, dans le nord du Sénégal, les premières gouttes de pluie ne tomberont pas avant fin juillet. En cette période redoutée de soudure, le gros des troupeaux de zébus, de moutons et de chèvres a, sous la baguette des bergers peuls, migré vers le sud, en quête de pâturages.
Ici, sur la terre ocre-brun desséchée, il ne reste qu'un piteux tapis herbacé broyé par le soleil et le piétinement des bêtes. La vie du village et des dizaines de hameaux qui peuplent les alentours est rythmée par un ballet précis de convois venant s'abreuver au forage et remplir leurs réservoirs de fortune avant de reprendre la route. Scène familière du Sahel.
A quelques centaines de mètres de là, pourtant, une autre histoire cherche à s'écrire, dans un laboratoire à ciel ouvert. Dans la pépinière construite par l'Office des eaux et forêts, les hommes s'affairent, arrosoir à la main. Les femmes, courbées sur des rangées de petits conteneurs en plastique, repiquent les plants qui à l'arrivée des premières pluies devront être prêts pour être mis en terre. Cette année, il faut en préparer 390 000. Widou fait partie des premières communautés retenues par le gouvernement sénégalais pour mettre en oeuvre le projet de " grande muraille verte ", une initiative panafricaine lancée en 2007 par l'Union africaine, et dont l'objectif est d'ériger un couloir arboré de 7 600 km de long, de Dakar à Djibouti, et de 15 km de large pour freiner l'avancée du désert. Onze pays y participent, mais le Sénégal - avec 535 km prévus - est le premier où le projet commence à prendre forme.
Portant beau dans son treillis camouflage, casquette vissée sur la tête, le colonel Matar Cissé, ingénieur des Eaux et forêts, l'admet sans peine : " La "grande muraille verte" est un projet fou. " Mais il évacue rapidement l'idée selon laquelle il s'agirait de construire un mur étanche de quinze kilomètres d'épaisseur. " Cela n'aurait pas de sens. Il est plus juste d'imaginer que nous allons densifier le couvert forestier là où cela est possible, aménager des rétentions d'eau, créer des réserves naturelles pour la grande faune, qui a aujourd'hui quasiment disparu, tout en tenant compte des grandes routes de parcours des troupeaux. " Pour lui, l'image de la " muraille " vaut parce qu'il est positif de montrer " qu'on choisit de coloniser le désert plutôt que de le subir ".
Directeur de l'Agence nationale de la " grande muraille verte ", Matar Cissé est chargé de transformer cette utopie en réalité. " Nous allons réussir, nous nous sommes entourés des meilleurs scientifiques et nous avons aussi une certaine expérience ", assure-t-il avec un grand sourire. Depuis 2008, le reboisement progresse de 5 000 hectares environ par an. " Cela n'était jamais arrivé ", souligne son adjoint, Pape Sarr, chargé des opérations techniques.
Au fil des campagnes, agronomes, botanistes, spécialistes des sols, améliorent leurs interventions. Il a d'abord fallu sélectionner les espèces à planter. Sept ont été retenues en fonction de leur capacité d'adaptation à la rudesse du milieu, mais aussi pour les services qu'elles rendent à la population. Acacia Sénégal pour la gomme arabique, balanites pour ses baies et l'huile qui peut être extraite de son noyau, zyzyphus pour ses fruits... " Nous devons planter des arbres que les populations n'aient pas intérêt à couper ", explique Aliou Guissé, professeur en écologie végétale à l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (UCAD). La distance entre les arbres a dû être agrandie pour limiter la compétition entre les plants. " Les sols sont ici déstructurés à l'extrême et, pour que le reboisement soit viable, il faut qu'il se recompose et héberge davantage de bactéries. C'est une des contraintes importantes du projet. Nous devrons attendre sept ou huit ans avant de savoir si cela s'est produit ", avertit René Bally, directeur de recherches au CNRS.
Les parcelles reboisées - d'une superficie de 500 à 2 000 hectares - sont entourées de clôtures pendant cinq ans. Les éleveurs peuvent y avoir accès en demandant une autorisation. " Je leur rappelle les règles, pas de coupe-coupe et pas d'allumettes pour ne pas risquer le feu, puis je leur délivre un laissez-passer qui leur permet de venir faucher l'herbe pour leurstroupeauxou pour le vendre ", raconte le sergent Omar Faye.
Défi technique, la " grande muraille verte " est aussi et peut-être surtout un défi humain. " Si nous ne parvenons pas à convaincre que ce projet est porteur d'une vie meilleure pour les habitants, nous ne réussirons pas ", redoute Aliou Guissé. Avec une trentaine de techniciens, l'Agence de la " grande muraille " n'a pas les moyens d'avoir une forte présence sur le terrain et ce sera bientôt à la population elle-même de veiller à la pérennité de l'ouvrage. Comme de celle de ce jardin maraîcher de 7 hectares créé à la sortie de Widou, où 300 femmes produisent tomates, salades, melons, pommes de terre... Elles ont appris à semer, repiquer, traiter les légumes malades, doser l'engrais, récolter... " L'an dernier, les femmes ont tiré de la partie de la récolte qu'elles ont vendue au marché plus de 1 million de francs CFA (1 500 euros) ", se félicite l'ingénieur agronome Momar Mbaye Ba, chargé de cette activité.
" D'ici à trois ans, nous serons autonomes, on commence à y penser ", reconnaît Fatou Aïdara, présidente de la commission maraîchage. Elle vit ici depuis toujours, a vécu les grandes sécheresses des années 1970 et 1980, au cours desquelles hommes et troupeaux sont morts. Elle a aussi connu les espoirs sans lendemain des projets de développement imaginés par la coopération internationale et veut croire que, cette fois-ci, les promesses seront tenues.
Dans quelques semaines, des centaines d'étudiants de l'UCAD, des médecins fraîchement diplômés, des professeurs de lettres viendront donner de leur temps pour faire avancer la " grande muraille verte ". Ils aideront la population à planter les arbres, offriront à certains leur première consultation médicale, enseigneront des rudiments d'écriture. Il en faudra bien sûr beaucoup plus pour transformer le Ferlo, mais voir l'engagement de ces élites a de quoi rendre optimiste.
Laurence Caramel
© Le Monde
 




 

02/06/2011

Microbanque dans l'Inde profonde


3 juin 2011
 Une habitante de Patwapur finalise une opération bancaire en plaçant son pouce sur une machine biométrique. 
Patwapur (Inde) Correspondant
Terminal biométrique en main, des correspondants bancaires sillonnent les villages indiens les plus reculés. Leur but : ouvrir un compte à chacun
Les habitants de Patwapur se souviennent encore du jour où un coffre-fort est arrivé dans leur petit village aux ruelles désertes, situé à quatre heures de Delhi. " On nous a expliqué que notre argent pouvait être placé en sécurité, autre part que sous un matelas ou une armoire, et qu'il rapporterait des intérêts ", se souvient Seema, une paysanne aux mains calleuses.
Autrefois réservées aux seuls citadins indiens, des banques, qui parfois ne prennent pas plus de place qu'un terminal électronique, font leur apparition dans les villages. A Patwapur, ceux qui travaillent dans la salle du coffre, vêtus de tee-shirt et de casquettes rouges, n'utilisent qu'un ordinateur relié à Internet ainsi qu'un appareil qui ressemble à un terminal à carte bancaire. Lorsqu'un client introduit sa carte et pose son doigt sur la machine, immédiatement identifié, il peut effectuer des transactions. Seules les opérations de retrait ou de dépôt d'argent sont pour l'instant autorisées.
Les correspondants bancaires sont employés par la SEED, une organisation mandatée par la Punjab National Bank pour ouvrir des comptes dans les régions les plus reculées de l'Haryana, un Etat du nord du pays.
Le gouvernement a ordonné à toutes les banques d'étendre leur présence dans les villages de plus de 2 000 habitants, d'ici à mars 2012. Aujourd'hui, seuls 41 % des Indiens utilisent un compte, et 5 % des 600 000 villages possèdent une agence bancaire.
A Patwapur, ce sont surtout les femmes qui attendent d'être servies dans la salle du coffre-fort qui tient lieu de banque. " L'argent qu'on a chez soi, on le dépense. L'argent qu'on a sur un compte en banque, on l'épargne, et c'est surtout ça de moins dépensé par nos maris ", annonce fièrement Sudesh Dahiya, l'index posé sur la machine, et un billet équivalant à 1,50 euro serré dans l'autre main. Sa voisine approuve : " Certains hommes du village ont ouvert des comptes en ville, mais ce n'est que pour les grosses sommes. Cela prend du temps d'y aller et ça coûte cher en transport. Et ils sont les seuls à avoir le droit d'y aller. "
Le maire du village voisin, qui jure n'avoir touché à aucune roupie de subvention destinée à ses ouailles, attend avec impatience l'arrivée de comptes bancaires. " Aller chercher autant d'argent en espèce à des dizaines de kilomètres d'ici pour les redistribuer au village, c'est dangereux ! ", s'exclame Baburam Yadav.
Pour le gouvernement, la création de ces comptes permet de réduire la corruption. En Inde, les subventions de l'Etat passent de main en main avant d'arriver au bénéficiaire. Et il arrive que même les morts continuent de recevoir des allocations. Désormais chaque roupie dépensée par le gouvernement arrivera directement sur le compte en banque du bénéficiaire. Le gouvernement indien pourrait ainsi économiser jusqu'à 16 milliards d'euros chaque année, selon les estimations du cabinet de conseil McKinsey.
Ouvrir un compte à tous les habitants du pays : la tâche est gigantesque. Les banques ont dû se convertir aux nouvelles technologies tout en revenant aux fondamentaux de leur métier. " Ce n'est pas l'agence qui fait la banque, mais plutôt le compte bancaire ", glisse l'un des employés de la SEED à Patwapur. Le compte peut se gérer en temps réel, d'un téléphone portable comme d'une petite machine portative reliée au système informatique de la banque, quel que soit l'endroit où l'on se trouve.
Grâce à ces progrès techniques, la banque se déplace également à domicile. Des correspondants font la tournée des villages à moto, avec leur machine et quelques liasses de billets dans un sac qu'ils portent en bandoulière. Ils sont embauchés à plein-temps par les banques, mais d'autres correspondants des agences, épiciers ou instituteurs à la retraite, peuvent travailler en indépendants, rémunérés à la commission sur les opérations effectuées. Grâce à eux, les banques ont réduit le coût des opérations, de 1 dollar, en moyenne, en agence, à 0,10 dollar.
Pour que les comptes ouverts soient utiles, encore faut-il qu'ils ne soient pas des coquilles vides. Les clients doivent d'abord apprendre à se servir de leur compte. " Nous considérons l'alphabétisme financier et l'inclusion financière comme deux piliers inséparables ", a déclaré le 10 mars Duwuri Subbarao, le gouverneur de la Banque centrale indienne, qui a prévu d'ouvrir des centres de conseil sur le crédit ainsi que sur l'alphabétisme financier dans tous les districts du pays.
Les clients sont également incités à utiliser leurs capacités financières. Les propriétaires terriens ont par exemple droit à la " kisan card ", qui leur permet d'emprunter jusqu'à 500 euros pour acheter semences et engrais et payer la main-d'oeuvre en attendant la saison de la récolte. Les autres bénéficient d'avances de trésorerie allant jusqu'à 10 euros.
Bientôt la SEED espère même proposer des services financiers comme des microcrédits, des produits d'assurances, et pense même vendre des lampes solaires. " Pour l'instant, estime Mohan Tanksale, directeur de la Punjab National Bank, les besoins des clients en milieu rural sont très limités, contrairement à ceux des zones urbaines. Mais dans les villages, le marché n'est pas saturé, il va donc connaître une forte croissance. "
Les campagnes n'avaient jusque-là connu que les organismes de microfinance, accusés dans certains districts de conduire les villageois au surendettement et parfois au suicide. Or le métier de banquier ne s'improvise pas. Il faut proposer des crédits à des taux raisonnables et surtout s'assurer de la solvabilité des emprunteurs.
" Depuis la crise de la microfinance en 2010, on s'intéresse beaucoup à notre modèle ", témoigne Ronita Chatterjee, responsable du développement à la SEED. En 2010, des paysans surendettés, dans l'Andhra Pradesh, ont refusé de rembourser leurs emprunts et s'en sont violemment pris aux organismes de microfinance. En réaction, des régions ont mis en place des réglementations plus strictes pour encadrer l'activité des banques et protéger les emprunteurs, fragilisant encore davantage le secteur. Le leader Indien, SKS Microfinance, dont l'introduction en Bourse en août 2010 avait été couronnée de succès, a subi de plein fouet cette crise. L'entreprise, qui doit faire face à des défauts de paiement en cascade, a accumulé des pertes de 11 millions d'euros au premier trimestre. Les analystes financiers de JP Morgan Chase & Co estiment que ses pertes devraient atteindre les 115 millions d'euros.
Contrairement aux organismes de microfinance qui ne ciblent que les clients capables d'emprunter, les banques devront ouvrir des comptes, même aux plus démunis. " J'insiste sur le fait que nous promulguons l'inclusion financière à travers un modèle centré sur les banques. C'est donc aux banques de relever le défi ", a réaffirmé KC Chakraborty, le gouverneur adjoint de la Banque centrale indienne en juin 2010. Le gouvernement a dans sa ligne de mire les usuriers locaux qui pratiquent des taux d'intérêt extravagants. Le quart des agriculteurs indiens dépendent encore exclusivement d'eux pour emprunter de l'argent.
Si ces usuriers choisissent de devenir un jour des correspondants bancaires, alors l'Inde aura sans doute réussi son pari de l'inclusion financière.
Julien Bouissou
© Le Monde

Afrique : la ruée vers les agrocarburants


3 juin 2011
LE BLOG DU JOUR " Eco(lo), chroniques pour une économie sociale et durable ", par Audrey Garric


Quelles sont les entreprises qui se ruent sur les terres cultivables africaines afin de produire des agrocarburants ? Le Guardian a mené l'enquête sur cette source d'énergie controversée, accusée de réduire les surfaces consacrées aux cultures, essentiellement dans les pays en développement, et de favoriser la flambée des prix alimentaires pour permettre aux voitures occidentales de fonctionner.
Dans un article publié mercredi 1er juin, il démontre l'importance croissante du phénomène. S'il n'y a pas de recensement officiel des projets, le quotidien assure avoir dénombré pas moins de 100 projets de production dans une vingtaine de pays du continent, émanant de 50 entreprises étrangères.
Dans cette liste des pays investisseurs, à l'affût de la moindre parcelle de terre, le Royaume-Uni tient le haut du pavé. Sur les 3,2 millions d'hectares réservés pour la production d'agrocarburants en Afrique subsaharienne, plus de la moitié sont ainsi liés à onze sociétés britanniques.
" Accès prioritaire à l'eau "
Le champion en la matière est le groupe Crest Global Green Energy, qui détiendrait à lui seul 900 000 hectares au Mali, en Guinée et au Sénégal. Vient ensuite Gem Biofuels, avec quelque 450 000 hectares à Madagascar.
L'Italie se place sur la deuxième marche du podium, avec sept entreprises implantées en Afrique, suivie par l'Allemagne (six), la France (six) et les Etats-Unis (quatre). Le Brésil et la Chine acquièrent aussi des terres en Afrique pour produire des agrocarburants et de la nourriture, même si, dans l'immédiat, l'enquête a mis au jour seulement une poignée de projets concrétisés.
Si certaines de ces entreprises génèrent des profits pour les pays dans lesquels elles sont implantées, grâce aux investissements, à l'emploi et à l'utilisation locale des agrocarburants, la majorité n'entraînent pas de retombées positives locales, estime Lorenzo Cotula, chercheur à l'Institut international pour l'environnement et le développement, qui a analysé des contrats de transactions foncières en Afrique. " Certains de ces contrats ne contiennent que des promesses vagues et inapplicables. D'autres ont des baux de cent ans, pour un loyer très faible et même, parfois, un accès gratuit et prioritaire à l'eau, précise-t-il. Les grandes plantations commerciales chassent par ailleurs les communautés rurales de leurs terres. "
Denrées de base plus chères
Surtout, l'utilisation croissante des terres agricoles afin de produire de l'énergie est de plus en plus contestée dans le monde car elle est accusée de menacer les écosystèmes et d'alimenter la flambée des prix des produits alimentaires, en réduisant les surfaces consacrées à leur culture.
De plus, alors que les agrocarburants, favorisés par la décision de l'Union européenne de pourvoir 10 % de l'énergie nécessaire aux transports par des énergies renouvelables en 2020, sont présentés par leurs partisans comme moins polluants que le pétrole, certains experts contestent leur bilan en matière d'émissions de gaz à effet de serre.
Cette enquête sur la ruée vers les terres africaines coïncide avec un rapport de l'ONG Oxfam prévoyant que le prix des denrées de base va plus que doubler au cours des vingt prochaines années. L'enquête identifie les agrocarburants comme l'une des principales causes et exige que les gouvernements occidentaux mettent fin à leurs politiques en la matière.
http://ecologie.blog.lemonde.fr/
" Eco(lo) "
© Le Monde