n° 966 07.05.2009
Deux ans après l’élection de Nicolas Sarkozy, les espoirs de justice qu’il a suscités pour l’Afrique se sont envolés. La Françafrique est toujours bien présente et Omar Bongo, toujours en cour.Le président français, Nicolas Sarkozy, fête ses deux ans de présence à l’Elysée. Déjà ! Le temps passe si vite ! Car on se souvient comme d’hier de la cérémonie d’investiture, du brillant discours qu’il a prononcé pour l’occasion, dans lequel il affichait sa ferme volonté de changement, d’innovation et de rupture. A l’époque, et vu d’Afrique, il forçait l’admiration. Mais, deux années plus tard, les Africains n’affichent plus les mêmes convictions et, surtout, ne nourrissent plus les mêmes ambitions. Car, quelque part, Sarko les a déçus. La rupture annoncée n’a pas eu lieu. Et si elle a eu lieu, elle ne s’est pas opérée dans la direction que l’on l’attendait. Les pontes africains de la désormais célèbre Françafrique sont toujours là, plus que jamais solidement installés, agrippés à des fauteuils présidentiels [africains] presque synonymes de pouvoir à vie. Les démarches judiciaires que l’on osa entreprendre contre certains d’entre eux, au regard de leurs fortunes colossales, si elles n’ont pas été balayées d’un revers de la main, ont néanmoins fini sous l’éteignoir. Plus que jamais, la Françafrique règne. Peuples africains, tremblez de tous vos os !
Mais il y eut aussi le désormais fameux “discours de Dakar”, discours au cours duquel l’Africain réalisa avec stupéfaction qu’il n’était pas entré dans l’Histoire. La petite phrase serait restée inaperçue si elle avait été prononcée par un quidam. Mais, venant de la part du chef de l’Etat français, elle avait de quoi surprendre et valait sans doute son pesant de supputations. L’un des tout premiers chefs d’Etat à être reçu par le nouveau locataire de l’Elysée sera le Gabonais Omar Bongo. Et la toute première visite du président français fraîchement élu se fera en terre… gabonaise. On prend acte, mais le plus douloureux dans cette affaire, c’est qu’on ne peut même pas qualifier de “gaffes” ces faits et gestes de Sarkozy. Ils traduisent les options et les convictions d’un homme qui sait ce qu’il fait, agit à bon escient et choisit librement ses amis. Tant pis pour ceux qui, sur le continent noir, en attendaient autre chose. Les crises politico-diplomatiques sont légion : l’Algérie, la Côte-d’Ivoire, Djibouti, le Mali, le Rwanda. Ce dernier pays, sous la houlette de l’intrépide Kagame, ira jusqu’à renoncer à la francophonie pour frapper à la porte du Commonwealth. Plus qu’une crise de confiance, on constate aujourd’hui comme un sentiment de lassitude qui se traduit par un sentiment antifrançais dans certains pays africains.
Paradoxalement, l’ère Sarkozy se présente comme du pain bénit pour bon nombre de chefs d’Etat africains. Preuve s’il en fallait que l’officiel est souvent à mille lieues du populaire. La France de Sarkozy est plus que jamais présente sur le continent africain avec ses argentiers et ses multinationales. De juteux contrats s’établissent avec la bénédiction de gouvernants africains, qui traitent et signent au nom de leurs pays. Les tout-puissants groupes Bolloré, Bouygues, Total, Elf sont désormais ancrés sur le continent au point qu’on finit par se demander s’ils le quitteront un jour.
Et c’est là aussi que le paradoxe choque et révolte. La rupture annoncée n’aura imposé que l’immigration choisie, privant de nombreuses contrées de la manne indispensable à la nécessaire survie. En contrepartie, les nations africaines devront subir le choix de lourdes multinationales qui n’ont comme critères que le profit et la rentabilité financière. A sa décharge, on peut le dire, Sarkozy a été élu par des Français pour des Français. Devait-on s’attendre à le voir mettre en place une politique qui vise essentiellement au bien-être de l’homme africain ? On peut se permettre d’en douter. Bien au contraire, les Africains seraient bien inspirés de prendre l’initiative de la vraie rupture, celle qui conduit à choisir, diversifier ses amis, relations et partenaires. Que l’ancienne métropole ne le voie pas d’un bon œil ne regarde qu’elle, en définitive.
Car cette France-là, sous Sarko, a fini de faire la preuve que de Gaulle avait raison : elle n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts. Vu d’Afrique, la rupture promise par Sarkozy se fait toujours attendre. Et elle risque sans doute de jouer pour toujours l’Arlésienne. Les peuples de ce continent espéraient de la fermeté contre les dictateurs, ainsi qu’une promotion réelle de la véritable et saine démocratie. Ils ont dû déchanter. Ils n’auront vu à la place que des cautions apportées à des régimes totalitaires et impopulaires, justifiées par la recherche effrénée d’un partenariat gagnant-gagnant avec des dictatures qui règnent de manière éhontée et gèrent à leur profit les misères de leurs peuples.
Mais il y eut aussi le désormais fameux “discours de Dakar”, discours au cours duquel l’Africain réalisa avec stupéfaction qu’il n’était pas entré dans l’Histoire. La petite phrase serait restée inaperçue si elle avait été prononcée par un quidam. Mais, venant de la part du chef de l’Etat français, elle avait de quoi surprendre et valait sans doute son pesant de supputations. L’un des tout premiers chefs d’Etat à être reçu par le nouveau locataire de l’Elysée sera le Gabonais Omar Bongo. Et la toute première visite du président français fraîchement élu se fera en terre… gabonaise. On prend acte, mais le plus douloureux dans cette affaire, c’est qu’on ne peut même pas qualifier de “gaffes” ces faits et gestes de Sarkozy. Ils traduisent les options et les convictions d’un homme qui sait ce qu’il fait, agit à bon escient et choisit librement ses amis. Tant pis pour ceux qui, sur le continent noir, en attendaient autre chose. Les crises politico-diplomatiques sont légion : l’Algérie, la Côte-d’Ivoire, Djibouti, le Mali, le Rwanda. Ce dernier pays, sous la houlette de l’intrépide Kagame, ira jusqu’à renoncer à la francophonie pour frapper à la porte du Commonwealth. Plus qu’une crise de confiance, on constate aujourd’hui comme un sentiment de lassitude qui se traduit par un sentiment antifrançais dans certains pays africains.
Paradoxalement, l’ère Sarkozy se présente comme du pain bénit pour bon nombre de chefs d’Etat africains. Preuve s’il en fallait que l’officiel est souvent à mille lieues du populaire. La France de Sarkozy est plus que jamais présente sur le continent africain avec ses argentiers et ses multinationales. De juteux contrats s’établissent avec la bénédiction de gouvernants africains, qui traitent et signent au nom de leurs pays. Les tout-puissants groupes Bolloré, Bouygues, Total, Elf sont désormais ancrés sur le continent au point qu’on finit par se demander s’ils le quitteront un jour.
Et c’est là aussi que le paradoxe choque et révolte. La rupture annoncée n’aura imposé que l’immigration choisie, privant de nombreuses contrées de la manne indispensable à la nécessaire survie. En contrepartie, les nations africaines devront subir le choix de lourdes multinationales qui n’ont comme critères que le profit et la rentabilité financière. A sa décharge, on peut le dire, Sarkozy a été élu par des Français pour des Français. Devait-on s’attendre à le voir mettre en place une politique qui vise essentiellement au bien-être de l’homme africain ? On peut se permettre d’en douter. Bien au contraire, les Africains seraient bien inspirés de prendre l’initiative de la vraie rupture, celle qui conduit à choisir, diversifier ses amis, relations et partenaires. Que l’ancienne métropole ne le voie pas d’un bon œil ne regarde qu’elle, en définitive.
Car cette France-là, sous Sarko, a fini de faire la preuve que de Gaulle avait raison : elle n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts. Vu d’Afrique, la rupture promise par Sarkozy se fait toujours attendre. Et elle risque sans doute de jouer pour toujours l’Arlésienne. Les peuples de ce continent espéraient de la fermeté contre les dictateurs, ainsi qu’une promotion réelle de la véritable et saine démocratie. Ils ont dû déchanter. Ils n’auront vu à la place que des cautions apportées à des régimes totalitaires et impopulaires, justifiées par la recherche effrénée d’un partenariat gagnant-gagnant avec des dictatures qui règnent de manière éhontée et gèrent à leur profit les misères de leurs peuples.
Les Africains l’auront sans doute compris : le second sommet de La Baule n’aura pas lieu sous Sarko. Plus, ils auront découvert qu’il leur faut se prendre en charge et assumer courageusement leur destin. Malheureusement, ils devront le faire sans aucune aide de bon nombre de leurs dirigeants. Car ces gouvernants aiment et apprécient ce qui se passe. Ils ont sans doute leurs raisons. Et ils n’entendent pas du tout changer des équipes qui gagnent, fussent-elles mauvaises. Mais c’est déjà un gain de le savoir.
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