La gestion des ressources en eau de la planète doit être complètement repensée. C'est le principal message du Congrès mondial de l'eau, actuellement réuni à Montpellier. Longtemps, l'idée a prévalu que cette ressource indispensable à la vie, bien que très inégalement répartie, était surabondante et qu'il suffisait de savoir la recueillir, la stocker et la transporter pour satisfaire les besoins des hommes. Tout était donc affaire d'infrastructures.
Cette analyse reste en partie fondée. Si un milliard de personnes dans le monde n'ont pas accès à une eau saine et si deux milliards et demi ne bénéficient pas de réseaux d'assainissement, c'est parce que les investissements nécessaires à leur approvisionnement sont colossaux et de rentabilité incertaine.
Désormais, cependant, c'est la disponibilité même de la ressource hydrique qui n'est plus tenue pour acquise, que ce soit en volume ou en qualité. A Montpellier, Michel Jarraud, le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, a souligné que " le passé ne peut plus être un indicateur fiable de l'avenir " et que " l'humanité doit s'adapter à la variabilité et à l'évolution du climat ". De fait, le réchauffement climatique, la plus grande variabilité des régimes de pluie et la multiplication des événements météorologiques extrêmes vont entraîner une diminution des quantités d'eau disponibles, alors même que les besoins de l'humanité augmentent, du simple fait de la croissance démographique. Dans le même temps, les pollutions multiples compromettent l'accès à une eau de bonne qualité.
Or, il faut approvisionner les populations en eau potable en quantité bien plus importante - ne serait-ce que pour les nourrir et leur fournir de l'énergie. Les solutions techniques à la baisse des ressources - comme les transferts d'eau entre régions ou le dessalement de l'eau de mer - seront parfois utiles, mais chères et gourmandes en énergie. Les régions menacées par le manque d'eau sont souvent les plus pauvres. Le meilleur levier d'action réside dans la maîtrise des consommations, via la refonte des politiques agricoles et le règlement des conflits interétatiques portant sur les ressources en eau. La mise en garde des scientifiques est claire : il y a urgence.
© Le Monde
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