21 septembre 2008 | |
| PAYSANS européens et ONG devaient débattre, samedi 20 et dimanche 21 septembre, dans une ambiance festive, de l'avenir de la Politique agricole commune (PAC), à Annecy. Ils ont décidé d'arriver avant les ministres de l'agriculture des Vingt-Sept, qui s'y retrouvent lundi 22 et mardi 23, dans le cadre d'un conseil informel. La France veut profiter de sa présidence de l'UE pour lancer le débat sur " l'après-2013 ", date d'arrivée à échéance de la PAC actuelle, dans l'idée, lancée par Nicolas Sarkozy, qu'une " refondation " est nécessaire. Paris voudrait voir émerger des objectifs politiques communs, avant que la discussion ne se focalise sur le budget en 2010. A Annecy, les Amis de la terre, le réseau PAC 2013, le Comité catholique contre la faim (CCFD) ou encore la Coordination européenne Via Campesina, qui attendent jusqu'à 10 000 personnes de toute l'UE, comptent défendre une " autre PAC ", celle d'une agriculture paysanne et durable. A la suite d'une manifestation, dimanche, ces associations remettront au ministre français Michel Barnier une pétition intitulée " L'agriculture est malade : soignons la PAC ". Leur discours est simple : la souveraineté alimentaire doit être assurée partout sur toute la planète. Autrement dit, il ne faut pas brader l'agriculture européenne, mais pas pour autant détruire celle des pays en développement. RÉGULATION Les ONG veulent en outre faire prendre conscience que la PAC ne concerne pas que les ministres et les agriculteurs. Pourtant, les citoyens s'y intéressent peu, tant les discussions sont engluées dans des considérations techniques sur les droits à paiement unique, les premier et deuxième piliers (les aides directes d'une part, le développement rural et l'environnement d'autre part) et autres quotas laitiers. Des points en discussion dans le cadre du " bilan de santé de la PAC ", qui doit être voté d'ici à décembre. Le discours des associations présentes à Annecy est plus proche de la vision agricole française, qui a retrouvé un certain écho avec la crise alimentaire mondiale, que de celle des pays du Nord. La France défend les exploitations familiales et soutient que l'agriculture n'est pas une marchandise comme une autre, donc qu'une régulation est utile. Comme les ONG, elle met en avant le rôle de la PAC pour l'emploi, l'environnement, l'aménagement du territoire, mais certaines associations considèrent toutefois que, sur ce point, elle n'en fait pas assez. Sur un aspect de taille, cependant, les ONG présentes à Annecy se sentent plus proches des Britanniques. " Il y a une contradiction dans le discours de Michel Barnier quand il prône la vocation exportatrice de l'Europe ", estime Ambroise Mazal du CCFD, faisant référence aux dégâts qu'ont causés en Afrique les exportations des produits européens subventionnés. Il reconnaît toutefois qu'entre les ONG des pays du Nord et celles du Sud de l'Europe une fracture existe, comme entre Etats-membres. Mais le débat ne se réglera pas à Annecy. Pour la commissaire à l'agriculture, Mariann Fischer Boel, il est trop tôt pour esquisser les contours de la future PAC, et la discussion ne peut, selon les eurocrates, être disjointe des négociations sur le budget. " Nous savons qu'après la France ni les Tchèques ni les Suédois ne poursuivront ce débat ", explique Samuel Feret, du réseau PAC 2013. " Alors, nous considérons que notre rôle est de continuer à l'animer. " Laetitia Clavreul et Philippe Ricard (à Bruxelles) © Le Monde |
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