Le capitalisme n'exige plus de se serrer la ceinture, mais de vivre à crédit
Il aura fallu un véritable tsunami financier pour qu'enfin on le comprenne : le capitalisme crée davantage de problèmes qu'il n'en résout. A l'instar des nombres naturels du théorème de Gödel, le capitalisme est un système qui ne peut être à la fois cohérent et complet. S'il reste cohérent avec ses principes, il se heurte à des problèmes insolubles ; s'il essaie de les résoudre, il doit renier ses propres fondements.
Bien avant que Kurt Gödel ne formule son célèbre théorème, Rosa Luxemburg avait publié une étude sur l'accumulation du capital où elle exposait comment la survie du capitalisme dépend d'économies non-capitalistes. La logique capitaliste n'est viable qu'à condition de s'appliquer toujours à de nouvelles " terres vierges " ; mais en les exploitant, elle entame leur virginité précapitaliste et épuise par là même les ressources nécessaires à sa perpétuation. C'est le serpent qui se mord la queue : un vrai festin, jusqu'à ce que la nourriture finisse par manquer et qu'il ne reste plus personne pour la manger...
Zygmunt Bauman
Professeur émérite de sociologie à l'université de Leeds,
auteur de " S'acheter une vie "
(éd. Jacqueline Chambon, 2008)
Traduit de l'anglais
par Myriam Dennehy
Lire la suite :Pour télécharger l'article, cliquer ici.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire