12 septembre 2013
Une étude des Nations unies évalue l'impact environnemental des pertes de produits agricoles
Les pertes agricoles et alimentaires coûtent chaque année à la planète l'équivalent de trois fois le lac Léman en eau gaspillée et occupent inutilement un tiers de sa surface agricole. La production de ces denrées non consommées provoque autant d'émissions de gaz à effet de serre que les Etats-Unis ou la Chine en six mois.
Pour rien. Dans un rapport publié mercredi 11 septembre, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) étudie les impacts environnementaux, jusqu'à présent peu connus, de cet immense gâchis. Environ 1 600 milliards de tonnes de produits alimentaires sont perdus chaque année dans le monde, soit un tiers de ce qui est produit. " L'empreinte carbone de la nourriture produite mais jamais consommée est estimée à 3 300 milliards de tonnes de CO2 ", affirme le rapport, un chiffre qui représente à peu près la moitié des émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis ou de la Chine. La production de ces denrées gaspille annuellement 250 km3 de ressources en eau et occupe 1,4 milliard d'hectares. 750 milliards de dollars Ce gâchis est évalué à 750 milliards de dollars (565 milliards d'euros) en coûts directs par la FAO, qui rappelle que la réduction des pertes agricoles et alimentaires pourrait largement contribuer à atteindre l'objectif d'augmentation de 60 % des denrées disponibles pour répondre aux besoins de la population mondiale en 2050. Selon la FAO, 54 % des pertes sont enregistrées dans les phases de production, de récoltes et de stockage. Le reste relève du gaspillage alimentaire au sens propre, au stade de la préparation, de la distribution ou de la consommation. Dans les pays riches, c'est ce dernier type de pertes qui domine. Les experts ont cherché à déterminer quels étaient les régions du monde et les produits agricoles responsables des plus importants impacts environnementaux liés aux pertes alimentaires. " Les pertes de céréales en Asie apparaissent comme un point chaud environnemental significatif ", tant pour leur bilan carbone que pour leur consommation en eau et leur utilisation de terres arables, conclut le rapport. Cela est dû notamment aux importants volumes de production en Asie du Sud et de l'Est, ainsi qu'au poids de la riziculture, qui émet de fortes quantités de méthane. Les pays riches et l'Amérique latine sont à l'origine de 80 % des pertes en viande, qui " ont un impact élevé en termes d'occupation des sols et d'empreinte carbone ", poursuivent les auteurs. Les pertes de fruits en Asie, en Amérique latine et en Europe comptent parmi les principaux responsables du gaspillage de l'eau. Pour remédier à cette situation, la FAO préconise l'amélioration des pratiques agricoles ainsi que des infrastructures de stockage et de transport dans les pays en développement. Elle estime que les pays riches ont " une responsabilité majeure en matière de gaspillage alimentaire en raison de leurs modes de production et de consommation non durables ". Gilles van Kote
© Le Monde
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