Il fait près de 40 °C et on a peine à imaginer, en parcourant les rues en terre ocre de Ouagadougou, que la capitale du Burkina Faso a récemment connu sa pire inondation depuis des décennies. Mais ici et là, des maisons en ruine, qui donnent l'impression d'avoir été bombardées, témoignent de la puissance des pluies qui ont frappé le Burkina-Faso et le Niger le 1er septembre.
Près de 300 millimètres d'eau sont tombés en dix heures à Ouagadougou, soit la moitié des précipitations annuelles moyennes. L'eau était partout, les réservoirs situés près du centre de la ville, qui forment un lac artificiel, ont submergé leurs digues, et des milliers de maisons, bâties en banco (terre séchée), se sont effondrées.
"J'avais de l'eau jusque-là, raconte Jean Kiemtarboum, un habitant de l'arrondissement de Nongr-Massom, en montrant sa poitrine. A la maison, tout a été perdu : les réserves de mil et de céréales, les animaux." Encore son habitation a-t-elle résisté à la furie des eaux... Mais les inondations ont causé la mort de neuf personnes.
Les estimations font état de 150 000 sinistrés sur une ville d'un million et demi d'habitants. La plupart d'entre eux ont été hébergés par leur famille ou des amis. Mais il reste aujourd'hui environ 50 000 personnes sans logement. Elles ont dans un premier temps été relogées dans les écoles. Mais la rentrée a eu lieu le 1er octobre, et il a fallu libérer les établissements. Alors la municipalité a commencé à installer des campements de tentes que l'on voit ici et là, disséminés dans la ville.
Des aides de diverses origines sont arrivées. Au secteur 24 de l'arrondissement de Nongr-Massom, les préparatifs s'achèvent pour les quelque 700 sinistrés du quartier. Les premières familles commencent à s'installer dans les tentes blanches offertes par le Rotary Club. Des toilettes en carton rigide sont posées, il reste à creuser les fosses d'aisance et à achever la tranchée d'arrivée d'eau, avec l'aide de l'association Oxfam.
Pour Ilboudo Karim, président du Comité environnement de la commune de Ouagadougou, les pluies du 1er septembre sont un "effet (...) du changement climatique". "Depuis 1919, selon la météo, on n'a jamais rencontré un phénomène de ce genre", assure-t-il.
Mais l'importance des dégâts découle aussi d'une urbanisation qui s'étend rapidement sans que le réseau d'évacuation des eaux suive. Citant des urbanistes, le journal L'Evénement déplore ainsi "la prolifération des lotissements et de l'habitat spontané en périphérie, dans une ambiance de spéculation foncière généralisée". "Et pendant ce temps-là, les grandes infrastructures dont la ville aurait besoin pour devenir une vraie métropole sont en attente", ajoute-t-il.
Si le gouvernement a su organiser la prise en charge à court terme des sinistrés, il a exclu de reconstruire leurs maisons. Et s'il a lancé les réparations les plus urgentes sur les ouvrages d'art, ses moyens ne lui permettent pas d'installer les réseaux hydrauliques dont la ville aurait besoin.
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