Des émeutes contre la vie chère éclatent dans de nombreux pays d’Afrique touchés par la flambée des produits de première nécessité.
LE PAYS
Ouagadougou
En quelques jours, des ministres sous pression peuvent trouver des solutions concrètes pour alléger un peu les souffrances de leurs compatriotes. Quel dommage qu’il faille si souvent passer par la violence pour arriver à cette prise de conscience !
C’est Noël, au Cameroun ! Revalorisation des salaires, des indemnités de logement, des pensions, suppression des taxes sur les produits de première nécessité ; quelques mesures concrètes pour les jeunes diplômés. Les cadeaux n’en finissent plus de pleuvoir.
Le père Noël s’appelle Paul Biya ! Et il débarque… en mars ! Très en avance, ou alors un peu tard. Mais peu importe, le chef de l’Etat camerounais semble avoir compris le message des manifestations violentes de février. On lui pardonnerait presque d’avoir sous-entendu
que les populations affamées ont pu avoir été manipulées par ceux qui convoitent son
fauteuil. Il a mis ses ministres sous pression et, en moins de dix jours, ceux-ci ont trouvé des solutions concrètes, qui dénotent une prise de conscience sans équivoque des souffrances de leurs compatriotes.
Quel dommage qu’il faille si souvent passer par la violence, et même parfois par un bain de sang, pour que les dirigeants africains perçoivent la détresse de leurs peuples ! Comme le Cameroun,
le Burkina aussi a connu des manifestations contre la vie chère. Moins meurtrières,
mais nullement plus pacifiques. De nombreux autres pays du continent sont concernés par la difficulté de la population à manger à sa faim, et leurs dirigeants auraient tort de se croire à l’abri.
Si les ministres camerounais ont su trouver aussi vite des solutions concrètes, c’est donc qu’ils pouvaient anticiper la crise.
Sur d’autres continents, ils auraient eu à rendre des comptes, et ceux qui ont manqué
à leur devoir d’alerte auraient sans doute été limogés. Il se trouve qu’en Afrique beaucoup ne voient dans les responsabilités politiques que les privilèges personnels à en tirer. Le service à rendre aux citoyens est, à leurs yeux, facultatif.
Mais alors, que comprendre, lorsque le président Biya, en marge de la distribution des cadeaux, annonce l’intensification de la lutte contre la corruption ? Peut-être veut-il dire que, dans un pays où une partie de la population ne mange pas à sa faim, le luxe insolent dans lequel vivent certains dignitaires du régime peut être écoeurant, surtout lorsque cela se fait à coups de petits
larcins indignes.
Et c’est un syndicaliste burkinabé qui résume le mieux cette indignation : “Les familles sont fragilisées ! Et plus le panier de la ménagère est vide, plus vite poussent les villas luxueuses.
Et tout ça, c’est avec notre argent !” Et cette colère-là peut, à terme, être bien plus dangereuse que les coups d’Etat militaires ou les rébellions armées.
Jean-Baptiste Placca
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