6 octobre 2011
La planète manque d'instituteurs. Au-delà des affrontements hexagonaux sur la suppression des postes et les fermetures de classes, le constat est général : il faudrait pouvoir recruter 2 millions d'enseignants supplémentaires dans le monde pour parvenir à un enseignement primaire universel d'ici à 2015, dans le cadre des Objectifs pour le développement du millénaire fixés par les Nations unies.
Et c'est là sans compter les enseignants qu'il faudra remplacer pour pallier les départs à la retraite, les démissions... Au total, le besoin en instituteurs s'élève à 8,2 millions entre 2009 et 2015, selon le constat dressé, mercredi 5 octobre, par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) à l'occasion de la Journée mondiale des enseignants. Cette future pénurie d'enseignants a été calculée à partir de projections annuelles réalisées par l'Institut de statistiques de l'Unesco.Le projet de scolariser tous les enfants du monde au moins jusqu'au niveau d'instruction élémentaire, soit 4 à 6 ans d'école, sera difficile à atteindre. Même si d'importants progrès ont été réalisés. Le taux de scolarisation dans le primaire est passé de 83 % en 2000 à 89 % en 2008, selon les derniers chiffres disponibles.
La pression démographique, inégale selon les pays, pèse sur des systèmes éducatifs déjà très surchargés. " Ce sont les pays en développement qui se trouvent aux prises avec les plus grandes difficultés pour satisfaire la demande d'enseignants ", précise l'Unesco. Sur les 112 pays qui ne disposent pas du nombre d'enseignants suffisants, l'Afrique subsaharienne représente plus de la moitié des besoins. Le nombre d'enseignants supplémentaires qu'il faudra recruter est estimé à 1 115 000. Dans nombre de pays, cela relève d'une mission impossible. Au Mozambique, par exemple, il faudrait former 18 % des jeunes de 20 ans au métier d'instituteur alors que le taux de scolarisation en lycée n'atteignait pas 10 % en 2009. Le Niger, le Tchad, l'Ouganda, la République centrafricaine ou le Burkina Faso se trouvent dans une situation comparable.
Le Nord aussi
D'autres régions vont aussi connaître un déficit important d'enseignants : les pays arabes, l'Asie du Sud et de l'Ouest, l'Amérique du Nord et l'Europe occidentale. La pénurie n'est donc pas le propre des pays en grande difficulté économique. La Suède, les Etats-Unis, l'Espagne ou l'Italie font aussi partie de la liste de l'Unesco.
En présentant ces chiffres, l'Unesco attire aussi l'attention sur les questions d'égalité entre filles et garçons dans l'enseignement. Si la composition hommes-femmes du corps enseignant varie selon les pays, leurs traditions et les contextes économiques, elle joue un rôle important sur les possibilités de recrutement futur d'enseignants. La présence massive de femmes chez les enseignants du primaire (62 % au niveau mondial) encouragera la présence de filles sur les bancs de l'école, augmentant ainsi les possibilités de former puis de recruter de nouvelles enseignantes.
Rémi Barroux
© Le Monde
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