ANALYSE
Entre rivalités régionales, Etats affaiblis, trafics et difficultés du terrain, la lutte contre les bandes islamistes se révèle complexe.
Photo prise près de Tichit, en Mauritanie. (REUTERS)
Déclarer la guerre à Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), responsable de l’assassinat du Français Michel Germaneau, comme l’ont fait Nicolas Sarkozy puis François Fillon cette semaine n’est pas chose si simple. C’est combattre un ennemi insaisissable, qui navigue dans le désert à l’image de bandes de pirates.
Le noyau dur d’Aqmi est formé de 250 à 300 combattants répartis en katibas (brigades) qui sillonnent un territoire saharien grand comme cinq fois la France, et se jouent des frontières entre l’est de la Mauritanie, le sud du Maroc et de l’Algérie, le nord du Mali et du Niger, voire une partie du Burkina Faso.
Les effectifs sont en forte augmentation depuis un an. Ils sont formés pour moitié de jeunes Mauritaniens, mais l’encadrement et les chefs sont quasiment tous algériens, issus de l’ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), à l’instar de Abdelmalek Droukdel (alias Abou Moussab Abdelwadoud), chef actuel d’Aqmi, et des deux principaux chefs de katiba, opposés par une sourde rivalité : Mokhtar Belmokhtar et Abdelhamid Abou Zeïd, le plus radical et le plus dans la ligne qaediste. Belmokhtar, qui détiendrait deux otages espagnols enlevés au début de l’année en Mauritanie, a été surnommé «Mister Marlboro» en raison de sa propension à se livrer à toutes sortes de trafics. Abou Zeïd, dont les hommes ont détenu Pierre Camatte, sait aussi négocier ses otages, mais en vue d’obtenir des libérations de «camarades». Il n’est pas impossible que, dans l’affaire Germaneau, Aqmi ait voulu redorer sa crédibilité auprès des militants après la libération récente d’un otage italien, semble-t-il contre une très grosse rançon.
Dîme. «Ce sont des hommes très résistants, qui se sont parfaitement acclimatés à un terrain et un climat extrêmement rudes, raconte un bon connaisseur de cette mouvance. Ils se déplacent en permanence, sont capables de se fondre dans le paysage.» Et quand ils sont localisés sur des images satellite, il faut plusieurs jours pour les atteindre. «On a cru que les Algériens auraient du mal à s’acclimater au désert. Non seulement ils se sont très bien adaptés, mais ils ont su rapidement tirer parti des alliances locales.» Notamment avec les tribus touaregs, qui restent les véritables maîtres du Sahara. «Les Touaregs ne sont pas spécialement gagnés par les idées salafistes. Mais ils vivent en bonne intelligence avec Aqmi, qui a compris qu’il fallait les ménager. Leurs intérêts se rejoignent : ils ne veulent pas que le désert soit borné par des frontières.» La Mauritanie est d’ailleurs en train d’installer 45 points de passages frontaliers par lesquels devront transiter tous ceux qui entrent sur son territoire par l’Est. C’est un de ces postes qu’Aqmi s’apprêtait à attaquer, entraînant le raid préventif mauritanien de la semaine dernière, auquel s’est jointe la France dans l’espoir de retrouver Michel Germaneau. «Les gars d’Aqmi ne s’en prennent jamais aux tribus touarges, ils leur achètent du bétail au prix fort, financent le forage de puits. Et ils les payent pour repérer les étrangers isolés. Ils vivent à côté d’eux et, parfois, ont même tissé des liens familiaux.» L’argent d’Aqmi provient des rançons d’enlèvements, mais aussi de la dîme prélevée sur les trafics transsahariens (drogue, cigarettes, clandestins). «C’est une logique de gangs et de territoires. Le plus fort prend son pourcentage. Aqmi ne touche pas à la drogue, mais profite largement du trafic.»
Le 26 février, l’armée mauritanienne a ainsi arraisonné un convoi escorté par des hommes équipés de mitrailleuses lourdes. Les camions, en provenance du Sahara-Occidental, fonçaient à travers le nord de la Mauritanie avec 9,5 tonnes de résine de cannabis d’excellente qualité. La filière transite via le nord du Mali et le Niger, avant de partir vers le Nord-Sinaï ou de traverser le Tchad et le Soudan pour atteindre les rives de la mer Rouge, dernière étape avant le Golfe. A l’arrivée, le kilo de cannabis se vend 4 000 dollars (3 000 euros). Ce trafic, qui représente un peu plus du tiers de la production marocaine, se monte à 300 tonnes par an. Aqmi en profite largement. Pour lutter contre le terrorisme, il faut donc aussi assécher les routes de la drogue. La coke latino traverse également le continent depuis le golfe de Guinée vers la Méditerranée, bien que le plus gros passe par les côtes. Mais s’attaquer à ce fléau implique de bousculer des intérêts bien plus vastes que les quelques dizaines de combattants d’Aqmi, sans compter les responsabilités au plus haut sommet d’Etats et d’appareils policiers souvent faibles et corrompus.
Dans la longue série de maillons faibles qui jalonnent la lutte contre Al-Qaeda au Sahel, le Mali est ce qu’un spécialiste appelle «le ventre mou». «C’est dans le nord du Mali qu’Aqmi a élu domicile. C’est le pays le plus central.» Et celui dont l’armée est la moins combative, où les tribus touaregs sont les plus puissantes et turbulentes, tout comme au Niger, grâce à la bienveillance de Kadhafi, très actif dans la région. «Vu du Mali, le combat contre Al-Qaeda est une guerre de Blancs. Ils n’y voient pas leur intérêt», explique crûment un diplomate. «Les Maliens de la rue ne se sont absolument pas sentis concernés par le sort de Michel Germaneau, renchérit un entrepreneur français de Bamako. Et l’Etat est tellement faible que ce sont les étrangers qui vont finir par prendre en charge la lutte antiterroriste avec un gros risque de retour de bâton dans la population, qu’on va persuader que c’est une guerre contre l’islam.» Pour cette raison, Washington et Paris agissent le plus discrètement possible. De plus, le Mali est la seule démocratie fonctionnelle de la région : pas question de le déstabiliser au nom de la seule lutte antiterroriste. C’est ce que Paris a compris en s’engageant à contribuer au financement de pôles de développement dans les zones de «non-Etat» du Nord malien, notamment la région d’Abeibara. «Le problème, c’est que l’aide publique au développement s’évapore avant de parvenir sur place», s’inquiète un diplomate.
«Somalisation». Les experts ne sont guère plus optimistes sur le nord du Mali, où des années d’insurrection touareg (dans les années 60 puis 80, et encore en 2006) et de répression ont laissé des rancœurs tenaces… et beaucoup d’armes. Dans les pires des scénarios, certains vont jusqu’à évoquer la crainte d’une «somalisation», avec guerre civile entre bandes armées dans le Nord et attentats à Bamako. Le président malien, Amadou Toumani Touré, dit ATT, reste donc très réticent à la manière forte. «Il sait que son armée n’a pas les moyens de combattre Aqmi, assure un expert. Et il reste persuadé qu’il y a toujours moyen de contenir la menace par le compromis. C’est une erreur.» Le 10 juin 2009, un agent de la sécurité d’Etat malienne, un peu trop actif au goût d’Aqmi, était assassiné par les jihadistes, chez lui, à Tombouctou. Dans la traque qui a suivi, l’armée a perdu 30 soldats dans une embuscade. «Depuis, explique un diplomate, ATT réclame des campagnes coordonnées, impliquant tous les pays de la région.» En attendant, ATT s’investit, allant, dans le cas Camatte, jusqu’à parler avec les ravisseurs, via des élus et des chefs tribaux.
Inaction. Après la libération de Pierre Camatte, en échange de celle de quatre prisonniers d’Aqmi au Mali (dont deux Algériens et un Mauritanien), ce qui a mécontenté Alger et Nouakchott, tous les pays concernés se sont réunis à Alger - sauf le Maroc, bien sûr - pour mettre sur pied une stratégie commune et un poste de commandement régional. Le hic, dans cette guerre de l’ombre, c’est que chacun rejette sur l’autre la responsabilité de l’échec ou de l’inaction. L’Algérie et la Mauritanie, objectifs affichés des jihadistes d’Aqmi qui y ont commis plusieurs attentats sanglants, ne se privent pas de critiquer le Mali pour sa propension à composer. Le Mali, lui, reproche à l’Algérie de ne pas donner suite à ses demandes d’entraide et de traiter directement avec les tribus touaregs. Bamako n’apprécie pas, non plus, que la Mauritanie agisse unilatéralement sur son territoire. Quant au Niger voisin, qui a subi une attaque kamikaze contre une caserne à Tiloua en mars (6 morts), il estime être l’otage des mauvaises relations entre la France, qui forme son armée, et l’Algérie, qui se montre hostile à toute présence française sur son flanc sud.
La véritable clé de la lutte contre Aqmi se trouve en fait en Algérie, le pays le plus puissant de la région mais aussi le plus opaque. C’est d’Algérie que sont originaires les cadres d’Aqmi. Même s’il arrive qu’Aqmi porte des coups sévères aux forces algériennes, comme lors de l’attaque d’un convoi de gendarmes (11 morts), le 30 juin à Tinzaoutine, dans l’extrême sud, la menace jihadiste y est en nette régression. Et il n’est pas exclu qu’Alger soit content de se débarrasser du problème vers ses voisins méridionaux. Surtout, l’Algérie n’aime pas partager ses informations avec les pays concernés, soit parce qu’ils frayent avec la France (qui forme les armées mauritanienne, malienne et nigérienne), soit parce qu’ils sont trop proches de l’ennemi juré marocain, comme c’est le cas de Nouakchott et, de plus en plus, de Bamako. «Au final, rien n’avancera tant que l’Algérie et le Maroc ne régleront pas leur différend, confie un diplomate français. Ce blocage, qui dure depuis plus de trois décennies, empoisonne la région. Et indirectement, Al-Qaeda en profite.»
Le noyau dur d’Aqmi est formé de 250 à 300 combattants répartis en katibas (brigades) qui sillonnent un territoire saharien grand comme cinq fois la France, et se jouent des frontières entre l’est de la Mauritanie, le sud du Maroc et de l’Algérie, le nord du Mali et du Niger, voire une partie du Burkina Faso.
Les effectifs sont en forte augmentation depuis un an. Ils sont formés pour moitié de jeunes Mauritaniens, mais l’encadrement et les chefs sont quasiment tous algériens, issus de l’ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), à l’instar de Abdelmalek Droukdel (alias Abou Moussab Abdelwadoud), chef actuel d’Aqmi, et des deux principaux chefs de katiba, opposés par une sourde rivalité : Mokhtar Belmokhtar et Abdelhamid Abou Zeïd, le plus radical et le plus dans la ligne qaediste. Belmokhtar, qui détiendrait deux otages espagnols enlevés au début de l’année en Mauritanie, a été surnommé «Mister Marlboro» en raison de sa propension à se livrer à toutes sortes de trafics. Abou Zeïd, dont les hommes ont détenu Pierre Camatte, sait aussi négocier ses otages, mais en vue d’obtenir des libérations de «camarades». Il n’est pas impossible que, dans l’affaire Germaneau, Aqmi ait voulu redorer sa crédibilité auprès des militants après la libération récente d’un otage italien, semble-t-il contre une très grosse rançon.
Dîme. «Ce sont des hommes très résistants, qui se sont parfaitement acclimatés à un terrain et un climat extrêmement rudes, raconte un bon connaisseur de cette mouvance. Ils se déplacent en permanence, sont capables de se fondre dans le paysage.» Et quand ils sont localisés sur des images satellite, il faut plusieurs jours pour les atteindre. «On a cru que les Algériens auraient du mal à s’acclimater au désert. Non seulement ils se sont très bien adaptés, mais ils ont su rapidement tirer parti des alliances locales.» Notamment avec les tribus touaregs, qui restent les véritables maîtres du Sahara. «Les Touaregs ne sont pas spécialement gagnés par les idées salafistes. Mais ils vivent en bonne intelligence avec Aqmi, qui a compris qu’il fallait les ménager. Leurs intérêts se rejoignent : ils ne veulent pas que le désert soit borné par des frontières.» La Mauritanie est d’ailleurs en train d’installer 45 points de passages frontaliers par lesquels devront transiter tous ceux qui entrent sur son territoire par l’Est. C’est un de ces postes qu’Aqmi s’apprêtait à attaquer, entraînant le raid préventif mauritanien de la semaine dernière, auquel s’est jointe la France dans l’espoir de retrouver Michel Germaneau. «Les gars d’Aqmi ne s’en prennent jamais aux tribus touarges, ils leur achètent du bétail au prix fort, financent le forage de puits. Et ils les payent pour repérer les étrangers isolés. Ils vivent à côté d’eux et, parfois, ont même tissé des liens familiaux.» L’argent d’Aqmi provient des rançons d’enlèvements, mais aussi de la dîme prélevée sur les trafics transsahariens (drogue, cigarettes, clandestins). «C’est une logique de gangs et de territoires. Le plus fort prend son pourcentage. Aqmi ne touche pas à la drogue, mais profite largement du trafic.»
Le 26 février, l’armée mauritanienne a ainsi arraisonné un convoi escorté par des hommes équipés de mitrailleuses lourdes. Les camions, en provenance du Sahara-Occidental, fonçaient à travers le nord de la Mauritanie avec 9,5 tonnes de résine de cannabis d’excellente qualité. La filière transite via le nord du Mali et le Niger, avant de partir vers le Nord-Sinaï ou de traverser le Tchad et le Soudan pour atteindre les rives de la mer Rouge, dernière étape avant le Golfe. A l’arrivée, le kilo de cannabis se vend 4 000 dollars (3 000 euros). Ce trafic, qui représente un peu plus du tiers de la production marocaine, se monte à 300 tonnes par an. Aqmi en profite largement. Pour lutter contre le terrorisme, il faut donc aussi assécher les routes de la drogue. La coke latino traverse également le continent depuis le golfe de Guinée vers la Méditerranée, bien que le plus gros passe par les côtes. Mais s’attaquer à ce fléau implique de bousculer des intérêts bien plus vastes que les quelques dizaines de combattants d’Aqmi, sans compter les responsabilités au plus haut sommet d’Etats et d’appareils policiers souvent faibles et corrompus.
Dans la longue série de maillons faibles qui jalonnent la lutte contre Al-Qaeda au Sahel, le Mali est ce qu’un spécialiste appelle «le ventre mou». «C’est dans le nord du Mali qu’Aqmi a élu domicile. C’est le pays le plus central.» Et celui dont l’armée est la moins combative, où les tribus touaregs sont les plus puissantes et turbulentes, tout comme au Niger, grâce à la bienveillance de Kadhafi, très actif dans la région. «Vu du Mali, le combat contre Al-Qaeda est une guerre de Blancs. Ils n’y voient pas leur intérêt», explique crûment un diplomate. «Les Maliens de la rue ne se sont absolument pas sentis concernés par le sort de Michel Germaneau, renchérit un entrepreneur français de Bamako. Et l’Etat est tellement faible que ce sont les étrangers qui vont finir par prendre en charge la lutte antiterroriste avec un gros risque de retour de bâton dans la population, qu’on va persuader que c’est une guerre contre l’islam.» Pour cette raison, Washington et Paris agissent le plus discrètement possible. De plus, le Mali est la seule démocratie fonctionnelle de la région : pas question de le déstabiliser au nom de la seule lutte antiterroriste. C’est ce que Paris a compris en s’engageant à contribuer au financement de pôles de développement dans les zones de «non-Etat» du Nord malien, notamment la région d’Abeibara. «Le problème, c’est que l’aide publique au développement s’évapore avant de parvenir sur place», s’inquiète un diplomate.
«Somalisation». Les experts ne sont guère plus optimistes sur le nord du Mali, où des années d’insurrection touareg (dans les années 60 puis 80, et encore en 2006) et de répression ont laissé des rancœurs tenaces… et beaucoup d’armes. Dans les pires des scénarios, certains vont jusqu’à évoquer la crainte d’une «somalisation», avec guerre civile entre bandes armées dans le Nord et attentats à Bamako. Le président malien, Amadou Toumani Touré, dit ATT, reste donc très réticent à la manière forte. «Il sait que son armée n’a pas les moyens de combattre Aqmi, assure un expert. Et il reste persuadé qu’il y a toujours moyen de contenir la menace par le compromis. C’est une erreur.» Le 10 juin 2009, un agent de la sécurité d’Etat malienne, un peu trop actif au goût d’Aqmi, était assassiné par les jihadistes, chez lui, à Tombouctou. Dans la traque qui a suivi, l’armée a perdu 30 soldats dans une embuscade. «Depuis, explique un diplomate, ATT réclame des campagnes coordonnées, impliquant tous les pays de la région.» En attendant, ATT s’investit, allant, dans le cas Camatte, jusqu’à parler avec les ravisseurs, via des élus et des chefs tribaux.
Inaction. Après la libération de Pierre Camatte, en échange de celle de quatre prisonniers d’Aqmi au Mali (dont deux Algériens et un Mauritanien), ce qui a mécontenté Alger et Nouakchott, tous les pays concernés se sont réunis à Alger - sauf le Maroc, bien sûr - pour mettre sur pied une stratégie commune et un poste de commandement régional. Le hic, dans cette guerre de l’ombre, c’est que chacun rejette sur l’autre la responsabilité de l’échec ou de l’inaction. L’Algérie et la Mauritanie, objectifs affichés des jihadistes d’Aqmi qui y ont commis plusieurs attentats sanglants, ne se privent pas de critiquer le Mali pour sa propension à composer. Le Mali, lui, reproche à l’Algérie de ne pas donner suite à ses demandes d’entraide et de traiter directement avec les tribus touaregs. Bamako n’apprécie pas, non plus, que la Mauritanie agisse unilatéralement sur son territoire. Quant au Niger voisin, qui a subi une attaque kamikaze contre une caserne à Tiloua en mars (6 morts), il estime être l’otage des mauvaises relations entre la France, qui forme son armée, et l’Algérie, qui se montre hostile à toute présence française sur son flanc sud.
La véritable clé de la lutte contre Aqmi se trouve en fait en Algérie, le pays le plus puissant de la région mais aussi le plus opaque. C’est d’Algérie que sont originaires les cadres d’Aqmi. Même s’il arrive qu’Aqmi porte des coups sévères aux forces algériennes, comme lors de l’attaque d’un convoi de gendarmes (11 morts), le 30 juin à Tinzaoutine, dans l’extrême sud, la menace jihadiste y est en nette régression. Et il n’est pas exclu qu’Alger soit content de se débarrasser du problème vers ses voisins méridionaux. Surtout, l’Algérie n’aime pas partager ses informations avec les pays concernés, soit parce qu’ils frayent avec la France (qui forme les armées mauritanienne, malienne et nigérienne), soit parce qu’ils sont trop proches de l’ennemi juré marocain, comme c’est le cas de Nouakchott et, de plus en plus, de Bamako. «Au final, rien n’avancera tant que l’Algérie et le Maroc ne régleront pas leur différend, confie un diplomate français. Ce blocage, qui dure depuis plus de trois décennies, empoisonne la région. Et indirectement, Al-Qaeda en profite.»
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