17/02/2008

La Françafrique n’est pas morte et elle a même de beaux jours devant elle

Qui en doutait ?
Courrier International du 24 janvier 2008 nous fait le plaisir de reproduire un article récent du Journal Burkinabé "Le PAYS" que nous avons l'honneur de connaitre plus particulièrement.


BURKINA FASOL’impossible rupture avec le passé
La Françafrique n’est pas morte et elle a même de beaux jours devant elle. Car Sarkozy n’a aucun intérêt à la voir disparaître.
Jean-Marie Bockel, le secrétaire d’Etat chargé de la Coopération et de la Francophonie, a récemment déclaré que la Françafrique n’était pas morte. C’est là une déclaration d’importance pour les Africains. On laissera de côté le fait que, une fois encore, un des ministres de l’ouverture venus de la mouvance socialiste a des états d’âme. Bockel exprime un malaise et une déception : en intégrant le gouvernement de Sarkozy, il a cru en l’idée de rupture dont le candidat de l’UMP a fait son fond de commerce. Aujourd’hui, il est obligé de constater que, dans le domaine de la politique africaine, la rupture ne va pas de soi.
La Françafrique est un réseau complexe, dans lequel public et privé s’entremêlent aussi inextricablement que les inévitables scandales. Copinages autour d’intérêts ­politiques et économiques, la Françafrique est ce qu’il y a de plus inacceptable dans les relations que la France entretient avec ses anciennes colonies africaines. Pour pro­téger des intérêts économiques colossaux, les pouvoirs français ont mis en place des réseaux qui fonctionnent aux coups tordus, aux affaires de basse police. On n’a pas hésité à soutenir, par les moyens les plus contestables, des régimes qui n’étaient pas des exemples de démocratie, mais dont la chute n’était pas pensable : ils garantissaient la pérennité des liens de vassalité diplomatique et d’exploitation économique entre la France et son pré carré. Sarkozy est trop ami avec les milieux patronaux français pour délier les chaînes de la Françafrique – ce qui explique en partie notre sous-développement. Son frère Guillaume n’a-t-il pas été présenté, pendant un certain temps, comme un possible dirigeant du patronat ? N’est-il pas l’ami de Bolloré, qui a d’énormes intérêts dans les pays du pré carré ?
D’ailleurs, comment pouvons-nous attendre de la France et de ses dirigeants qu’ils songent à modifier des rapports qui sont en leur faveur et dont ils profitent ? Personne n’a accordé beaucoup de crédit aux propos cavaliers de Sarkozy affirmant que l’Afrique ne présentait pas beaucoup d’avantages pour la France sur le plan économique. Même s’il multiplie les gros contrats avec la Chine, l’Arabie Saoudite ou les pays du Maghreb, même si les marchés des pays émergents sont extrêmement attractifs, il n’y a pas de doute que la France ne peut pas se désintéresser des richesses du sous-sol africain.
Le Pays

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