3 juin 2012
Arusha (Tanzanie) Envoyée spéciale
Les grandes ONG anglo-saxonnes de conservation de la nature ont depuis longtemps misé sur le dialogue plutôt que sur la confrontation pour faire avancer leurs idées. Avec un indéniable succès. Dix pays viennent d'annoncer que la protection de l'environnement serait désormais au coeur de leur stratégie de développement. Ils sont africains.
" Nous partageons d'abord un constat : l'exploitation des ressources naturelles a échoué à apporter une croissance durable, du progrès social et la préservation de l'environnement. Pire, elle a souvent conduit à une dégradation de notre situation. Nous souhaitons que la nature et les services qu'elle assure soient dûment évalués et intégrés dans nos politiques nationales. Nous nous engageons chaque année à rendre compte de nos actions ", a déclaré le président du Botswana, Ian Khama, le 24 mai. Il parlait aussi au nom des neuf autres Etats signataires : Afrique du Sud, Gabon, Ghana, Kenya, Liberia, Mozambique, Namibie, Rwanda et Tanzanie.
A Gaborone, la capitale du Botswana, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, le Programme des Nations unies pour l'environnement, ainsi que la Norvège - l'un des bailleurs de fonds les plus engagés dans le financement de la cause écologique - étaient présents pour saluer cet engagement. Si le sommet des Nations unies, Rio +20, qui se tiendra dans moins de trois semaines, s'achevait par une telle déclaration, ce serait un franc succès. Pour l'heure inespéré.
Sur la scène à Gaborone, il y avait un autre acteur : Conservation International (CI), une puissance ONG américaine qui, en coulisses, a largement oeuvré pour faire aboutir cette initiative. " C'est vraiment un grand accord, un grand pas en avant ", s'est félicité son président, Peter Seligmann. L'un des secrets de l'influence de CI tient à l'étendue de ses réseaux : conseillère des princes et des multinationales, elle est aussi proche des bailleurs. Et dotée d'une solide équipe de scientifiques et d'experts toujours prêts à suppléer les déficiences des gouvernements.
Son conseil d'administration est le reflet de ce jeu d'influence. Ian Khama en est membre et Pavan Sukhdev, l'économiste indien auteur du rapport de référence sur la valeur des écosystèmes, vient d'y faire son entrée.
Car CI, comme le Fonds mondial pour la nature (WWF) ou la Wildlife Conservation Society (WCS), a compris tout le parti qu'il y avait à tirer de cette réflexion montante sur la valorisation du " capital naturel ". Si la nature et ses services ont un prix, la conservation pourrait alors trouver des fonds qui font aujourd'hui cruellement défaut. CI s'est dite prête à aider les Etats signataires de la déclaration de Gaborone à élaborer leur comptabilité écologique. L'initiative sera présentée à Rio + 20, en espérant attirer de nouveaux convertis.
L. C.
© Le Monde
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