Article paru dans l'édition du 19.08.11
Selon l'Institut national d'études démographiques, la planète pourra supporter l'accroissement de sa population
Le sept milliardième habitant de la planète devrait naître fin octobre, sans doute aux alentours du 28. Sur le site de l'Institut national d'études démographiques (INED), le compteur, qui devait atteindre 6 984 380 humains, jeudi 18 août, tourne en permanence : l'humanité s'enrichit de deux à trois nouvelles têtes en moyenne chaque seconde. Bien sûr, ce décompte est virtuel, et la date exacte du rendez-vous des 7 milliards aléatoire. Au-delà de ce seuil, qui représente un accroissement de l'humanité d'un milliard d'individus en douze ans, le huitième milliard devrait être atteint en 2025, et la planète compter de 9 à 10 milliards d'humains en 2050, selon l'Ined.
Cela implique une décélération de la croissance démographique, explique Gilles Pison, directeur de recherches et auteur de la synthèse intitulée Tous les pays du monde, 2011, publiée jeudi par l'INED, ainsi que de l'Atlas de la population mondiale (éditions Autrement, 2009). Il n'y a pas lieu, selon lui, de s'alarmer de la cohabitation d'une dizaine de milliards d'humains sur un espace dont les ressources énergétiques et alimentaires sont limitées.
« L'humanité est passée de 1 à 7 milliards en deux siècles et le nombre de personnes qui meurent de faim n'a jamais été aussi faible, constate Gilles Pison. Cette croissance d'un tiers est donc à la portée de l'humanité. Il ne faut pas se tromper de combat : ceux qui pensent qu'il faut réduire la population se font des illusions. Celle-ci va continuer à croître, et il est faux de penser que l'on peut jouer sur le taux de croissance démographique. »
Les défis sont donc autres. Pour lutter contre le réchauffement climatique ou la pénurie alimentaire, il faut, selon le démographe, changer les comportements en matière de production et de consommation. Et de citer l'exemple de l'Inde : ce pays, dont la population devrait dépasser celle de la Chine dans les années 2020, pour s'établir à l'horizon 2050 à 1,692 milliard (pour 1,313 milliard de Chinois), a pu faire face à la croissance de sa population.
« Les Indiens étaient 350 millions en 1950, ils sont 1,24 milliard aujourd'hui, explique Gilles Pison. L'Inde d'il y a cinquante ans était touchée par les famines et les problèmes de malnutrition, ce qui n'a pas empêché sa population de croître et d'être aujourd'hui trois à quatre fois plus nombreuse qu'il y a un demi-siècle. Cela ne signifie pas que tous les Indiens mangent à leur faim ou correctement, mais, le défi a été relevé, et l'Inde exporte aujourd'hui de la nourriture. »
Le défi de la croissance démographique, alors que s'éloigne le spectre de la « bombe P » - du nom de l'ouvrage The Population Bomb, écrit par Paul R. Ehrlich en 1968, qui annonçait une famine massive dans les années 1970 et 1980 -, se joue principalement en Afrique. En Afrique subsaharienne plus précisément. Alors qu'un habitant de la planète sur sept est africain aujourd'hui, ce rapport devrait passer à un sur quatre en 2050. « Comme dans tous les pays, la limitation des naissances a aussi commencé en Afrique, dit M. Pison. Mais l'Afrique subsaharienne garde un taux de fécondité très élevé, avec une moyenne de cinq enfants par femme, même s'il baisse dans les grandes agglomérations et dans les milieux aisés. »
En Asie et en Amérique latine, dans les années 1960, les démographes ont été surpris par la rapidité de la diminution des taux de fécondité. Alors qu'ils pensaient que l'idéal de la famille nombreuse résisterait davantage, pour des raisons essentiellement économiques, avec l'apport financier des enfants qui travaillent. « Pour l'Afrique subsaharienne, la question reste posée. Il est possible que le taux de fécondité diminue plus lentement que dans nos projections », estime Gilles Pison.
Le Nigeria devrait devenir d'ici à 2050 le troisième pays le plus peuplé au monde, avec 433 millions d'habitants - il figure au septième rang en 2011 -, derrière l'Inde et la Chine et devant les Etats-Unis, actuellement troisièmes. Le nombre de naissances y est de 6,7 millions par an, soit plus que les 27 pays de l'Union européenne (5,4 millions).
A l'échelle mondiale, la fiabilité des projections des Nations unies et de l'Ined repose sur la réalisation de l'objectif de « transition démographique ». « Il s'agit d'atteindre le nombre de deux enfants par femme, ce qui signifie qu'ils remplaceront leurs deux parents, explique M. Pison. On est aujourd'hui à 2,5 enfants par famille dans le monde, on n'en est donc pas très loin. »
Le chiffre de 9,587 milliards d'humains en 2050 est pour l'Ined relativement fiable. La majorité des humains qui vivront en 2050 sont déjà nés. Et concernant le nombre de naissances des trente-neuf prochaines années, les marges d'incertitude sont relativement restreintes au niveau des taux de fécondité et de mortalité.
Selon Gilles Pison, les catastrophes sanitaires ou naturelles ne seraient pas susceptibles de changer la donne. « La pire épidémie, celle du sida, a touché particulièrement l'Afrique, mais n'a pas empêché le fort accroissement de sa population, avance-t-il. Autre exemple : le tsunami de 2004 a fait quelque 230 000 morts. Cela a été un désastre, mais limité à l'échelle d'un pays comme l'Indonésie, qui compte 238 millions d'habitants, et infime à l'échelle de la planète. »
Rémi Barroux
Cela implique une décélération de la croissance démographique, explique Gilles Pison, directeur de recherches et auteur de la synthèse intitulée Tous les pays du monde, 2011, publiée jeudi par l'INED, ainsi que de l'Atlas de la population mondiale (éditions Autrement, 2009). Il n'y a pas lieu, selon lui, de s'alarmer de la cohabitation d'une dizaine de milliards d'humains sur un espace dont les ressources énergétiques et alimentaires sont limitées.
« L'humanité est passée de 1 à 7 milliards en deux siècles et le nombre de personnes qui meurent de faim n'a jamais été aussi faible, constate Gilles Pison. Cette croissance d'un tiers est donc à la portée de l'humanité. Il ne faut pas se tromper de combat : ceux qui pensent qu'il faut réduire la population se font des illusions. Celle-ci va continuer à croître, et il est faux de penser que l'on peut jouer sur le taux de croissance démographique. »
Les défis sont donc autres. Pour lutter contre le réchauffement climatique ou la pénurie alimentaire, il faut, selon le démographe, changer les comportements en matière de production et de consommation. Et de citer l'exemple de l'Inde : ce pays, dont la population devrait dépasser celle de la Chine dans les années 2020, pour s'établir à l'horizon 2050 à 1,692 milliard (pour 1,313 milliard de Chinois), a pu faire face à la croissance de sa population.
« Les Indiens étaient 350 millions en 1950, ils sont 1,24 milliard aujourd'hui, explique Gilles Pison. L'Inde d'il y a cinquante ans était touchée par les famines et les problèmes de malnutrition, ce qui n'a pas empêché sa population de croître et d'être aujourd'hui trois à quatre fois plus nombreuse qu'il y a un demi-siècle. Cela ne signifie pas que tous les Indiens mangent à leur faim ou correctement, mais, le défi a été relevé, et l'Inde exporte aujourd'hui de la nourriture. »
Le défi de la croissance démographique, alors que s'éloigne le spectre de la « bombe P » - du nom de l'ouvrage The Population Bomb, écrit par Paul R. Ehrlich en 1968, qui annonçait une famine massive dans les années 1970 et 1980 -, se joue principalement en Afrique. En Afrique subsaharienne plus précisément. Alors qu'un habitant de la planète sur sept est africain aujourd'hui, ce rapport devrait passer à un sur quatre en 2050. « Comme dans tous les pays, la limitation des naissances a aussi commencé en Afrique, dit M. Pison. Mais l'Afrique subsaharienne garde un taux de fécondité très élevé, avec une moyenne de cinq enfants par femme, même s'il baisse dans les grandes agglomérations et dans les milieux aisés. »
En Asie et en Amérique latine, dans les années 1960, les démographes ont été surpris par la rapidité de la diminution des taux de fécondité. Alors qu'ils pensaient que l'idéal de la famille nombreuse résisterait davantage, pour des raisons essentiellement économiques, avec l'apport financier des enfants qui travaillent. « Pour l'Afrique subsaharienne, la question reste posée. Il est possible que le taux de fécondité diminue plus lentement que dans nos projections », estime Gilles Pison.
Le Nigeria devrait devenir d'ici à 2050 le troisième pays le plus peuplé au monde, avec 433 millions d'habitants - il figure au septième rang en 2011 -, derrière l'Inde et la Chine et devant les Etats-Unis, actuellement troisièmes. Le nombre de naissances y est de 6,7 millions par an, soit plus que les 27 pays de l'Union européenne (5,4 millions).
A l'échelle mondiale, la fiabilité des projections des Nations unies et de l'Ined repose sur la réalisation de l'objectif de « transition démographique ». « Il s'agit d'atteindre le nombre de deux enfants par femme, ce qui signifie qu'ils remplaceront leurs deux parents, explique M. Pison. On est aujourd'hui à 2,5 enfants par famille dans le monde, on n'en est donc pas très loin. »
Le chiffre de 9,587 milliards d'humains en 2050 est pour l'Ined relativement fiable. La majorité des humains qui vivront en 2050 sont déjà nés. Et concernant le nombre de naissances des trente-neuf prochaines années, les marges d'incertitude sont relativement restreintes au niveau des taux de fécondité et de mortalité.
Selon Gilles Pison, les catastrophes sanitaires ou naturelles ne seraient pas susceptibles de changer la donne. « La pire épidémie, celle du sida, a touché particulièrement l'Afrique, mais n'a pas empêché le fort accroissement de sa population, avance-t-il. Autre exemple : le tsunami de 2004 a fait quelque 230 000 morts. Cela a été un désastre, mais limité à l'échelle d'un pays comme l'Indonésie, qui compte 238 millions d'habitants, et infime à l'échelle de la planète. »
Rémi Barroux
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