12/10/2011

Paris renoue avec le pays dogon

 
13 octobre 2011

TOURISME


La falaise de Bandiagara, site classé au patrimoine mondial de l'Unesco, en pays dogon.
YANN DOELAN/HEMIS. FR
Mopti (Mali) Envoyé spécial
A partir du 18 décembre, un vol hebdomadaire de Point Afrique reliera Paris à Mopti, au Mali




L'avion de Maurice va revenir. " Dans les villages aux toits de chaume du pays dogon, au coeur du Mali, désertés par les randonneurs européens depuis presque un an, la dernière annonce de Maurice Freund, le bouillant patron de la compagnie aérienne Point Afrique, suscite des espoirs. A partir du 18 décembre, un vol hebdomadaire reliera Paris au petit aéroport de Mopti, situé à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest du pays dogon, qui concentre traditionnellement 80 % du tourisme au Mali.
Depuis le début de l'année, au pied de la falaise de Bandiagara, " c'est la crise, les guides sont au chômage, les commerçants n'arrivent plus à vendre leurs colliers, les jeunes quittent les villages, privant l'agriculture des bras valides. Un peu comme si une usine était partie ", raconte Moïse Témé, guide dogon et fondateur de l'agence L'Harmattan solidaire, à Mopti.
La liaison aérienne avait été interrompue fin janvier après l'enlèvement au Niger voisin, par l'organisation Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), de deux jeunes Français, retrouvés morts quelques jours plus tard. Le ministère des affaires étrangères avait alors classé le sud du Mali - où se trouve le pays dogon - en " zone déconseillée aux voyageurs, sauf motif impérieux ", le nord désertique demeurant " formellement déconseillé ". En outre, une loi de juillet 2010 tient pour responsables les agences de voyages qui emmèneraient des touristes dans une région considérée comme dangereuse, si l'Etat doit y organiser des actions de rapatriement.
Consignes de sécurité
La réouverture d'une ligne aérienne suffira-t-elle à convaincre les amateurs de randonnées ? Pour les rassurer, M. Freund, qui admet " une perte de 4,2 millions d'euros depuis dix-huit mois ", compte " former des guides à la sécurité et les équiper de balises de géolocalisation, qui pourraient en outre servir en cas d'accident ". La formation, qui n'a pas encore commencé, pourrait se tenir cet automne.
A Mopti, M. Témé apprécie l'annonce de Point Afrique, même si, selon lui, " il n'y a aucun risque d'enlèvement au pays dogon ", une région éloignée du Sahara et habitée par des peuples très différents. " Ici, le terrain est accidenté et tout le monde se connaît. On sait parfaitement où vont et d'où viennent les marcheurs ", raconte le guide.
M. Freund espère amener le Quai d'Orsay à se montrer plus souple, par exemple en tolérant des randonnées pédestres " encadrées par un tour-opérateur agréé par l'Etat, comme cela s'est fait dans le sud de l'Algérie dans les années 2000 ", précise-t-il. Mais, impassible, le ministère maintient les consignes de sécurité, arguant laconiquement que " le tourisme ne fait pas partie des motifs impérieux de voyage ".
Le patron de Point Afrique ne se décourage pas. Il a annoncé début octobre l'ouverture d'une ligne entre Paris et Kayes, une ville de l'ouest du pays dont sont originaires la plupart des Maliens vivant en France. Il vise à la fois les touristes intéressés par le massif du Fouta Djalon, en Guinée voisine, et la clientèle franco-malienne, espérant des rentrées salutaires, qui lui permettront de maintenir la ligne vers Mopti.
Olivier Razemon
© Le Monde

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