09/09/2009

Bruxelles lance à son tour des alternatives au PIB

Planete

Alors que la commission Stiglitz rend son rapport le 14 septembre en France, l'Union européenne lance une réflexion sur la « mesure de la prospérité et le bien–être des nations ». Avec pour objectif de créer en 2010 des indicateurs environnementaux et sociétaux qui viendront compléter le PIB, sans pour autant le remettre en cause.

Loin de faire table rase du PIB, la Commission européenne réfléchit néanmoins depuis 2007 à la création d’outils permettant de rendre compte de la situation environnementale et sociétale des Etats membres. Parallèlement à la seule mesure de la performance économique et de la croissance, des indicateurs environnementaux, sociaux et humains doivent appuyer les décisions politiques, explique en substance la commission. « Le PIB ne mesure […] pas la durabilité environnementale ou l'intégration sociale, et ces limites doivent être prises en considération lorsqu'il est utilisé dans des analyses et débats politiques », peut-on lire dans sa communication du 20 août 2009. De plus en plus critiqué, le PIB ne mesure ni l’ensemble des richesses à considérer ( telles que la biodiversité ou les ressources naturelles par exemple ), ni leur répartition. En avril 2008, Nicolas Sarkozy avait ainsi saisi l’occasion de ce débat pour créer, en France, la Commission Stiglitz, chargée de revoir les indicateurs de performance économique. « Les Français n’en peuvent plus de l’écart grandissant entre des statistiques qui affichent un progrès continu et les difficultés croissantes qu’ils éprouvent dans leur vie quotidienne », avait-il alors souligné. (voir article lié). Le rapport sera remis le 14 septembre au cours d’une journée de débats qui réunit experts, économistes et décideurs politiques.

Quel rôle dans les décisions politiques?

Le débat et les critiques sur le PIB ne datent pas d’aujourd’hui. Une initiative internationale, intitulée "Mesurer le progrès des sociétés" est née lors du premier Forum mondial "Statistiques, connaissances et politiques" qui s’est déroulé 2004 à Palerme (Italie) en novembre. Réunissant les Nations Unies, l’UE, l’OCDE et la Conférence islamique, ce projet a acté en 2007 la création de nouveaux indicateurs en collaboration avec la société civile. La 3ème édition du forum se tiendra à Busan, en Corée, du 27 au 30 octobre 2009. 1500 participants -décideurs politiques, leader d’opinion, lauréats du prix Nobel, des statisticiens, etc- des académiciens, évoqueront la « notion de progrès et les nouveaux paradigmes pour le mesurer ».
L’UE, qui doit fixer les objectifs de la Stratégie de Lisbonne sur la croissance et l’emploi pour l’après 2010, a prévu d’adopter dans un premier temps un « indice de pression environnementale », qui devrait être prêt en 2010. Il mesurera les efforts entrepris par les Etats membres dans 5 domaines -changement climatique et utilisation énergétique ; nature et biodiversité ; pollution de l’air et impacts sur la santé ; utilisation et pollution de l’eau ; production de déchets et utilisation des ressources- .
D’autres indicateurs devraient parallèlement mesurer la mise en œuvre de la stratégie de développement durable de l’UE depuis 2001 (qui concerne les transports, les bâtiment, la consommation entre autres) ainsi que la situation sociale des Etats ( accès aux biens et services de base, éducation, loisirs, mobilité, santé publique etc), la qualité de vie et le bien-être des individus. Autant de critères qui figureraient à côté du PIB pour mesurer l’ensemble des richesses des Etats, mais dont la prise en compte dans les décisions politiques reste in fine incertaine.

Véronique Smée

Mis en ligne le : 09/09/2009
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