03/08/2009

Situation alimentaire d'un village au MALI - Témoignages

Les Amis d’un Coin de l’Inde et du Monde
Association loi 1901. Reconnue d’utilité publique

Bamako-MALI

OBSERVATIONS

La mission de contrôle de la situation alimentaire à Sanamba : une première pour connaitre dans le village de Sanamba comment les familles s’en sortent , avec tout ce qu’elles ont comme difficultés à se nourrir, surtout en cette période de début d’hivernage, où les greniers sont tous sans exception vides au village, et aussi la fin des travaux de maraichage.
Pour avoir leur point de vue, j’ai approché six chefs de familles dont deux sont membres du comité de jumelage de LACIM.
1 - Bougou :
Il a 88 ans, deux femmes, et cinq enfants ; pour les travaux champêtres, il travaille avec un fils et ses deux femmes ; les récoltes de l’année dernière lui ont permis de couvrir ses besoins céréaliers sur six mois, et le reste des besoins, avec l’appui de ses enfants et connaissances à Bamako et ailleurs.
Depuis trois mois son grenier est vide ; personnellement Bougou n’a plus de force pour travailler maintenant, mais ses deux femmes font du maraichage, comme tous les autres habitants de Sanamba, ce qui leur permet de joindre a peu près les deux bouts . Sinon cette année au village, ça va plus que les années précédentes où les récoltes ne pouvaient pas tenir plus de deux à trois mois.
2 - N’Tomblén 65 ans:
Dans mon foyer nous sommes 22 personnes, nous avons à peu près 4 hectares de terre cultivable ; les récoltes passées nous ont permis de nous nourrir sur 7 mois ; nous avons commencé à acheter le mil au marché il y a plus d’un mois.
A la date d’aujourd’hui nous avons acheté au marché 400kg de mil ; nos récoltes sont uniquement réservées pour la nourriture ; quant à l’habillement et aux médicaments ils sont gérés de façon individuelle, avec les revenus du maraichage dans la famille de chacun.
En réalité au village nous vivons au jour le jour, car les terres sont très pauvres et les champs ne sont pas amendés, ce qui fait que la production n’est pas grande ; avec l’arrivée du compostage nous allons voir cette année pour les premières expériences.

3 - Soungalo 55 ans :
Nous sommes 15 personnes dans le foyer, pour une exploitation de 3 hectares de terre cultivable; les récoltes de l’année dernière nous ont permis de nous nourrir sur une période de 6 mois ½. Les greniers sont vides et depuis plus de trois mois nous achetons du mil au marché.
Nous avons acheté plus de 400kg mil déjà ; les récoltes ne nous permettent pas de tenir l’année ; la plus grande partie de l’année ce sont les produits du maraichage, pour la consommation , et la vente pour subvenir aux petits besoins de famille comme habillement, santé ; aussi , souvent la vente de volailles pour les urgences.
Maintenant les activités du maraichage sont au ralenti , les greniers sont vides. Avec les premières pluies, c'est le début des maladies de la volaille, dont on perd une bonne partie.
Nous ne connaissons pas le mot manger à sa faim ; actuellement les enfants vont en brousse pour le ramassage de Karité avec leurs mamans ; c’est avec les fruits de karité mûr que plus de 60% des enfants du village déjeunent maintenant ; à midi on mange ensemble ce qu’on a , et le soir aussi c’est encore du karité et les fruits de liane sauvage.

4 - N’Tio 55 ans :
J’ai 15 bouches à nourrir, nous avons 3 hectares de terre cultivable, sur lesquelles nous cultivons deux en mil, et un en maïs ; nos récoltes passées ont tenu 8 mois ; actuellement le grenier est vide et il y a de cela deux mois ; à la date d’aujourd’hui nous avons eu à acheter 250kg de mil, différent des petites quantités achetées.
Nous travaillons beaucoup dans le maraichage, avec un peu plus de ½ hectare ; ce travail nous soutient beaucoup, pour les condiments, et les petits nécessaires de la maison ; en plus du maraichage, N’Tio est le menuisier du village et aussi des villages environnants, pour la confection des portes fenêtres, escabeaux etc..., ce qui lui permet d’avoir un peu de revenu supplémentaire.
Actuellement nous travaillons au champ, car le maraichage est terminé ; avec les pluies les semis sont presque arrivés à terme, et en cette période c’est la volaille et le petit bétail qui souffre, nous sommes obligés de les vendre pour pouvoir subvenir à nos besoins ; mais comparativement à l’année précédente, nous pouvons dire que ça va.

5 – Soungalo 45 ANS :
Dans la famille nous sommes au nombre de 24 personnes, pour un champ de 3 hectares ; sur ces trois hectares nous cultivons de l’arachide, du mil, et du maïs ; les récoltes précédentes nous ont soutenu sur une durée de 5 mois ; il y a de cela quatre mois que nous achetons du mil pour la consommation ; à la date d’aujourd’hui nous sommes à près d’une tonne (10 sacs de 100 kg).
Les récoltes au champ nous permettent uniquement de donner à manger à la famille ; quant aux autres petits besoins, habillement, santé , ils sont directement liés au maraichage; en plus du maraichage, nous exploitons du bois de chauffe pour la vente de bois et du charbon de bois.

6 - Bassy 34 ans :
Je parle à la place de mon père qui est au champ ; dans la famille nous sommes au nombre de 24, pour un champ de 5 hectares ; nous cultivons l’ensemble en mil et maïs ; nos récoltes précédentes nous ont permis de nous nourrir sur une période de 8 mois ; les greniers sont totalement vides et depuis près de 2 mois, nous achetons le mil au marché ; à la date d’aujourd’hui nous sommes à 350 kg de mil acheté.
Comme activité de soutien aux familles, il y a le maraichage, la coupe du bois (pour faire du charbon de bois, et du bois), et la vente de volaille.


En conclusion , nous avons discuté sur le choix de l’emplacement du périmètre maraicher du village fait par l’ONG-VIDE ; pour les hommes ils ont été approchés par le représentant de VIDE pour ensemble faire le tour du village pour faire le choix du site ; l’endroit actuel a presque été imposé par une jeune dame européenne à qui le représentant de VIDE ne pouvait pas dire non et alors que le village leur a fait savoir que l’endroit était un ancien site de maraichage abandonné, pour inondation en saison des pluies, et manque d’eau dans les puits en période de maraichage.
Ensemble leur souhait est qu’on leur aide pour la maitrise et le développement du maraichage, qui pour eux est le plus grand soutien des foyers.
Aussi un cri qu’il lance pour leur aider à la réparation des anciennes classes, dont le vent a déjà emporté les tôles d’une salle de classe.

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