23/09/2008

Eradiquer la malnutrition

24 septembre 2008

Il est urgent de concrétiser les promesses faites après les émeutes du printemps



A lors que s'ouvre la session plénière de l'ONU dédiée à l'examen de l'avancée des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), il est désormais clair que la situation socio-économique d'une partie croissante de la population mondiale empire. Les chiffres de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) l'attestent : " Le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté au cours de la seule année 2007 de 75 millions, atteignant le chiffre de 925 millions. "

Il faut rappeler que 19 millions d'enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère dans le monde aujourd'hui. Combien seront-ils demain si nous n'agissons pas très vite ? L'espoir de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim est-il encore réaliste ?

Les " émeutes de la faim ", en avril, ont mobilisé un temps les décideurs. Des promesses ont été faites, les engagements se sont multipliés. En pratique, nous avons assisté à de nombreux mécanismes de redéploiement ou à des réorientations budgétaires, mais les efforts financiers nouveaux pour faire face à ce fléau ont été peu nombreux.

En mai, Action contre la faim a lancé un appel à la création d'un fonds mondial de lutte contre la faim. Dans le même temps, s'inspirant en partie des grands principes de ce fonds, un groupe interministériel français, sur cette question de la crise alimentaire, a permis de faire émerger un projet de partenariat mondial pour l'alimentation et l'agriculture qui comporte trois piliers.

Le premier est la création d'une coordination internationale permettant d'assurer une meilleure cohérence des politiques mondiales et des actions locales pour la sécurité alimentaire. Le second propose la création d'un groupe international d'experts sur la sécurité alimentaire. Le troisième est un fonds ou une " facilité " permettant de lever des fonds additionnels. Ce partenariat mondial comprend de nombreuses innovations prometteuses, mais nous y voyons aussi un certain nombre de réserves ou de points de vigilance.

Tout d'abord, la part accordée à l'enjeu vital de lutte contre la malnutrition nous paraît bien faible. Les initiatives en faveur du développement des agricultures locales sont essentielles, mais n'oublions pas l'urgence qui tue un enfant toutes les cinq secondes ! Des millions d'autres enfants portent à vie les séquelles d'un apport nutritionnel insuffisant durant les premiers mois de leur vie.

La solution doit être immédiate et requiert des moyens importants. Ne l'oublions pas sous couvert des nécessaires réformes des politiques agricoles. Les autres points de vigilance concernent l'architecture du Partenariat mondial. Il est crucial que la société civile et les ONG soient représentées avec un poids suffisant au sein de la coordination du Partenariat. Les modalités de cette représentation seront donc un véritable enjeu.

250 MILLIONS D'EUROS

Le deuxième pilier prévoit la mise en place d'un groupe d'experts qui aurait notamment un rôle de sentinelles comme a pu le faire le GIEC sur les enjeux environnementaux. Pour que cette fonction s'exerce pleinement, il est fondamental que cet organe soit le plus autonome possible et délié des agences existantes.

Enfin, l'hébergement de la Facilité à l'intérieur du Fonds international pour le développement de l'agriculture ne nous semble pas pertinent. Cette solution peut permettre d'initier la démarche, mais il nous semble qu'une entité distincte faciliterait l'apport de fonds nouveaux, notamment en provenance de fondations privées.

Il reste que la création de cette Facilité (ou de ce Fonds) est une bonne mesure. Mais, pour qu'elle voie le jour, ce sont les ressources financières qui manquent ! Le rôle de la France est déterminant. Les experts estiment qu'il faut rassembler une somme de 250 millions d'euros pour que cet outil puisse fonctionner. Il nous paraît essentiel que le gouvernement français s'engage sur les 50 premiers millions, de nature à faire boule de neige.

Le président Nicolas Sarkozy a tenu un discours volontariste à Rome en juin puis au G8 au Japon pour promouvoir ce Partenariat mondial. Il faut que les décisions budgétaires soient à la mesure de l'esprit de solidarité annoncé !

François Danel

, directeur général d'Action contre la faim ;

Yvonnick Huet,

directeur général d'Agrisud International ;

Philippe Levêque,

directeur de Care France.

© Le Monde

Pour une sécurité alimentaire mondiale

24 septembre 2008
Les initiatives prises pour lutter contre la faim dans le monde ne doivent pas déboucher sur de nouveaux déséquilibres Nord-Sud





Lors de la séance inaugurale de la Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire à Rome le 3 juin, j'indiquais que " la solution structurelle au problème de la sécurité alimentaire dans le monde, c'est l'accroissement de la productivité et de la production dans les pays à revenu bas et à déficit vivrier. Cela suppose des solutions novatrices et imaginatives. Il faudra développer des accords de partenariat entre, d'une part, les pays qui ont des ressources financières et, d'autre part, ceux qui ont des terres, de l'eau et des ressources humaines. Ainsi seulement sera-t-il possible d'assurer des relations internationales équilibrées pour un développement agricole durable ".

S'il faut reconnaître, avec satisfaction, que de nombreuses initiatives ont été prises récemment dans ce sens en Amérique latine, en Afrique, en Asie et en Europe de l'Est, les modalités de leur mise en oeuvre dans certains cas sont un motif certain de préoccupation et exigent l'adoption rapide de correctifs appropriés. En effet, certaines négociations ont abouti à des relations internationales déséquilibrées pour une agriculture mercantile de court terme.

L'objectif devrait être la création de sociétés mixtes dans lesquelles chaque partie apporterait une contribution en fonction de son avantage comparatif. L'une assurerait le financement, la capacité de gestion et la garantie d'un marché pour les productions. L'autre fournirait les terres, l'eau et la main-d'oeuvre. Les complémentarités dans l'expertise technique, économique, comptable, fiscale et juridique ainsi que la connaissance de l'environnement écologique, social et culturel constitueraient le socle solide d'un partage des risques et des bénéfices dans une coopération de longue durée.

Ce que l'on constate cependant, c'est une propension à l'appropriation par l'une des parties de ce qui aurait dû être l'apport de l'autre partenaire. Achat de terres et baux de longue durée semblent avoir la préférence des investisseurs étrangers. Même dans certains pays où la terre est un bien comme un autre, objet d'échange et de spéculation ou refuge contre l'érosion monétaire, les revendications et protestations des travailleurs agricoles et des populations indigènes ne sont pas rares.

Dans d'autres, l'appropriation et la distribution des terres sont des sources de conflits latents. Si on ajoute la valeur émotionnelle, voire mystique, de ce qui est un des fondements de la souveraineté nationale, on imagine aisément les risques d'explosion sociale lorsqu'elle tombe entre des mains étrangères.

Or ce problème est réel à l'échelle planétaire si l'on prend en compte l'importance des fonds spéculatifs et l'augmentation du coût des terres dans un monde qui, d'ici à 2050, devrait doubler sa production pour faire face notamment à l'accroissement de la population mondiale et à la demande des pays émergents. L'exploitation des ressources naturelles dans le seul souci de la rentabilité financière n'est pas propice au type de production qui préserve le stock minéral et organique des terres ou empêche les brûlis et la déforestation. Elle ne permet pas non plus l'utilisation judicieuse des engrais et des pesticides pour éviter les pollutions.

PACTE NÉOCOLONIAL

Elle n'encourage ni la coexistence entre " labourage et pâturage " ni la rotation culturale propice à la lutte biologique et aux restitutions des éléments nutritifs exportés par les plantes. Elle risque d'entraîner l'émergence d'un pacte néocolonial pour la fourniture de matières premières sans valeur ajoutée dans les pays producteurs et des conditions de travail inacceptables pour les ouvriers agricoles.

Il convient donc d'éviter un mauvais usage d'une bonne idée. Ces investissements étrangers directs dans l'agriculture devraient permettre de générer des emplois, des revenus et des aliments, tout en favorisant l'amitié entre les peuples. C'est pourquoi la FAO a engagé une réflexion sur les conditions de succès de partenariats internationaux dans la production alimentaire. Quelles garanties pour les deux parties, quels facteurs incitatifs ? Quel cadre juridique ? Quelles conditions de production, de commercialisation et de transformation des produits ? Quel contrat social pour les travailleurs ? Quels bénéfices économiques pour les Etats, les petits agriculteurs et le secteur privé ?

Il s'agira de répondre à ces questions, après une réflexion interdisciplinaire interne et des consultations d'experts dans les centres d'excellence sur ces questions, en vue d'organiser une discussion intergouvernementale dans le forum neutre qu'est la FAO. L'adoption, par consensus, d'un cadre référentiel international permettrait ainsi d'éviter les problèmes qui se profilent à l'horizon de la sécurité alimentaire mondiale et de tirer profit, avec le sens de la mesure, des opportunités de la demande agricole croissante. " Gouverner c'est prévoir ", tant au plan national qu'international.

Jacques Diouf

Directeur général de l'Organisation

des Nations unies pour l'alimentation

et l'agriculture (FAO)

© Le Monde

Et si les eaux montaient de 2 mètres...

24 septembre 2008




De 1 à 2 mètres et des lignes de côte complètement redessinées ? Ou juste quelques centimètres sans importance ? La question de la montée du niveau moyen des mers à l'horizon 2100 est une des plus discutées par les chercheurs. Début 2007, dans son rapport, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) plaçait entre 18 et 59 cm l'élévation la plus probable d'ici à la fin du siècle. Des travaux, dirigés par Tad Pfeffer (université du Colorado) et publiés début septembre dans la revue Science, concluent aujourd'hui que cette montée des eaux devrait être très supérieure : entre 80 cm et 2 m.

Pourquoi un tel décalage ? " Le dernier rapport du GIEC a été publié en 2007, ce qui veut dire que la science en a été figée en 2006, explique le climatologue Edouard Bard (Collège de France). Ce qui a été découvert depuis sur la lubrification de la base de la calotte glaciaire du Groenland - qui favorise le glissement et l'effondrement des glaciers dans la mer - et l'accélération de sa fonte n'a donc pas été pris en compte. Aujourd'hui, une majorité de spécialistes estime qu'une augmentation de 1 mètre en 2100 est le scénario le plus probable. "

S. Fo.

© Le Monde

Le " néocolonialisme agraire " gagne du terrain dans le monde

24 septembre 2008

CONSÉQUENCE directe de la crise alimentaire mondiale et de la volatilité des cours, les projets d'achat ou de location de terres agricoles à grande échelle, parfois sur des centaines de milliers d'hectares, se multiplient. Ils émanent notamment de pays du Golfe, gros importateurs de denrées, qui cherchent ainsi à garantir leurs approvisionnements auprès de pays en développement à la densité moindre, et à l'étendue et la richesse en eau supérieures. Les terres convoitées se situent en Ukraine, au Kazakhstan, au Pakistan, en Ouganda, en Ethiopie ou encore au Soudan.

" La quête de terres n'est pas un phénomène nouveau, mais on assiste à une accélération considérable ", constate Paul Mathieu, expert en gestion des terres à l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO, Nations unies). Si les industriels de l'agroalimentaire restent de traditionnels investisseurs, ils ont été rejoints ces dernières années par les producteurs de biocarburants, souvent Européens, qui s'intéressent de près aux terres africaines. Puis, avec l'envolée des prix des matières premières, des fonds d'investissement à la recherche d'opérations fructueuses ont jeté leur dévolu sur un secteur jusque-là peu rentable. Enfin, des fonds souverains entendent désormais jouer un rôle en matière de sécurité alimentaire.

La demande est telle que la FAO commence à tirer la sonnette d'alarme : Jacques Diouf, son directeur général, dit ainsi redouter " l'émergence d'un pacte néocolonial pour la fourniture de matières premières, sans valeur ajoutée pour les pays producteurs ". Ses équipes réfléchissent aux outils de politique foncière à conseiller aux Etats concernés.

L'idée n'est pas de renoncer à une telle manne mais d'éviter les expropriations de petits producteurs et la spéculation. Sans oublier la déforestation, impact direct de la ruée sur le secteur. " L'augmentation du prix des terres agricoles accroît l'écart de profitabilité avec les valeurs forestières ", s'alarme ainsi Alain Karsenty, chercheur au Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad), qui redoute une hausse du phénomène en Amazonie ou dans le bassin du fleuve Congo.

UN RISQUE OU UNE MANNE

Certains pays tentent de définir des règles. Si l'Etat avait laissé faire, " c'est l'ensemble des terres sénégalaises qui serait entre les mains des Américains ou des Européens ", raconte Abdourahim Agne, ministre sénégalais de l'aménagement du territoire. Il estime que les propriétaires, Etat ou paysans, doivent le demeurer, tout en approvisionnant les usines d'acteurs étrangers.

" Si un investissement risque de détruire l'agriculture locale, il faut le refuser, mais s'il apporte de nouvelles technologies dont les producteurs bénéficient, sa venue peut être positive ", explique pour sa part David King, le secrétaire général de la Fédération internationale des producteurs agricoles. " Les fonds souverains disposent de milliards, pourquoi ne les investiraient-ils pas dans l'agriculture ? " Car si certains pays en développement disposent de terres en abondance, ils manquent de silos, de routes, de chemins de fer. Ils sont donc eux-mêmes demandeurs de cette manne pour moderniser leur agriculture, comme le Kazakhstan, qui propose aux étrangers la concession de terres pour dix ans.

Le risque existe que ces intérêts soudains ne soient pas durables. Dans les pays de l'Est par exemple, " l'augmentation des prix agricoles a été un réveil, et la région est prometteuse. Mais il faut rester prudent sur l'impact d'un tel phénomène à long terme ", estime Gilles Mettetal, le directeur " agribusiness " de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). C'est pourquoi la BERD, qui accompagne les investissements dans cette région, veille à privilégier les investisseurs issus du métier.

Laetitia Clavreul
© Le Monde

20/09/2008

Les ONG prennent part au débat sur la politique agricole

21 septembre 2008





PAYSANS européens et ONG devaient débattre, samedi 20 et dimanche 21 septembre, dans une ambiance festive, de l'avenir de la Politique agricole commune (PAC), à Annecy. Ils ont décidé d'arriver avant les ministres de l'agriculture des Vingt-Sept, qui s'y retrouvent lundi 22 et mardi 23, dans le cadre d'un conseil informel.

La France veut profiter de sa présidence de l'UE pour lancer le débat sur " l'après-2013 ", date d'arrivée à échéance de la PAC actuelle, dans l'idée, lancée par Nicolas Sarkozy, qu'une " refondation " est nécessaire. Paris voudrait voir émerger des objectifs politiques communs, avant que la discussion ne se focalise sur le budget en 2010.

A Annecy, les Amis de la terre, le réseau PAC 2013, le Comité catholique contre la faim (CCFD) ou encore la Coordination européenne Via Campesina, qui attendent jusqu'à 10 000 personnes de toute l'UE, comptent défendre une " autre PAC ", celle d'une agriculture paysanne et durable. A la suite d'une manifestation, dimanche, ces associations remettront au ministre français Michel Barnier une pétition intitulée " L'agriculture est malade : soignons la PAC ". Leur discours est simple : la souveraineté alimentaire doit être assurée partout sur toute la planète. Autrement dit, il ne faut pas brader l'agriculture européenne, mais pas pour autant détruire celle des pays en développement.

RÉGULATION

Les ONG veulent en outre faire prendre conscience que la PAC ne concerne pas que les ministres et les agriculteurs. Pourtant, les citoyens s'y intéressent peu, tant les discussions sont engluées dans des considérations techniques sur les droits à paiement unique, les premier et deuxième piliers (les aides directes d'une part, le développement rural et l'environnement d'autre part) et autres quotas laitiers. Des points en discussion dans le cadre du " bilan de santé de la PAC ", qui doit être voté d'ici à décembre.

Le discours des associations présentes à Annecy est plus proche de la vision agricole française, qui a retrouvé un certain écho avec la crise alimentaire mondiale, que de celle des pays du Nord. La France défend les exploitations familiales et soutient que l'agriculture n'est pas une marchandise comme une autre, donc qu'une régulation est utile. Comme les ONG, elle met en avant le rôle de la PAC pour l'emploi, l'environnement, l'aménagement du territoire, mais certaines associations considèrent toutefois que, sur ce point, elle n'en fait pas assez.

Sur un aspect de taille, cependant, les ONG présentes à Annecy se sentent plus proches des Britanniques. " Il y a une contradiction dans le discours de Michel Barnier quand il prône la vocation exportatrice de l'Europe ", estime Ambroise Mazal du CCFD, faisant référence aux dégâts qu'ont causés en Afrique les exportations des produits européens subventionnés. Il reconnaît toutefois qu'entre les ONG des pays du Nord et celles du Sud de l'Europe une fracture existe, comme entre Etats-membres.

Mais le débat ne se réglera pas à Annecy. Pour la commissaire à l'agriculture, Mariann Fischer Boel, il est trop tôt pour esquisser les contours de la future PAC, et la discussion ne peut, selon les eurocrates, être disjointe des négociations sur le budget. " Nous savons qu'après la France ni les Tchèques ni les Suédois ne poursuivront ce débat ", explique Samuel Feret, du réseau PAC 2013. " Alors, nous considérons que notre rôle est de continuer à l'animer. "

Laetitia Clavreul et Philippe Ricard (à Bruxelles)

© Le Monde

ÉNERGIE GAZODUC TRANSSAHARIEN


20 septembre 2008

Russie et Europe se disputent les réserves de gaz nigérianes






DANS la course au contrôle des gazoducs, la Russie a toujours un temps d'avance sur l'Union européenne (UE). C'était évident en Europe, où Gazprom pilote les projets Northstream (Russie-Allemagne) et Southstream (Russie-Autriche, Italie) avec l'appui de grands groupes industriels européens (E.ON, Eni, BASF...). Cela se confirme en Afrique, où le géant gazier proche du Kremlin vient de se rapprocher du Nigeria pour développer des projets communs, notamment participer au financement du gazoduc Trans-Saharan. Long de 4 300 km, il relierait le golfe de Guinée à la Méditerranée en traversant le Nigeria, le Niger et l'Algérie et pourrait entrer en service en 2016.

Début septembre, Gazprom et la compagnie pétrolière nationale du Nigéria (NNPC) ont signé un protocole d'accord pour réaliser, dans le cadre d'une co-entreprise russo-nigériane, des projets communs : exploration-production de pétrole et de gaz, transport d'hydrocarbures, utilisation du gaz associé à la production de brut pour faire tourner des centrales électriques...

Hasard de calendrier ? Une semaine après, une délégation européenne conduite par les commissaires au développement et à l'énergie, Louis Michel et Andris Piebalgs, se rendait à Abuja pour " approfondir " les relations Europe-Nigeria, notamment dans le secteur de l'énergie. L'UE est prête à aider le pays à développer ses abondantes ressources gazières et relancer un secteur énergétique qui va à vau-l'eau. Les Vingt-Sept pourraient, selon M. Piebalgs, fournir leur expertise, favoriser la coopération entre les trois pays de transit du gazoduc et apporter " beaucoup d'investissements réels ". Il indiquait que la Banque européenne d'investissement (BEI) pourrait cofinancer le projet.

Le Nigeria possède 3 % des réserves mondiales de gaz (5 300 milliards de m3), ce qui le situe au septième rang mondial. " Le gazoduc transsaharien dort dans les tiroirs depuis quinze ans, souligne Philippe Copinschi, enseignant à Sciences-Po et spécialiste de l'énergie. Son gaz est largement sous-exploité, même si les usines de gaz naturel liquéfié se sont développées depuis dix ans. " Le gaz associé à la production de pétrole est même brûlé, et ce " torchage " a des retombées dramatiques sur la santé des riverains et le climat.

La visite des commissaires européens est intervenue un mois après la guerre russo-géorgienne, qui a fait peser un gros risque sur l'acheminement du pétrole de la mer Caspienne vers l'Europe, réveillant la crainte d'une pénurie de pétrole et de gaz chez les Européens. Le rôle du Nigeria dans l'approvisionnement gazier du Vieux Continent en est sorti renforcé. D'autant que le volume de gaz importé en Europe doublera d'ici 2020 et que l'importation par pipeline augmentera de 50 %, le reste se faisant par méthaniers, prévoit le cabinet AT Kearney.

Le financement du TransSaharan (environ 15 milliards d'euros) reste à trouver. Au coût s'ajoutent les risques politiques. L'instabilité est devenue chronique du Nigeria : depuis le début de 2006, attaques d'installations et enlèvements de salariés du secteur pétrolier ont fait perdre au pays près du quart de sa production de brut, le faisant rétrograder à la deuxième place des producteurs d'Afrique derrière l'Angola. Le Mouvement d'émancipation du delta du Niger (MEND) vient de déclarer la " guerre du pétrole " et de lancer une série d'attaques contre les oléoducs, les stations de pompage et les plates-formes de Shell.

Le Nigeria n'est plus la chasse gardée des pays occidentaux qu'il était depuis que Shell avait pompé son premier baril d'or noir en 1958. Même si les majors occidentales (ExxonMobil, Chevron, Shell, Total, Eni...) y restent largement dominantes, elles devront faire de la place à leurs concurrentes russes, chinoises ou indiennes.

Jean-Michel Bezat

© Le Monde

Abeilles plus rares, fruits et légumes plus chers


20 septembre 2008




Les premiers effets du déclin inexpliqué de la population des abeilles se font sentir aux Etats-Unis, où les producteurs de fruits et légumes doivent payer de plus en plus cher la location de ruches nécessaires à la pollinisation de leurs cultures. Selon un spécialiste du syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, Dennis van Engelsdorp, certains producteurs de concombres de Caroline du Nord ont vu leur production baisser de 50 %. Le phénomène menace de prendre de l'ampleur, et aucune région du monde n'est à l'abri. Des chercheurs ont évalué à 153 milliards d'euros l'apport des insectes pollinisateurs aux cultures destinées à l'alimentation humaine dans le monde.


Lire la suite en cliquant ici.

Valeur ajoutée des abeilles estimée à : cliquez ici.

14/09/2008

Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008

La lutte contre le changement climatique : un impératif de solidarité humaine dans un monde divisé.

Le rapport est paru en français et téléchargeable à l'adresse url suivante :

http://hdr.undp.org/en/reports/global/hdr2007-2008/chapters/french/

13/09/2008

Stratégie pour un futur souhaitable

Après le livre de Muhammad YUNUS, "Vers un nouveau capitalisme", je vous recommande vivement de lire le livre de Philippe LUKACS, "Stratégie pour un futur souhaitable".
Cliquer sur la photo pour l'agrandir.

Je vous ai scanné le sommaire et l'introduction pour vous mettre l'eau à la bouche.
Cliquer ici pour le télécharger.

12/09/2008

Grameen Danone

Fort de son expérience avec la Grameen Bank et le micro-crédit, le professeur Yunus livre sa vision d’un capitalisme dédié à la lutte contre la pauvreté ; un capitalisme visant la rentabilité et le profit, mais toujours à des fins sociales (plus d’infos ici et ).

Utopie ? Non, bien sûr. La petite usine de Bogra dont nous évoquons ici (http://www.danonecommunities.com), jour après jour la vie quotidienne, atteste que le « social business » est un concept bien vivant, parfaitement concret.

Grameen Danone, la co-entreprise créée pour l’occasion - appelée à développer d’autres unités de production - s’inspire elle-même du social business. Elle tire sa force de la rencontre entre Muhammad Yunus, inventeur du micro-crédit et Franck Riboud, PDG du groupe Danone ; ce sont là deux histoires différentes, deux univers que d’aucuns auraient pu qualifier d’étrangers, voire d’opposés l’un à l’autre, mais qui en réalité sont ancrés dans une conviction commune : l’entreprise doit viser, autant qu’elle le peut, le progrès social.

Voici, extraites du livre du professeur Yunus, ces paroles qui vous donneront peut-être envie d’acheter cet ouvrage essentiel : « La pauvreté existe parce que notre conception du monde repose sur des hypothèses qui sous-estiment les capacités humaines. Nous avons élaborés des conceptions trop restreintes : notre conception de l’entreprise (qui fait de la recherche du profit la seule motivation humaine), notre conception de la solvabilité (qui prive automatiquement les pauvres de l’accès au crédit), notre conception de l’entreprenariat (qui ignore la créativité de la majorité des gens) et notre conception de l’emploi (qui fait des êtres humains des réceptacles passifs au lieu de voir en eux des créateurs actifs). »

Muhammad YUNUS, Prix Nobel de la PAIX : Vers un Nouveau Capitalisme

A lire absolument par tous ceux qui s'intéressent au sort des pauvres et s'impliquent dans des actions de développement dans les pays du sud.


La puissance du capitalisme peut-elle contribuer à l’éradication de la pauvreté et à la réduction des inégalités ? Pour beaucoup, cela paraît impossible. Pas pour Muhammad Yunus. Le prix Nobel de la Paix 2006 propose dans ce livre une nouvelle forme d’activité économique, complémentaire au modèle classique, permettant de produire des avantages sociaux en ayant recours au libre marché. Tout comme le microcrédit, qui concerne aujourd’hui plus de cent millions de familles dans le monde, ce que le professeur Yunus appelle le social-business pourrait profondément renouveler le capitalisme. Qu’est-ce qu’un social-business ? Une entreprise qui gagne de l’argent mais qui n’est pas tendue exclusivement vers la maximisation du profit. Une entreprise qui consacre ses bénéfices à la diminution des coûts, à la production d’avantages sociaux. Une entreprise qui ne rémunère pas ses actionnaires.

Utopie ? Les premiers social-business créés par le groupe Grameen témoignent du contraire. La nouvelle révolution à laquelle nous invite le professeur Yunus ouvre la voie à un capitalisme plus juste et plus humain.

Voir le sommaire ci-dessous :

Urgence pour l'eau

Article du Monde du 3 septembre 2008

La gestion des ressources en eau de la planète doit être complètement repensée. C'est le principal message du Congrès mondial de l'eau, actuellement réuni à Montpellier. Longtemps, l'idée a prévalu que cette ressource indispensable à la vie, bien que très inégalement répartie, était surabondante et qu'il suffisait de savoir la recueillir, la stocker et la transporter pour satisfaire les besoins des hommes. Tout était donc affaire d'infrastructures.

Cette analyse reste en partie fondée. Si un milliard de personnes dans le monde n'ont pas accès à une eau saine et si deux milliards et demi ne bénéficient pas de réseaux d'assainissement, c'est parce que les investissements nécessaires à leur approvisionnement sont colossaux et de rentabilité incertaine.

Désormais, cependant, c'est la disponibilité même de la ressource hydrique qui n'est plus tenue pour acquise, que ce soit en volume ou en qualité. A Montpellier, Michel Jarraud, le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, a souligné que " le passé ne peut plus être un indicateur fiable de l'avenir " et que " l'humanité doit s'adapter à la variabilité et à l'évolution du climat ". De fait, le réchauffement climatique, la plus grande variabilité des régimes de pluie et la multiplication des événements météorologiques extrêmes vont entraîner une diminution des quantités d'eau disponibles, alors même que les besoins de l'humanité augmentent, du simple fait de la croissance démographique. Dans le même temps, les pollutions multiples compromettent l'accès à une eau de bonne qualité.

Or, il faut approvisionner les populations en eau potable en quantité bien plus importante - ne serait-ce que pour les nourrir et leur fournir de l'énergie. Les solutions techniques à la baisse des ressources - comme les transferts d'eau entre régions ou le dessalement de l'eau de mer - seront parfois utiles, mais chères et gourmandes en énergie. Les régions menacées par le manque d'eau sont souvent les plus pauvres. Le meilleur levier d'action réside dans la maîtrise des consommations, via la refonte des politiques agricoles et le règlement des conflits interétatiques portant sur les ressources en eau. La mise en garde des scientifiques est claire : il y a urgence.

© Le Monde

01/09/2008

L'Afrique se mobilise face aux risques environnementaux

Dans le Monde daté du 2 septembre 2008 un intéressant article sur l'Afrique et les risques envuronnementaux.
Lire la suite en cliquant ici.